Au Coeur Du Troisième Reich
la place du Reichsmarschall Göring, c’est vous, monsieur le Grand Amiral, que le Führer a désigné pour son successeur. Les pleins pouvoirs, consignés par écrit, suivent. Dès la réception du message vous devez prendre les mesures requises par la situation présente. B ormann . »
Et celui du message reçu le 1 er mai 1945 à 15 h 18 : « FRR Grand amiral Dönitz (à transmettre seulement par officier). Führer décédé hier 15 h 30. Testament du 29 avril vous confie le poste de président du Reich, attribue au Reichsminister Goebbels celui de chancelier du Reich, au Reichsleiter Bormann celui de ministre du Parti, au Reichsminister Seyss-Inquart celui de ministre des Affaires étrangères. Sur l’ordre du Führer un exemplaire du testament vous a été envoyé, un autre porté au Feldmarschall Schörner, et un autre, destiné àl’opinion publique, mis en sûreté hors de Berlin. Le Reichsleiter Bormann essaie de vous rejoindre aujourd’hui même pour vous informer de la situation. La manière et le moment de porter la nouvelle à la connaissance de la troupe et de l’opinion publique sont laissés à votre discrétion.
« Confirmer réception du message. G oebbels B ormann . »
6. Aux termes de la loi, Dönitz ne pouvait prétendre assurer légalement la succession de Hitler, puisque la constitution prévoyait que des élections devraient avoir lieu pour désigner un successeur. Sa légitimité en tant que successeur de Hitler ne reposait donc que sur la volonté de son prédécesseur, ce qu’il confirma en se référant expressément, dans l’exercice de ses fonctions, aux dernières volontés de Hitler. Le premier acte de gouvernement de Dönitz n’était donc illégal que dans la mesure où il ne respectait pas une part essentielle de ces dernières volontés qu’il avait cependant accepté d’observer, en assurant dès la réception du premier télégramme les fonctions que celui-ci lui conférait.
D’ailleurs l’exigence de Hitler, consistant à imposer à son successeur la nomination des membres de son cabinet, était bien une des inventions les plus grotesques de son activité d’homme d’État. Ce faisant il oublia, comme souvent au cours des dernières années, de définir qui en fin de compte aurait à décider en cas de querelle au sein du cabinet : le chancelier ayant rang sur ses ministres, ou le président du Reich comme instance suprême. Dönitz ne pouvait, à la lettre, démettre ni le chancelier ni un des ministres, même s’ils se montraient parfaitement inaptes ; d’entrée de jeu il s’était vu enlever le pouvoir de décision le plus important pour tout président.
33. LES ÉTAPES DE MA CAPTIVITÉ
1. Le continent groenlandais était pour les conditions de l’époque si solitaire et si retiré que même une reconnaissance aérienne poussée n’aurait pas été dangereuse. Les avions de ravitaillement de ces bases météorologiques pouvaient emporter assez de carburant pour nous ramener du Groenland vers l’Angleterre où nous voulions nous livrer à la fin de l’automne 1945.
2. Il s’agissait d’une version abrégée du discours que j’avais enregistré le 21 avril 1945 à Radio Hambourg. Le paragraphe que Schwerin-Krosigk me fit ajouter était le suivant : « C’est seulement pour cette raison (éviter des pertes civiles) que le grand amiral se voit contraint de ne pas déposer les armes. Le combat que nous menons encore n’a qu’une seule signification, ne pas laisser mourir des hommes et des femmes allemands en fuite devant les armées soviétiques ou menacés par elles. Ce devoir, le dernier du combat héroïque livré par l’Allemagne, notre peuple, qui a si vaillamment supporté toutes les souffrances de cette guerre, doit encore l’accomplir. »
3. Dans le Berliner Zeitung du 8 mai 1945 on pouvait lire le reportage suivant fait au quartier général de Joukov : « Après la signature, on a servi à Keitel et à sa suite, dans la villa mise à leur disposition, du caviar, de la vodka et du Champagne. Ce repas n’avait rien à envier au banquet offert par les alliés. »
4. Cf. lettre à Dönitz du 7 mai 1945. Le 5 mai j’avais déjà fait savoir à Dönitz, par l’intermédiaire du « chef du cabinet civil », Wegener, que « dès que la question de la remise des territoires (de l’adversaire) encore occupés par nous et des territoires allemands non encore occupés serait réglée, j’abandonnerais la
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