Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
s'apprêtait à sortir, l'adolescent rassembla son courage et lui dit: " Comman dant... "
Philotas se retourna: " qu'y a-t-il, mon garçon ?
--Il faut que je te parle, commandant.
--Je n'ai pas le temps, pour l'instant. De quoi s'agit-il ?
--Il s'agit d'une affaire importante. Il s'agit de la vie du rol. "
Philotas s'immobilisa sur le seuil et baissa la tête, comme si la foudre venait de le frapper. Mais il ne se retourna pas.
" qu'entends-tu dire par là ?
--qu'il court un grave danger. quelqu'un veut le tuer et... "
Brusquement, Philotas referma la porte et revint sur ses pas: " Bande de fous, de malheureux ! murmura-t-il entre ses dents. Ils n'ont pas voulu m'écouter... " Le jeune homme
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recula, comme apeuré, mais Philotas lui lança un regard encourageant: "
Comment t'appelles-tu, mon garçon ?
--Je me nomme Cébalinos.
--Bien. Maintenant, assieds-toi et dis-moi ce que tu sais Nous allons tout arranger, tu vas voir. "
Le jour du départ approchant, Alexandre avait demandé à la princesse Stateira de le rejoindre, afin de passer un peu de temps en sa compagnie avant une longue séparation. Il la retrouva le long de la route qui venait de Zadrakarta. Dès qu'elle l'aperçut, elle descendit de sa voiture et courut vers lui comme une jeune fille vers son premier amour. Il mit pied à
terre, lui aussi, et la serra passionnément contre sa poitrine quand elle se jeta à son cou. Il était fasciné par sa fraîcheur et sa naiveté, par sa disponibilité et sa docilité, par le fait qu'elle ne lui reproch‚t rien, même dans ses lettres.
Puis ils s'acheminèrent à pied, en conversant comme de vieux amis, vers la résidence du roi à Alexandrie d'Arie. Stateira observait les chantiers qui se dressaient ici et là. On construisait de toutes parts de nouveaux édifices, qui feraient de la vieille Artacoana une ville grecque, avec les temples des dieux au point le plus élevé, une grande place bordée d'un gymnase pour l'entraînement des jeunes guerriers, ainsi qu'un thé‚tre.
" Une chose m'émeut plus que les autres, disait le roi: l'idée que les vers d'Euripide et de Sophocle résonneront bientôt dans ces lieux, si loin d'Athènes, de Corinthe et de Pella. As-tu déjà assisté à l'une de nos tragédies ?
--Non, répondit Stateira, mais j'en ai entendu parler. On représente une histoire, des acteurs récitent des vers, un choeur danse et chante, n'est-ce pas ? Mon précepteur me disait qu'il avait vu une tragédie dans une des villes yauna de la côte.
-- Oui, c'est plus ou moins ça, répliqua Alexandre, mais c'est ~out autre chose que d'y assister: on revit les émotions et les passions des héros antiques et de leurs femmes comme s'ils étaient réels et vivants. "
Captivée par ces paroles, Stateira lui serra le bras.
" J'aurais aimé attendre que le thé‚tre soit complètement achevé pour repartir, mais le temps presse. L'usurpateur Bessos s'apprête à traverser le Paropamisos pour se joindre aux tribus scythes des grandes plaines. Je dois le rattraper et faire justice. Voilà pourquoi la représentation aura lieu demain, sur une scène en bois précédée de marches en bois. Je partirai le jour suivant.
--Pourraije dormir à tes côtés, cette nuit ? ", lui demanda Stateira, avant de murmurer à son oreille: " C'est dans ce but que j'ai parcouru soixante-dix parasanges dans cette char rette, qu'est-ce que tu crois ? "
Alexandre sourit: " J'espère que je serai à la hauteur d'un tel sacrifice. En attendant, je ferai en sorte que tu sois digne ment hébergée.
"
Tout en parlant, ils étaient arrivés à l'ancien palais du satrape Satibarzanès, qu'Alexandre occupait. Les femmes conduisirent aussitôt la princesse dans ses appartements.
Le roi alla lui rendre visite en fin de journée, de retour du campement o˘ il avait voulu contrôler l'état des préparatifs du départ. Le soleil disparaissait derrière l'horizon, et ses der niers reflets doraient encore les quelques nuages qui planaient lentement dans le ciel. L'orient s'était déjà assombri, et c'est
dans cette direction qu'Alexandre remarqua la lumière d'un feu solitaire.
" qui se trouve là ? demanda-t-il à ses gardes.
-- Sans doute un berger, qui prépare son repas avant d'aller se coucher
", fut la réponse.
Or, tandis qu'ils approchaient, ils aperçurent un manteau blanc que la brise agitait.
" Aristandre ", murmura le roi en se dirigeant vers le bivouac. Les
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