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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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sentait ses lèvres tendres sur le renflement de sa cicatrice, et la chaleur, le parfum de sa peau de pêche.
    Il ferma les yeux et se figea au milieu de la chambre silen cieuse, oubliant un instant le fracas de la bataille, le grince ment des machines de guerre, le galop furieux des chevaux. Il écoutait le souffle de son fils.
    L'année suivante, Olympias accoucha d'une fillette qui reçut le nom de Cléop‚tre. Elle ressemblait à sa mère, et elle était si jolie que les servantes ne cessaient de lui changer de robe, comme si elles jouaient à la poupée.
    Alexandre, qui marchait depuis trois mois, ne fut admis dans la chambre du bébé qu'au bout de plusieurs jours, muni d'un petit cadeau préparé par la nourrice. Il s'approcha pru demment du berceau et observa sa petite sceur d'un air curieux, les yeux écarquillés, la tête penchée sur l'épaule.
    Aussitôt, une servante surgit, craignant que l'enfant ne f˚t pris de jalousie et ne se comport‚t mal à l'égard de la nouvelle arri vée. Mais il saisit la main de sa soeur et la serra entre les siennes comme s'il comprenait qu'un lien étroit les unissait et qu'elle serait longtemps sa seule compagne.
    Cléop‚tre émit un gargouillis et Artémisia s'écria: " Tu vois ? Elle est très contente de te connaître. Pourquoi ne lui donnes-tu pas ton cadeau ? "
    Alexandre fit glisser de sa ceinture un petit cercle de métal garni de clochettes en argent et commença à l'agiter devant la petite, qui tendit aussitôt les mains pour s'en emparer. Olympias les regardait avec émotion.
    " Ne serait-il pas mer veilleux de pouvoir arrêter le temps ? " dit-elle comme si elle pensait à voix haute.
    Après la naissance de ses enfants, Philippe fut longuement occupé par des guerres incessantes et sanglantes. Il s'était assuré les frontières du nord gr‚ce aux victoires de Parménion sur les Illyriens; il pouvait compter, à
    l'ouest, sur le royaume ami de l'…pire, o˘ régnait Arybbas, l'oncle de la reine Olympias; à l'est, il était venu à bout des tribus belliqueuses des Thraces au terme de nombreuses campagnes, étendant ainsi sa domination jusqu'aux rives de l'Istros. Il s'était ensuite emparé de presque toutes les cités que les Grecs avaient ~3~ - dées sur ses côtes: Amphipolis, Méthone, Potidée, et s'était impliqué dans les luttes intestines qui déchiraient la péninsule hellénique.
    Parménion avait tenté de le mettre en garde contre une telle politique.

    Un jour que Philippe avait convoqué le conseil de guerre dans l'armurerie du palais, le général décida de prendre la parole.
    " Tu as construit un royaume puissant et unifié, sire, et tu as rendu les Macédoniens fiers de leur nation; pourquoi veux-tu donc te mêler aux luttes qui ne concernent que les Grecs ?
    --Parménion a raison, intervint Antipatros. Ces luttes sont absurdes.
    Tout le monde se bat contre tout le monde. Les alliés d'hier sont les ennemis d'aujourd'hui, et celui qui est vaincu s'allie au plus odieux de ses ennemis dans le seul but de s'op poser au vainqueur.
    --C'est vrai, admit Philippe. Mais les Grecs possèdent tout ce qui nous fait défaut: l'art, la philosophie, la poésie, le thé‚tre, la médecine, la musique, l'architecture et surtout la science politique, l'art de gouverner.
    --Tu es roi, objecta Parménion, tu n'as besoin d'aucune science. Il te suffit de donner des ordres, et tout le monde t'obéit.
    --Tant que j'en ai la force, souligna Philippe. Tant que per sonne ne me plonge une lame entre les côtes. "
    Parménion s'abstint de répliquer: aucun roi de Macédoine n'était mort dans son lit--il s'en souvenait très bien. Ce fut Antipatros qui brisa un silence désormais oppressant.
    " Si tu souhaites vraiment te jeter dans la gueule du loup, il m'est impossible de t'en dissuader. Mais il n'y a qu'une manière de parvenir au succès. Je te conseillerais donc de la ~uivre.
    --Laquelle?
    --Il y a en Grèce une force placée au-dessus de tous, une i~ ~oix capable, à elle seule, d'imposer le silence...
    --Le sanctuaire d'Apollon à Delphes, dit le roi.
    .--Ou mieux, ses prêtres et le conseil qui les gouverne.
    ALEXANDRE LE GR~JD ~ `LE FILS DU SONGE 29
    -- Je le sais, reconnut Philippe. En contrôlant le sanc tuaire, on contrôle la majeure partie de la politique grecque. Actuellement, le conseil est en difficulté: il a déclaré une guerre sacrée contre les Phocéens, qu'il accuse d'avoir cultivé des terrains appartenant à Apollon; mais les

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