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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alphonse Allais
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rouge de la Légion d’honneur.
    – En voiture, s’il vous plaît, messieurs ! cria l’ingénieur aimable dont j’ai parlé plus haut.
    J’ai oublié de le dire, mais je pense qu’il est temps encore de réparer cette négligence, il faisait excessivement chaud.
    Nous montâmes dans nos wagons.
    Un coup de sifflet déchira l’air, le train s’ébranla.
    Ce train était un de ces trains qui ressemblent à tous les trains.
    Il se composait de plusieurs wagons, lesquels se subdivisaient eux-mêmes en un certain nombre de compartiments.
    Jusqu’ici, donc, rien d’anormal, rien de nouveau.
    J’en étais là de mes réflexions, quand, à ma grande stupeur, j’aperçus tous mes compagnons de route en train de se déchausser.
    De l’air le plus naturel du monde, ces messieurs enlevaient leurs bottines et leurs chaussettes.
    Ils relevaient leur pantalon et leur caleçon jusqu’au genou.
    Après quoi l’un d’eux souleva une plaque de tôle posée sur le parquet et mit à découvert un large bassin rempli d’eau, bassin occupant toute la largeur du compartiment.
    Et tous ces gens de se livrer aux douceurs du bain de pied.
    Ma foi, je fis comme eux.
    On ne saurait se figurer, si on ne l’a pas goûtée soi-même, l’exquise sensation que procure un bain pied en rail-road  : c’est délicieux.
    Je compris alors à quelle expérience j’assistais.
    D’ailleurs, un monsieur décoré me mettait au courant, avec une de ces bonnes grâces comme on n’en rencontre plus que dans les hautes sphères administratives.
    L’installation de bains de pieds dans toutes les voitures de la Compagnie aura plusieurs résultats excellents :
    Pour les voyageurs, aise, hygiène, propreté.
    Pour les Compagnies, énorme économie de combustible.
    Au moment où on la refoule dans lesdits bassins, l’eau est à une température d’environ 15°.
    Le contact, avec les pieds des voyageurs, l’amène assez rapidement (surtout en été) à la température du pied humain, 37°.
    À ce moment, l’eau tiède est refoulée dans la chaudière et remplacée par de la plus fraîche.
    C’est donc vingt-deux degrés de chaleur qui ne coûtent rien à l’administration !
    J’ai égaré le papier sur lequel j’avais pris mes notes, mais je crois me rappeler que la chaleur humaine, ainsi captée et utilisée, représente une économie de 100 grammes de charbon par voyageur et par kilomètre.
    Voilà, je crois, un fait unique dans les fastes des grandes Compagnies : une réforme réunissant dans une commune satisfaction les actionnaires et le public.
    Le voilà, le bon collectivisme, le voilà bien !
     
    TRUC FUNÈBRE ET CANAILLE – EMPLOYÉ PAR CETTE VIEILLE FRIPOUILLE DE PÈRE FURET
    Le père Furet attendait depuis huit jours la visite de la vieille baronne de Malenpis.
    Aussi, ne fut-il nullement étonné de voir une calèche s’arrêter devant sa porte, la baronne en descendre et demander :
    – Monsieur Furet ?
    – C’est moi, madame, c’est moi-même en personne qu’est le père Furet, pour vous servir, s’il y a moyen.
    – Vous me connaissez, sans doute ?
    – Je vous connais sans vous connaître, madame ; je vous connais de vous voir passer dans votre voiture, mais ça ne s’appelle pas connaître une dame…
    – Enfin… vous savez qui je suis ?
    – Des gens m’ont dit comme ça que vous seriez, il paraît, la nouvelle propriétaire du château.
    – Précisément… Alors, vous devez bien vous douter du motif qui m’amène chez vous ?
    – Ma foi, madame, j’en suis à me le demander… je ne m’en doute pas plus que rien du tout.
    – Allons, monsieur Furet, ne faites pas le finaud avec moi… Vous savez bien que je viens pour votre petit pré.
    – Mon petit pré ! Quel petit pré ? C’est que j’en ai plusieurs dans le pays, des petits prés.
    – Je parle de celui qui se trouve en bordure sur l’avenue du château, à l’entrée du parc.
    – Tiens, tiens, tiens ! Alors, ça vous ferait plaisir, ce petit bout de terrain ?
    – Seriez-vous disposé à me le céder ?
    – Mon Dieu, madame la baronne, si ce pauvre petit morceau de terrain vous fait plaisir, je me ferai un véritable agrément de vous le céder.
    – Combien en demandez-vous ?
    – Combien que vous en donnez, vous, madame la baronne ?
    – Tenez, monsieur Furet, je ne suis pas disposée à finasser avec vous. Votre pré vaut bien 500 francs, je vous en donne 1,000… Est-ce convenu ?
    – Mais, madame la

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