Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
Phocéens se sont approprié le trésor du temple par un coup de main et, gr‚ce à ces richesses, ont engagé des milliers et des milliers de merce naires. La Macédoine est la seule puissance en mesure de peser sur l'issue du conflit...
--Et tu as décidé d'entrer en guerre, conclut Parménion.
--A une condition: si je gagne, je veux la place et la voix des Phocéens au conseil, ainsi que la présidence du conseil du sanctuaire. "
Antipatros et Parménion comprirent que non seulement le roi avait un plan, mais qu'il le réaliserait co˚te que co˚te. Ils n'essayèrent donc pas de l'en dissuader.
Ce fut un conflit long et dur, ponctué de défaites et de vic toires.
Alexandre avait trois ans quand Philippe fut durement vaincu pour la première fois, et forcé de battre en retraite. Ses ennemis prétendirent qu'il avait fui, mais il répondit: " Je ne me suis pas enfui, j'ai reculé
pour prendre mon élan et foncer de nouveau comme un bélier enragé. ~
Tel était Philippe. Un homme doté d'une force d'‚me et d'une détermination incroyables, d'une vitalité indomptable d'un esprit fin et ardent. Mais de tels hommes s'isolent inexo rablement car ils sont amenés à
se détacher de ceux qui les entourent.
Lorsque Alexandre commença à appréhender la situation et à comprendre qui étaient son père et sa mère, il était ‚gé d'en viron six ans. Il parlait sans hésitations, saisissait le sens des discours les plus complexes et les plus difficiles.
S'il venait à savoir que son père se trouvait au palais, il quit tait les appartements de la reine et se rendait à la salle des réunions, o˘
Philippe-tenait conseil avec ses généraux. Marqués par d'interminables combats, ces hommes lui sem blaient vieux. Pourtant, ils avaient à~peine dépassé la tren taine, à l'exception de Parménion, qui était ‚gé de près de
¯inquante ans et avait les cheveux gris. Dès qu'Alexandre le voyait, il se mettait à chanter une comptine qu'Artémisia lui avait apprise: Le vieux soldat qui part en guerre Tombe par tewe, tombe par terre !
Puis il se jetait sur le sol parmi les rires de l'assistance.
La plupart du temps, il observait son père, étudiait ses atti I ~ tudes, sa façon de bouger les mains et de dévisager ses offi A~ ciers, le ton et le timbre de sa voix, la manière dont il dominait
' les hommes les plus forts et les plus puissants du royaume par la seule force de son regard.
Lorsque son père présidait le conseil, il s'approchait de lui tout doucement et tentait de monter sur ses genoux à la faveur de ses conversations ou de ses discours enflammés, croyant ainsi passer inaperçu.
Alors seulement, le roi paraissait noter sa présence. Sans même s'interrompre, sans perdre le fil de son discours, il le serrait vivement sur sa poitrine; mais il remarquait que le comportement de ses généraux changeait, il voyait leurs yeux se poser sur l'enfant et leurs lèvres s'étirer en un sourire léger, quel que f˚t le sujet dont il parlait.
Parménion aussi souriait en pensant à la comptine et à la culbute d'Alexandre.
Puis l'enfant partait comme il était venu. Il gagnait parfois sa chambre en espérant que son père l'y rejoindrait. Ou bien, après une longue attente, il allait s'asseoir à l'un des balcons du palais, fixait l'horizon du regard et restait là, muet et immo bile, fasciné par l'immensité du ciel et de la terre.
Et quand sa mère s'approchait alors d'un pas léger, elle voyait une lueur sombre s'étendre lentement dans son oeil gauche, comme si une nuit mystérieuse tombait dans l'‚me du petit prince.
Les armes le captivaient, et plus d'une fois les servantes le surprirent dans l'armurerie royale, essayant de dégainer l'une des lourdes épées~ du roi qui reposaient dans leurs fourreaux.
Un jour qu'il contemplait une gigantesque panoplie de bronze ayant appartenu à son grand-père Amyntas IlI, il sen tit qu'on l'observait. En se retournant, il découvrit un homme grand et sec, doté d'une petite barbe!de chèvre et d'yeux pro
fonds, illuminés. L'homme lui apprit qu'il se nommait Léonidas et qu'il était son précepteur.
" Pourquoi ? " demanda l'enfant.
A cette première question de son élève, le maître ne sut répondre.
Dès lors, la vie d'Alexandre subit un profond changement. Il fréquenta de moins en moins sa mère et sa s~eur, et de plus en plus son professeur.
Léonidas consacra sa première leçon à l'alphabet; le lendemain, il trouva le petit prince
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