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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alphonse Allais
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guerre fertile en désastres mais riche en avancements.
    … Beaucoup de Français se réjouirent de la venue du tsar dans notre pays et en conçurent pour la France les plus flatteuses espérances.
    Certains esprits grincheux objectèrent : Avant de rendre l’Alsace et la Lorraine aux Français, l’empereur de Russie ferait bien de rendre la Pologne aux Polonais.
    Et ils ajoutèrent : Pourquoi Nicolas II, qui n’hésita pas, au cours de son voyage en Allemagne, à revêtir l’uniforme prussien, n’agit-il point de même chez nous ?
    Pour ce qui est de cette dernière observation, un document que j’ai sous les yeux me permet de la réfuter pleinement et définitivement.
    Quand le voyage de Nicolas II en France fut décidé, le tsar se commanda immédiatement un uniforme de chef de bataillon de mobiles de la Seine-Inférieure, absolument semblable à celui que portait Félix Faure en 1870-71.
    C’est dans cette tenue que le tsar comptait débarquer à Cherbourg.
    Pour des raisons que nous n’avons pas à apprécier ici, le protocole crut devoir s’opposer à cette sympathique manifestation.
    N’insistons pas.
     
    Un autre et important facteur de discorde, c’est l’amour-propre des souverains d’Europe.
    On n’a pas idée de l’ ostination de ces bougres-là !
    Il est bien certain que Guillaume II ne tient à l’Alsace-Lorraine pas plus que son moscovite cousin à la Pologne ; mais un sentiment bête de fierté les retient et leur prohibe à tous deux la moindre conciliance.
    M. Hanotaux, avec qui je sablais cette nuit le joyeux Léon Laurent, me confia un rêve qu’il caresse depuis longtemps et dont la réussite pourrait bien être le premier pas vers le désarmement.
    Voici le projet dans sa simplicité :
    L’empereur d’Allemagne remettrait l’Alsace-Lorraine aux Polonais, pendant que le tsar de toutes les Russies offrirait la Pologne aux Alsaciens-Lorrains.
    Ce serait ensuite à ces messieurs de s’arranger.
    Quant à la question de Gibraltar, laquelle ne manque pas de taquiner fort nos amis les fiers Espagnols, on la résoudrait ainsi :
    La reine d’Angleterre épouserait le jeune roi d’Espagne, et comme cadeau de noces, rendrai aux Espagnols ce rocher de Gibraltar auquel ils ont la faiblesse de tenir, bien qu’il soit d’un rendement agricole pour ainsi dire dérisoire.
     
    POUR UN FAUX-COL
    Ayant glissé son décime dans la fente, mon ami conçut une effroyable colère en constatant que rien ne bougeait à l’appareil et que la tablette de chocolat annoncée ne se présentait pas.
    – Tas de voleurs ! écuma-t-il.
    Et il ajouta :
    – Je viendrai cette nuit avec une cartouche de dynamite et je ferai sauter leur damnée machine.
    – Voilà, fis-je, une bien excessive vengeance pour une malheureuse pièce de deux sous.
    – Ça n’est pas pour les deux sous ! Les deux sous, je m’en fiche ! Mais je ne veux pas qu’on se f… de ma fiole.
    Je connais, en effet, peu de gens aussi susceptibles que cet ami.
    Toujours prêt à s’imaginer que l’humanité entière s’est liguée pour le dépouiller, il ne décolère pas et rumine sans relâche les plus éclatantes et cruelles revanches.
    S’étant aperçu un jour que son épicier lui avait vendu une livre de sucre de 485 grammes, il revint le lendemain et projeta dans les olives et les pruneaux de l’indélicat boutiquier une pleine poignée de strychnine.
    – Ce n’est pas pour les 15 grammes de sucre, s’excusait-il gentiment. Les 15 grammes de sucre, je m’en fiche ! Mais je ne veux pas qu’on se f… de ma fiole !
    En une autre circonstance, les choses allèrent plus loin encore.
    Dans un hôtel de Marseille, où il descendait d’habitude, il constata, en faisant sa malle pour le départ, qu’il lui manquait un faux-col.
    Nul doute ! Un garçon de l’hôtel avait, en son absence, ouvert la malle et dérobé l’objet.
    Mon ami ne fit ni une, ni deux. Au lieu de revenir à Paris, où l’appelaient ses affaires, il s’embarqua sur un bateau en partance pour Trieste.
    Trieste – qui l’ignore ? – est, avec Hambourg, le grand marché européen de bêtes féroces.
    L’homme eut la chance de tomber, tout de suite, sur une véritable occasion : un sale jaguar adulte, dont le mauvais caractère aurait lassé la patience d’un saint et qu’on lui abandonna pour un prix dérisoire.
    Ce jaguar fut introduit dans une forte malle, une de ces fortes malles où la tôle d’acier joue un rôle plus

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