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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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réseau qui, de chantier en chantier, couvrait la France. Les compagnons maçons ne cessaient de se déplacer, colportant informations et recevant instructions. Cet entrelacs de relations discrètes autant qu’efficaces inquiétait les clercs comme les prélats. Ouvrir le chantier de la cathédrale permettait de mieux contrôler ces artisans qui s’appelaient frères entre eux, et dont nul ne connaissait les secrètes intentions.
    C’est ainsi que frère Aymon assis sur une gouttière contemplait la place de la halle en taillant la bouche de pierre d’une gargouille. Il était arrivé deux mois plus tôt de Compiègne où il avait aidé aux défenses de la ville assiégée par les Anglais. Il avait remonté des courtines, renforcé des parements, taillé des bouches à feu. Tout un savoir technique qui avait beaucoup intéressé maître Roncelin qui dirigeait le chantier de la cathédrale. Il avait longuement interrogé le compagnon avant de l’engager. Saurait-il travailler sur le chantier d’un château fort ? Cet interrogatoire avait surpris Aymon qui ne voyait pas le lien avec les travaux de restauration d’une église, mais il n’était que compagnon et devait obéissance absolue. Il avait répondu à toutes les questions et Roncelin avait fini par l’engager.
    — Aymon ?
    L’appel venait d’un frère avançant à pas comptés sur l’étroite planche terminant l’échafaudage. Le jeune homme leva les yeux de son ouvrage et vit Geoffroy, un compagnon passé maître, qui lui souriait.
    — Alors tu contemples la ville ? Elle est bien calme, n’est-ce pas, pour un jour de marché ? Ni les bourgeois ni les nobles ne sont sortis de leur tanière, aujourd’hui. Ils ont peur.
    Par principe Aymon n’interrogeait jamais un maître sur ses affirmations, mais Geoffroy venait juste d’être initié. Peut-être pouvait-il tenter sa chance ?
    — Peur de quoi ?
    Geoffroy s’assit à côté du jeune homme et contempla le cadran solaire sur la tour de l’hôtel de ville.
    — Attends un peu et tu vas comprendre.
    Aymon reprit son marteau et frappa de nouveau le burin. Depuis ce matin, il travaillait enfin en extérieur, il sculptait les dents en pointe de la gargouille. La pierre se taillait bien. Peu à peu la gueule du monstre prenait forme et vie : le museau saillant, les crocs aiguisés, un vrai chien de l’enfer.
    Un tumulte retentit sur la place. Une cohorte de cavaliers apparut qui escortait un chariot bardé de fer. Le cocher fouettait ses chevaux comme s’il avait le diable à ses trousses. Jetée par une main anonyme, une première pierre fusa sur le cortège. Aussitôt les marchands se précipitèrent pour protéger leurs marchandises. Les femmes se mirent à courir en hurlant tandis que les cavaliers tentaient de disperser la foule, lance au poing. De plus en plus de pierres frappaient le chariot à la volée. Le cocher, affolé, tentait de se frayer un passage à coups de fouet, cinglant passants comme chevaux.
    Aymon, stupéfait, regardait les scènes de violence aveugle qui gagnaient le marché. Il était fasciné par le lourd chariot blindé de fer qui creusait sa route de chair et de sang dans la foule paniquée.
    — Mais qui est-ce ?
    Geoffroy cracha de dépit.
    — Cauchon, l’évêque ! Qu’il soit maudit, lui et son engeance de traîtres ! C’est ce chien qui juge la Pucelle.
    Le convoi venait de franchir la halle et se dirigeait vers la colline de Bouvreuil. Sur la place, on secourait les victimes. Le chariot, lui, continuait sa route. Il grimpait vers le Castel Vieux qui surplombait la ville. Aymon fit un geste pour se lever. D’en bas montait le gémissement des corps piétinés. Geoffroy retint le compagnon par la main : il fixait le chariot qui venait de s’arrêter au pied d’une tour donnant sur la campagne. Geoffroy tressaillit. C’est là que Jeanne était détenue.
    — Mais ces gens ont besoin d’aide, protesta Aymon, nous devons leur porter secours.
    Geoffroy desserra son étreinte, le regard toujours fixé sur la tour, arrogante et massive, qui semblait le défier.
    — Non ! Toi, tu as une autre mission !

23
     
    Jérusalem
    21 juin 2009
     
    La Ford venait de s’arrêter devant une villa qui jurait avec l’architecture environnante : une maison de deux étages, bâtie en pierre de taille, de style typiquement européen. Une petite allée aux haies taillées avec soin par un jardinier arabe menait au perron d’entrée. Le bruit du

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