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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alphonse Allais
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d’envoyer blanchir leur linge chez sa maman.
    Le premier lundi de chaque mois, une nef partait de Dives, chargée du linge de tous les seigneurs du pays, pour revenir le mois d’après, avec sa blanche cargaison toute bon fleurante d’honnête lessive.
    Si bien que, même morte Arlette, même mort William the Conqueror, la coutume se poursuivit chez beaucoup de seigneurs français d’envoyer à Londres leur linge blanchir.
    Il y a quelques années, le snobisme s’en mêla, au grand détriment de la lavanderie française, laquelle pourtant vaut bien celle d’Outre-Manche.
    Du haut du ciel, sa demeure dernière, Arlette doit bien regretter l’initiative qu’elle prit de cette mode si préjudiciable aux intérêts de notre pays.
     
    MIEUX QU’UNE SŒUR ! – OU – UN RUDE COUP POUR LE PAUVRE AMOUREUX
    Pauvre type !
    Un jour, enfin, il s’était décidé à lui avouer sa flamme.
    La jeune fille écouta froidement le jeune homme et, quand il eut fini de bégayer son ardente et sincère déclaration, elle le pria de biffer de ses tablettes tout espoir.
    De grosses larmes vinrent aux yeux du pauvre garçon, et, bien que de complexion plutôt rosse, la jeune fille (qui s’appelait d’ailleurs Alice) se sentit touchée.
    Elle lui serra les mains très gentiment, le consola, lui prédit l’oubli proche et conclut :
    – Vous aurez toujours en moi une sœur, mon ami, une véritable sœur.
    Le pauvre garçon jeta sur Alice un long regard de détresse et s’en alla chez lui sangloter tout à son aise ; après quoi, sur l’injonction paternelle, il gagna des contrées pittoresques, en espoir d’oublier la cruelle.
     
    Trois mois se sont écoulés.
    C’est l’été.
    Le jeune homme débarque au Havre, venant d’Amérique à bord de la Normandie dont le médecin (le si excellent docteur Leca pourtant) n’a pu le guérir de sa fatale passion.
    Par une lettre trouvée dans son courrier, il apprend qu’Alice, l’adorable Alice, villégiature tout prêt, à Étretat.
    Peu d’instants s’écoulent et le jeune homme arrive en cette charmante bourgade.
    Son cœur, son pauvre cœur bat à casser les parois de sa poitrine, une brume trouble sa vue et toutes les femmes qu’il aperçoit dans la rue, il croit que c’est Alice.
    Sur la plage, une jeune fille est là qui s’avance vers lui, la main tendue en cordial accueil.
    Cette fois, c’est réellement Alice, Alice mille fois plus belle encore que cet hiver, Alice toute fraîche et rose en son costume de piqué blanc, Alice enfin, Alice !
    Comment l’infortuné garçon ne s’effondre-t-il point sur les galets, telle une loque mouillée, heureux prodige de la nature !
    Alice a gardé sa main à lui dans sa menotte à elle.
    – Vous souvenez-vous, mon ami, de ce que je vous ai dit, il y a trois mois ?
    Quelques mots qui tiennent plus du gémissement que du langage articulé servent de réponse.
    – Je vous ai dit, continue la jeune fille, que je serai toujours pour vous une sœur.
    – Oui, une sœur, hélas !
    – Depuis notre dernier entretien, mon enfant, il s’est passé bien des événements.
    – Ah !
    – Oui, mon ami, et… ce n’est plus Sœur que je suis décidée à être pour vous…
    Le malheureux ne sait plus où il en est. Que veut-elle dire ?
    Une lueur d’espoir filtre en son cœur… Mais non, ce serait trop fou !
    – Je suis décidée, mon ami, à devenir pour vous mieux qu’une sœur .
    Elle insiste tellement sur le mot mieux qu’il n’a plus de doute.
    – Quoi !… Vous consentiriez… à devenir… mieux qu’une sœur ?
    – Oui, mon ami, car je vais devenir votre Belle-Mère !… J’épouse monsieur votre père à la fin du mois.
    Le jeune homme n’eut pas grand appétit, ce soir-là, à l’hôtel.
    Pauvre type !
     
    LE CHARCUTIER PRATIQUE
    C’est ce même charcutier qui répondit un jour à une commission d’hygiène qui enquêtait sur les industries insalubres :
    – Où je jette mes résidus ? Quels résidus ?
    – Vos résidus, parbleu ! vos détritus.
    – Des détritus ! Mais je n’ai jamais eu de détritus ! Un bon charcutier ne sait pas ce que c’est qu’un détritus. Dans notre métier, messieurs, c’est comme dans la nature : rien ne se perd, tout se transforme.
    Cet homme disait vrai : industriel pratique, avisé commerçant, il faisait flèche de tout bois et marchandise de toute substance.
    Des plus aimables, au reste, des plus galants, des plus joviaux, ah ! le brave

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