Aux armes, citoyens !
loi aussi
terrible. »
Danton hausse la voix, il veut imposer l’indulgence.
« Je demande l’économie du sang des hommes », dit-il.
TROISIÈME PARTIE
1 er décembre 1793 – 30 mars 1794
11 frimaire -10 germinal an II
« Dirige-t-on
une tempête ? »
« Pourquoi la clémence
serait-elle devenue
un crime dans la République ? »
Camille D esmoulins
30 frimaire an II (20
décembre 1793)
« On veut modérer le
mouvement révolutionnaire.
Eh, dirige-t-on une tempête ?
Eh bien !
La Révolution en est une. On
ne peut,
on ne doit point en arrêter
les élans. »
Collot d’H erbois
membre du Comité de salut
public
3 nivôse an II (23 décembre
1793)
« Le gouvernement
révolutionnaire doit voguer entre deux
écueils, la faiblesse et la
témérité, le modérantisme et l’excès ;
le modérantisme qui est à
la modération
ce que l’impuissance est à
la chasteté et l’excès
qui ressemble à l’énergie
comme l’hydropisie à la santé. »
Maximilien R obespierre
5 nivôse an II (25 décembre
1793)
9.
« Le sang des hommes », en ces premiers jours de
décembre 1793, malgré le vœu de Danton, il ruisselle sur le sol de la France.
En Vendée, les paysans de la grande armée catholique et
royale échouent devant Angers, mais continuent de se battre, en entonnant sur l’air
de La Marseillaise :
Allons les armées catholiques
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la République
L’étendard sanglant est levé.
Le paysan vendéen ne craint pas de mourir. Il répond au
soldat bleu qui crie « Rends-moi tes armes » : « Rends-moi
mon Dieu. »
Il récite avec ses prêtres :
Cette mort dont on nous menace
Sera le terme de nos maux
Quand nous verrons Dieu face à face
Sa main bénira nos travaux.
Un représentant en mission constate :
« C’est de leur part un vrai fanatisme, tel qu’au IV e siècle. On en exécute tous les jours et tous les jours ils meurent en chantant
des cantiques et en faisant leur profession de foi. L’instrument de supplice n’a
que l’effet de jeter une sorte d’odieux sur le pouvoir qui l’emploie. »
Pourchassés par les Bleus recrus de fatigue, les Vendéens se
réfugient dans la ville du Mans. Ils sont quarante mille, bientôt surpris ce 12
décembre par les armées républicaines commandées par Westermann, Marceau, Kléber.
Ils résistent durant quatorze heures sous une pluie glaciale. On s’égorge. On s’éventre.
On se fusille à bout portant dans les ruelles ensanglantées.
« On ne voit partout que des cadavres, des fusils, des
caissons renversés ou démontés, écrit un officier bleu. Parmi les cadavres, beaucoup
de femmes nues que les soldats ont dépouillées et qu’ils ont tuées après les
avoir violées. »
Les survivants se dirigent vers Laval, harcelés, massacrés
au cours de cet « hallali courant ».
Ce qui survit encore, après une dizaine de jours de fuite et
de combats, est massacré à Savenay, près de Saint-Nazaire, fait prisonnier et
fusillé. Les chefs, Stofflet, Charette, La Rochejaquelein sont passés sur la
rive gauche de la Loire.
Et les commissions militaires « bleues »
parcourent le pays.
On fusille en huit « chaînes » mille huit cent
quatre-vingt-seize prisonniers, près d’Angers. Des centaines d’autres sont
exécutés. Ainsi dans la prairie Saint-Gemmes, aux Pont-de-Cé.
La répression est d’autant plus cruelle qu’une guerre d’embuscades
va se poursuivre. Et que les « Vendéens » sont eux aussi impitoyables.
Le Bleu Joseph Bara, âgé de quatorze ans, est égorgé après
avoir été fait prisonnier et avoir refusé de crier « Vive le roi ! ».
Il devient un martyr de la liberté même si les circonstances
de sa mort sont transfigurées par la légende.
Mais à Nantes, sous l’autorité du représentant en mission
Carrier, un comité révolutionnaire d’une cinquantaine d’hommes, la compagnie
Marat, terrorise la ville.
Les « noyades » se multiplient. On coule les
pontons sur lesquels on entasse prêtres réfractaires, prisonniers qu’on appelle
« brigands ». Et on dénombre au moins cinq mille victimes.
Et la rumeur se répand de supplices atroces, de femmes
fondues vives pour en tirer une graisse médicinale, de peau des victimes tannée
comme du cuir, de mariages républicains, consistant à noyer un couple, attachés
nus l’un à l’autre et jetés dans la Loire.
On extermine dans cette guerre
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