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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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Chicago qui construisent des maisons de vingt-deux étages.)
    Donc, le raisonnement qui pousse les propriétaires à louer leurs appartements moins cher dès qu’ils se rapprochent du ciel, est aussi faux que celui de ces imbéciles de marchands d’œufs qui, au lieu de vendre, un bon prix, leur marchandise au sortir du cul de la poule, préfèrent attendre quelques jours pour en tirer un bénéfice moindre.
    Ce bas prix des logements haut situés les désigne tout naturellement au choix des ménages pauvres ou des personnes avares.
    Dans les immeubles dotés d’un ascenseur ( lift ), le mal n’est que mi, mais l’ascenseur ( lift ) est rare dans nos bâtisses françaises, surtout dans celles où s’abritent le prolétariat, la menue bourgeoisie et la toute petite administration.
    Pauvres gens qui trimez tout le jour, c’est votre lot à vous, chaque soir, accomplie la rude besogne, de grimper, à l’exemple du divin Sauveur, votre quotidien calvaire, cependant que de gras oisifs, d’opulents exploiteurs n’ont qu’un bouton à pousser pour regagner, mollement assis, leurs somptueux entresols !
    La voilà, la justice sociale ! La voilà bien !
    … On m’a présenté, dernièrement, un monsieur qui a trouvé un moyen fort ingénieux pour remédier à ce déplorable état de choses.
    Simple employé dans la Compagnie générale d’Assurances contre la Moisissure , cet individu, auquel ses appointements ne permettent qu’un humble sixième étage, est atteint d’une vive répulsion pour les escaliers ; tellement vive, cette répulsion, qu’elle frise la phobie  !
    Alors, notre homme a imaginé un truc fort ingénieux pour s’éviter la formalité de ses quatre-vingts marches.
    Avec l’assentiment du propriétaire, il a organisé à l’une de ses fenêtres un appareil assez semblable à celui dont on se sert pour tirer l’eau des puits : une forte poulie, une solide corde, et, aux bouts de la solide corde, deux robustes paniers pouvant contenir chacun une personne.
    Sur le coup de sept heures et demie ou huit heures, selon qu’il a bu deux ou trois absinthes, l’employé de la Compagnie générale d’Assurances contre la Moisissure arrive au pied de sa maison.
    Un coup de sifflet ! Une fenêtre s’ouvre ; au bout d’une corde, un panier descend jusqu’au sol.
    L’homme s’installe dans le panier.
    Second coup de sifflet ! C’est alors au tour de la bourgeoise d’enjamber le balcon et de s’installer dans l’autre panier.
    Comme le poids de la dame est inférieur à celui du monsieur, il ne se passe rien tant que l’aîné des garçons n’a pas ajouté à sa maman un poids supplémentaire.
    Ce poids est représenté par une lourde pendule Empire, qui suffit à rompre l’équilibre.
    Dès lors, le panier de la dame descend, cependant que monte celui du monsieur.
    Ce dernier peut ainsi regagner son appartement sans la moindre fatigue.
    La femme n’a plus qu’à remonter les six étages par l’escalier, tenant dans ses bras la pendule Empire, à laquelle elle doit faire bien attention, car son mari y tient énormément.
     
    ARTILLERIE
    Deux canonniers sont sortis de l’enfer,
    Un soir, par la fenêtre.
    Pour une mésaventure pas banale, voici une mésaventure pas banale :
    « M. Goubel, raconte le Petit Calaisien, se trouvait, jeudi après-midi, dans les cabinets d’aisances de son habitation, lorsque tout à coup, par suite d’une dérivation de tir, un boulet plein lancé par la batterie de la commission d’expériences vint frapper juste à l’encoignure de la maison où se trouvent les cabinets et y effectua une trouée de deux mètres environ de long sur une largeur égale.
    « M. Goubel, qui avait conservé tout son sang-froid, se protégea comme il put contre la chute de briques qui lui tombaient sur le corps, de tous côtés, mais lorsqu’on vint enfin le tirer de sa mauvaise position, il n’en avait pas moins les jambes fortement endommagées. Il en sera quitte pour une quinzaine de jours de repos ! »
    Au nom tout entier de l’élément civil, je souhaite le prompt rétablissement de M. Goubel et je propose de voter un blâme à l’artillerie française, qui en prend un peu à son aise, n’est-ce pas ? de bombarder ainsi les gens en paix, si j’ose emprunter ce terme à notre maître Armand Silvestre.
    La lecture de ce fait divers n’à point laissé que de m’inquiéter jusqu’aux moelles.
    Précisément – et je demande pardon à mes
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