Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
échouait. Les rescapés étaient vendus comme esclaves au marché de Paraitonion. On disait que les Nasamons avaient traversé, deux siècles plus tôt, la grande mer de sable dont personne ne connaissait l'étendue et qu'ils étaient arrivés à un lac immense, peuplé de crocodiles et d'hippopotames, bordé d'une multitude d'arbres qui portaient des fruits en toutes saisons. On disait aussi que s'y trouvait la caverne de Protée, le dieu multiforme qui vivait en compagnie des phoques et savait prédire l'avenir.
Alexandre laissa une partie de l'arrnée à Paraitonion sous les ordres de Parménion, à qui il confia également la garde de Barsine. Il alla dire au revoir à sa maîtresse le soir qui précéda son départ et lui offrit un présent: un collier en or et en émaux qui avait appartenu à une reine du Nil.
" Il n'existe pas de joyaux dignes de parer ta beauté dit-il en agrafant ce magnifique collier autour de son cou. Ii n~existe pas de splendeur capable de rivaliser avec la lumière de tes yeux, il n'y a pas d'émail qui égale la magnificence de ton sourire. Je donnerais n'importe quelle richesse pour pouvoir
I~sseoir en face de toi et te voir sourire. La joie que j'éprou rais alors surpasserait celle que je ressens en baisant tes lèvres~ en caressant ton ventre et tes seins.
Le sourire est un don qu'Ahura-Mazda m'a retiré depuis longtemps~
Alexandre, répliqua ~arsine. Mais à l'heure o˘ tu t apprêtes à affronter un long voyage, ponctué de dangers, Je ~ns que je ne trouverai pas la paix tant que durera ton ~bsence, et je sens que je sourirai quand je te reverrai. " Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres et ajouta: "
Reviens-moi, .~lexandre. "
La marche se poursuivit avec un contingent réduit et ~exandre, suivi de ses compagnons, s'aventura dans le désert
®~n direction du sanctuaire de Zeus Ammon, après avoir hissé de l'eau et des provisions suffisantes sur le dos d'une centaine e chameaux.
Tout le monde avait déconseillé au roi d'entreprendre un tel yage en plein été, saison pendant laquelle la chaleur du iésert était insupportable. Mais Alexandre était désormais ersuadé de pouvoir affronter et franchir n'importe quel obs ~cle, de pouvoir survivre à n'importe quelle blessure, de pou ~ir défier n'importe quel danger, et il voulait que ses hommes n soient également convaincus. Cependant, au bout des deux premières étapes, l'ardeur du soleil devint insupportable; bommes et animaux consommaient tant d'eau qu'on en vint à hourrir de sérieuses inquiétudes quant aux chances de parve nir indemne à destination.
~ De plus, le troisième jour, une tempête de sable se déclen cha qui mit à rude épreuve la résistance des soldats et des ani maux. Après plusieurs heures d'un tourment aussi intolérable, la brume se dissipa, découvrant l'étendue infinie et ondoyante de cette immensité: la piste avait disparu, ainsi que la plupart des bornes qui la délimitaient. Les hommes s'enfonçaient dans des sables de plus en plus chauds, au point de se br˚ler les pieds et les jambes, insuffisamment protégées. Ils durent se les bander jusqu'au genou en utilisant l'étoffe de leurs tuniqueS et de leurs manteaux, afin de poursuivre cette marche exténuante.
Le quatrième jour, nombre d'entre eux commencèrent à se décourager~ et seul l'exemple du roi qui marchait en tête, à
ALEXANDRE L~GRAND
pied, comme le plus humble des solda;ts, qui se désaltérait tou jours le dernier et se contentait le soir de quelques dattes en s'enquérant du sort de toute la troupe, insufflait en chacun l'énergie et la détermination nécessaires pour avancer.
Le cinquième jour, les provisions d eau étaient presque ter minées, et l'horizon aussi vide que les jours précédents: pas un signe de vie, pas un brin d'herbe, pas l'ombre d'un être vivant.
" Et pourtant, nous ne sommes absolument pas seuls affirma le guide, un Grec de Cyrène aussi sombre qu'un tison, qui descendait sans doute d'une Libyenne ou d'une Ethiopienne. Si nous devions succomber, l'horizon s'anime rait aussitôt comme par enchantement, des hommes surgi raient de toutes parts, pareils à des fourmis, nos carcasses seraient dénudées et abandonnées en peu de temps au soleil du désert.
--Une perspective réjouissante ", commenta Séleucos qui se traînait non loin de là, coiffé d'un chapeau macédonien à larges bords.
C'est alors qu'Héphestion attira l'attention de ses compa gnons: "
Regardez !
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