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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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avait accueilli, à la mi-avril, l’annonce de sa première grossesse. Il s’était mis en colère, lui imputant l’entière responsabilité de ce cinquième enfant dont il ne désirait pas la venue.
    Quelques minutes plus tard, Paddy, incommodé par les maringouins, décida de monter à sa chambre. Dès qu’il eut disparu à l’intérieur de la maison, Liam dit à sa femme :
    — Si c’est ce que je pense, ton frère est un maudit beau niaiseux.
    — Avant de s’énerver, il va falloir d’abord être bien certains que c’est ce qu’on pense, reprit-elle d’une voix neutre. Si c’est ça, je crois que Xavier vient de prouver à Catherine qu’il l’aime vraiment et qu’il a du cœur.
    — Voyons donc ! protesta-t-il, surpris.
    — Et je te garantis que je serai pas la seule de la paroisse à penser ça, ajouta Camille en se levant. Bon, j’ai promis aux enfants d’aller aux framboises demain matin de bonne heure. J’entre me coucher.
    Liam ne dit rien. Il la laissa se retirer dans leur chambre sans esquisser le moindre geste de tendresse. S’il avait envie d’elle au moment de se coucher, il la réveillerait sans ménagement.

    Deux jours plus tard, Camille rendit une courte visite à sa mère à la fin de l’après-midi. La jeune femme trouva sur les lieux sa sœur Emma avec ses trois enfants, ainsi que Bernadette et Eugénie. Les femmes étaient occupées à trier des framboises cueillies le matin même.
    — Bonne sainte Anne, mais t’es rendue comme monsieur le curé ! s’exclama Bernadette avec bonne humeur. Tu fais tes visites de paroisse l’après-midi quand le monde normal travaille.
    — Toi, l’haïssable, tiens-toi tranquille ! lui ordonna son aînée en plaquant un baiser sur l’une de ses joues. Non, je venais juste voir comment vous allez. Avec le jardin à entretenir et l’ordinaire à faire, je trouve jamais une minute pour venir vous voir. Mais là, je vois bien que vous autres, vous avez pas grand-chose à faire. Trier des framboises, on fait ça pour s’amuser.
    — Je suis certaine que t’es déjà allée aux framboises avec les petits, intervint sa mère.
    — Vous vous trompez pas, m’man. On y est allés hier. On en a ramené assez pour faire six pots de confiture.
    — As-tu encore des nausées chaque matin ? lui demanda Eugénie dont l’accouchement était prévu pour la fin du mois de septembre, soit un mois avant celui de sa belle-sœur.
    — Non, ça a arrêté depuis une semaine, déclara Camille.
    — As-tu dans l’idée d’aller voir le docteur Samson ? fit sa mère.
    — Pourquoi je ferais ça, m’man ?
    — Parce qu’avoir son premier petit à trente ans, ça se peut que ce soit plus difficile. En tout cas, à mon avis, ce serait une bonne précaution à prendre.
    — M’man a raison, confirma Emma.
    — Il paraît que Xavier et Catherine sont revenus de Montréal avec un petit ? demanda Camille, impatiente de changer de sujet de conversation.
    En réalité, c’était là le but premier de sa visite à la maison familiale.
    — Oui, une petite fille qu’ils ont adoptée, répondit Marie d’une voix neutre.
    — Elle s’appelle Constance, ajouta Bernadette. Elle est belle comme un cœur, précisa-t-elle avec enthousiasme.
    — Est-ce que c’est la fille de Catherine ?
    — T’as bien deviné, confirma Eugénie. La petite est belle comme tous les enfants du péché.
    — Dis pas ça, la réprimanda sèchement Emma. Catherine m’a expliqué ce qui lui était arrivé et c’est loin d’être sa faute…
    — En tout cas, Xavier et elle ont l’air à bien l’aimer, cette enfant-là, conclut Bernadette.
    — C’est peut-être là ce qu’il y a de plus important, dit Camille, le visage assombri. J’ai l’impression qu’un enfant doit sentir s’il est désiré ou pas.
    Marie scruta le visage de sa fille aînée et eut, encore une fois, l’intuition que l’enfant qu’elle portait n’était pas particulièrement souhaité par le père.
    En fait, si la nouvelle du retour de voyage de noces du jeune couple avec un enfant fut largement commentée dans les foyers de Saint-Bernard-Abbé, elle ne souleva cependant pas la réprobation générale tellement crainte par Catherine.
     
     

Chapitre 2
L’accident
    Le dimanche suivant, une bien mauvaise surprise attendait Donat Beauchemin. Le curé Désilets termina en effet son long prône par la lecture d’un mandement de monseigneur Langevin de Rimouski, publié le

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