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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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couper des pivoines devant sa maison. Elle resta si surprise de voir les jeunes mariés avec une enfant qu’elle en laissa tomber ses ciseaux.
    Plus loin, le curé Désilets lisait son bréviaire, comme à son habitude, en faisant les cent pas sur le parvis en bois de la chapelle quand le boghei de Xavier passa devant le presbytère en construction et la chapelle. Le prêtre âgé d’une quarantaine d’années arborait d’épais favoris poivre et sel. De taille moyenne, il avait de petits yeux noirs fureteurs dissimulés en partie par des lunettes à fine monture de métal.
    Xavier ralentit et salua son curé en soulevant poliment sa casquette. Le prêtre fut si étonné du spectacle qu’il avait sous les yeux qu’il en oublia être parvenu à l’extrémité du parvis et faillit tomber en bas des cinq marches. Il se rattrapa à la toute dernière seconde.
    — Ah ben, batèche ! ne put-il s’empêcher de dire en refermant sèchement son livre de prières, j’aurai tout vu ! Si c’est pas narguer le monde, ça, je me demande ce que c’est !
    En colère, il pénétra dans la chapelle, la traversa et entra dans la sacristie où il habitait depuis un an.
    Arrivé en haut de la pente abrupte, Xavier fit ralentir encore plus son attelage et descendit prudemment. Angèle et Hormidas Meilleur étaient assis sur la galerie de leur petite maison située au pied de la côte.
    — Bon, on est chanceux. Le père Meilleur vient de voir la petite, dit Xavier à sa femme. On peut être certains que tout Saint-Bernard va être au courant demain quand il va avoir fini sa tournée.
    La voiture longea ensuite la forge d’Évariste Bourgeois ainsi que le magasin général de Télesphore Dionne situé en face de la petite école à un étage où enseignait Bernadette Beauchemin. Xavier aperçut le propriétaire du magasin général en train de discuter sur sa galerie avec Paddy Connolly. Ces derniers tournèrent la tête dans sa direction et il les salua en soulevant, encore une fois, sa casquette.
    Le couple traversa le pont et tourna à droite pour emprunter le rang Saint-Jean qui suivait les méandres de la rivière Nicolet. Le fils de Baptiste Beauchemin connaissait bien chacun des fermiers du rang où il avait vécu durant les vingt premières années de sa vie.
    La ferme du gros Tancrède Bélanger était suivie de celles de Rémi Lafond, son beau-frère, d’Ernest Gélinas, de Gratien Ménard, de John White et de Conrad Boudreau, voisin des Beauchemin. Toutes les maisons et les bâtiments étaient construits du côté gauche de la route, face aux champs qui les séparaient des eaux tranquilles de la rivière. L’unique exception était la demeure neuve de Constant Aubé, l’ex-petit ami de Bernadette Beauchemin. Le jeune homme était meunier et cordonnier de son état. Originaire de la région de Québec, il avait acheté un lot de Conrad Boudreau le printemps précédent sur lequel il avait fait construire un moulin à farine au bord de la rivière ainsi qu’une maison et divers petits bâtiments, à faible distance de la route.
    — Je trouve donc dommage que Bedette se soit pas accordée avec Constant, ne put s’empêcher de dire Xavier en passant devant la maison du meunier. C’est un bon gars. Il boite peut-être, mais il a une tête sur les épaules et il est toujours prêt à rendre service.
    — Tu y peux rien, lui fit remarquer Catherine.
    — Je le sais ben, mais ça me fait quelque chose, lui avoua son mari. Moi, je suis certain qu’il est revenu s’installer à Saint-Bernard parce qu’il pensait marier Bedette. En tout cas, je peux te dire que je l’aime pas mal plus que Liam Connolly, le mari de Camille. Lui, on sait jamais trop comment le prendre.
    Catherine garda le silence.
    Le conducteur fit entrer le boghei dans la cour de la ferme des Beauchemin et vint l’immobiliser tout près de la galerie où étaient assis Donat, Eugénie, Bernadette, Emma et son bébé ainsi que sa mère. Tout le monde se leva en reconnaissant les nouveaux mariés.
    À la vue de l’enfant que Catherine tenait dans ses bras, Eugénie lança un regard incrédule à son mari et allait dire quelque chose quand sa belle-mère lui ordonna abruptement :
    — Attends !
    Xavier descendit de voiture et prit Constance dans ses bras pour permettre à Catherine de descendre à son tour. Sentant la situation tendue, Emma s’empressa de descendre la première de la galerie.
    — Seigneur ! Votre voyage de noces a

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