Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
responsabilités. quant à Perdiccas, Ptolémée, Séleucos et les autres, ils seront obligés de prendre acte de la situation. Ce sont tous des hommes raison nables. Et à présent, écoutez-moi attentivement, car la moindre erreur pourrait nous trahir et nous exposer à une terrible fin.
" Il dégaina son épée et se mit à tracer des signes sur le sol en terre battue. " Demain, le roi inaugurera le nouveau thé‚tre, il tient à ce que Stateira assiste à l'interprétation de Thessalos dans Les Suppliantes. Il quittera le palais de Satibarzanès et empruntera cette route en longeant le quartier des marchands d'épices. Une fois à cet endroit, il s'engagera dans la rue qui mène au thé‚tre entre deux rangs de pézétairoÔ de la phalange, qui lui rendront les honneurs et feront barrière à la foule. C'est le moment que nous choisirons pour agir. " Il planta son épée dans le sol et plongea les yeux dans ceux des conjurés.
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Cébalinos était parvenu à se frayer un chemin parmi la foule avec son ami Aghirios, et il se trouvait maintenant au premier rang, attendant avec impatience le passage du roi, qui s'approchait en compagnie de ses amis, non loin des com mandants des unités de combat et du prince Amyntas.
" Je ne vois pas le commandant Philotas, dit-il après avoir cherché en vain le chef suprême de la cavalerie dans la suite d'Alexandre.
--Penses-tu qu'il a averti le roi ? lui demanda Aghirios.
--Il l'a certainement fait, répondit Cébalinos. Il a écouté mon récit avec beaucoup d'attention et m'a dit de me tran quilliser, m'a assuré que tout irait bien.
--quand agiront-ils, à ton avis ?
--Je l'ignore. Il y avait du bruit dans la rue pendant qu'il~
discutaient, et j'ai eu du mal à tout entendre. quoi qu'il en soit, je pense qu'ils attaqueront avant le départ de l'armée pour la Bactriane.
--Regarde, observa Aghirios en montrant la tête du cor tège. Voici qu'arrivent le roi et la princesse Stateira, et voici ses compagnons. Moi non plus, je ne vois pas le commandant Philotas.
--Il était peut-être occupé, aujourd'hui. J'ai entendu dire que Barsaentès, l'autre satrape, rôdait au pied des montagnes avec des bandes armées de guerriers saques et gédrosiens. Il a peut-être été chargé de leur donner la chasse.
--Peut-être... "
Tandis que le roi s'approchait, Cébalinos se sentit soudain envahi par une étrange frénésie et parcouru par un tremble ment inexplicable.
" qu'est-ce que tu as ? lui demanda Aghirios. Tu as une drôle de tête. "
Soudain, le jeune homme se souvint d'un mot qu'il avait entendu sur les lèvres d'un des généraux, un mot qu'il avait d'abord cru privé de sens et qui prenait à présent toute sa signification: Xsayarsa gadir, la " porte de Xerxès ". Elle se dressait dans son dos ! En une fraction de seconde, il vit trois archers surgir au sommet de la tourelle qui surmontait la porte.
Il s'élança aussitôt, for,cant le barrage des pézétairoi et hurlant: " Ils vont tuer le roi ! Ils vont tuer le roi ! Sauvez-le ! "
Les flèches sifflèrent au même instant, mais les boucliers de Ptolémée et de Léonnatos s'étaient dé3à levés comme des rochers de fer, protégeant la poitrine exposée du souverain. Perdiccas hurla avec tout le souffle qu'il possédait vers un groupe d'attaquants: " Capturez ces hommes ! " Et ceux-ci se précipitèrent vers la porte de Xerxès.
Ces mots réveillèrent dans l'esprit d'Alexandre le souvenir d'un cauchemar assoupi: l'image de son père, qui s'écroulait dans un lac de sang, une dague celtique plantée dans son côté. Il entendit Stateira prononcer des mots incompréhensibles pres de lui, puis il y eut un tourbillon de cris, d'ordres secs, de bruits métalliques et un martèlement de sabots, mais ses yeux ne voyaient plus que le sang et le visage blême de Philippe agonisant.
ALEYANDE~E L~ G~ S CONI/INS DU If OND~ 855
La voix de Ptolémée 1 arracha à cette vision. " Ce garçon t'a sauvé la vie. C'est un jeune page courageux et dévoué, il se nomme Cébalinos. "
Alexandre l'examina: 1 adolescent avait les traits fins, des membres presque graciles, ainsi que de grands yeux clairs. Il tremblait encore et baissait le regard pour dissimuler son émotion. Le roi lui demanda: " D o˘
viens-tu, jeune homme ?
--Je viens d'Eunostos, un village de la Lyncestide, sire répondit-il en balbutiant.
--Tu m'as sauvé la vie. Merci. Ta fidélité sera récompensée Mais comment savais-tu qu on allait attenter à
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