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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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pour soi, chacun pour des motifs différents, et probablement sans s’être concertés mutuellement. Il ne fallait plus songer à révoquer Dorsch.
     
    Je gardai le lit pendant vingt jours, la jambe immobilisée dans un plâtre, étendu sur le dos, et j’eus tout le temps de remâcher mon ressentiment et mes déceptions. La première fois que je me levai, je ressentis au bout de quelques heures de vives douleurs dans le dos et la cage thoracique, j’eus des crachements de sang qui semblaient indiquer une embolie pulmonaire. Le professeur Gebhardt diagnostiqua pourtant un rhumatisme musculaire et me massa la cage thoracique avec du venin d’abeilles (de la forapine) ; il me prescrivit en outre des sulfamides, de la quinine et des narcotiques  5  . Deux jours plus tard, je fus victime d’une seconde attaque violente. Mon état devenait préoccupant et pourtant le professeur Gebhardt continuait à diagnostiquer un rhumatisme musculaire. Alors ma femme alerta le D r  Brandt, qui, la nuit même, dépêcha à Hohenlychen le professeur Friedrich Koch, spécialiste des maladies internes à la Faculté de Berlin et assistant de Sauerbruch. Brandt, qui était le médecin attaché au service de Hitler et disposait « des pleins pouvoirs en matière de santé et d’hygiène », confia expressément à Koch la responsabilité exclusive de mon traitement et interdit en même temps au professeur Gebhardt de prendre des dispositions médicales qu’elles qu’elles soient. Sur les instructions du D r  Brandt, le professeur Koch se vit attribuer une chambre à proximité immédiate de la mienne et fut chargé dans un premier temps de rester près de moi de jour comme de nuit  6  .
    Pendant trois jours, mon état resta « réellement inquiétant », selon les termes du rapport de Koch. « Dyspnée aiguë, forte pigmentation, élévation notable du rythme du pouls, fortes températures, quintes de toux causant des douleurs intolérables, algies et crachements de sang. D’après l’évolution de la maladie et l’ensemble de ces symptômes, on ne peut que conclure à un infarctus. » Les médecins préparaient ma femme au pire. Au contraire de ce pronostic, cette situation transitoire me plongea dans une euphorie presque miraculeuse : la petite chambre se transforma en une magnifique salle, une pauvre armoire de bois que j’avais vue pendant troissemaines, se métamorphosa en un meuble d’apparat richement sculpté et incrusté de bois précieux. Rarement je m’étais senti aussi bien et aussi gai.
    Lorsque je fus rétabli, mon ami Robert Frank me raconta qu’il avait eu la nuit un entretien confidentiel avec le professeur Koch, le spécialiste des maladies internes. Ce qu’il rapportait était assez extravagant : alors que je me trouvais dans cet état inquiétant, Gebhardt lui avait demandé de pratiquer une légère intervention qui, de l’avis du professeur Koch, aurait mis ma vie en danger. Le professeur Koch ne voulut tout d’abord pas comprendre ; puis, devant son refus de procéder à cette intervention, Gebhardt s’était dérobé en prétendant qu’il avait seulement voulu le mettre à l’épreuve.
    Frank me conjura de ne rien entreprendre, le professeur Koch craignant de disparaître dans un camp de concentration, tandis que mon informateur aurait eu certainement des ennuis avec la Gestapo. Je dus me taire, car il ne m’était guère possible de mettre Hitler dans la confidence. Sa réaction était prévisible : dans un accès de colère, il aurait déclaré que tout cela était rigoureusement impossible, puis il aurait appuyé sur le bouton de la sonnette qui restait toujours à portée de main, fait venir Bormann et aurait ordonné l’arrestation des gens qui calomniaient Himmler.
    A cette époque, cette affaire me semblait impossible à colporter sous sa forme actuelle. Himmler passait également dans les milieux du parti pour un homme impitoyablement froid et conséquent. Personne n’osait se brouiller sérieusement avec lui. En outre l’occasion était trop favorable : je n’aurais pas survécu à la moindre complication, de sorte qu’aucun soupçon n’aurait pu se faire jour. Cet incident constitue un chapitre de la lutte intestine que se livraient les prétendants à la succession du pouvoir. Il montrait que ma position était encore puissante, bien que déjà suffisamment affaiblie pour que d’autres intrigues puissent être ourdies après cet insuccès.
    Ce n’est qu’à

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