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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Carnot, au Comité de
salut public. Après la reconquête de Condé-sur-l’Escaut, il n’y a plus une
seule place française aux mains de l’étranger.
     
    Et la coalition commence à se fissurer. La Diète de l’Empire
germanique se prononce en faveur de l’ouverture de négociations.
    Et l’agent anglais Wickham, qui vient d’arriver en Suisse, ne
peut empêcher cette évolution.
    Ces succès de la Convention aux frontières affaiblissent
Vendéens et chouans. Le général Hoche entreprend de négocier, de pacifier la
Vendée.
    Le 2 décembre (12 frimaire an III), la Convention « promet
le pardon et l’oubli à toutes les personnes connues dans les arrondissements de
l’Ouest, des côtes de Brest et de Cherbourg, sous le nom de Rebelles de la
Vendée et de Chouans qui déposeront les armes dans le mois suivant le présent
décret ».
    Et l’évêque Grégoire réclame la liberté complète des cultes,
s’opposant ainsi à Marie-Joseph Chénier qui veut organiser en lieu et place des
cérémonies chrétiennes un « culte décadaire ».
    Mais le peuple écrasé par la misère, le peuple qui a faim
murmure, selon un rapport de police, « qu’on ferait bien mieux de lui
procurer de la farine que de décider des fêtes ».
     
    La farine, le pain, la viande, les subsistances essentielles
à la survie dans l’hiver cruellement glacial de l’an III, voilà ce qui
préoccupe les Thermidoriens.
    Pour avoir organisé, suivi ou subi dès 1789 toutes les « journées
révolutionnaires », ils savent d’expérience le rôle que jouent la disette
et la misère dans l’explosion de colère du peuple. Ils essaient d’éteindre la
mèche qu’ils entendent grésiller.
    Fréron, avec les fonds du Comité de sûreté générale, fait
inviter des sans-culottes par ses jeunes partisans. On régalera ceux du
faubourg Saint-Marceau et du faubourg Saint-Antoine. Le vin doit couler à flots,
en même temps que les bonnes paroles.
    Fréron endoctrine ses troupes.
    « Dites-leur qu’on veut les égarer, que l’on cherche à
les porter à quelque excès, dites-leur que tout ce que les malveillants
cherchent à leur inspirer de haine et d’aigreur contre les marchands n’est qu’un
piège tendu à leur bonne foi. Dites-leur que le renchérissement des denrées
vient du renchérissement de la main-d’œuvre. Que le marchand qui paie beaucoup
plus cher leurs frères, les ouvriers, doit nécessairement vendre plus cher.
    « Qu’ils exigent eux-mêmes avec raison un salaire
beaucoup plus fort de leurs travaux. Qu’ils doivent donc bien se garder de tout
ce qu’on cherche à leur insinuer. Que le moindre mouvement dans ces temps d’orage
perdrait la patrie… »
     
    Et s’il n’y a pas de farine, pas de hausse de salaires, on
doit instituer des fêtes, pour tenter de dissimuler que la politique suivie par
les Thermidoriens, avec l’appui des députés girondins – Isnard, Louvet, Lanjuinais
– qui siègent de nouveau à la Convention, « fait rebrousser chemin à la
Convention ».
    Alors on organise, le 20 vendémiaire an III, la translation
en grande pompe du corps de Jean-Jacques Rousseau au Panthéon.
    Ce Jean-Jacques si cher au cœur de Maximilien !
    Un décret, voté le 10 janvier 1795 (21 nivôse) institue que
le 21 janvier, « jour de la juste punition de Louis Capet, dernier roi des
Français, sera fête nationale annuelle ».
    Et on commémorerait aussi chaque année le 9 thermidor.
     
    La fête célébrant la mort de Louis XVI eut bien lieu.
    Mais ce 21 janvier 1795 (2 pluviôse an III), les muscadins
firent dans la cour du Palais-Royal l’autodafé d’un mannequin figurant un
Jacobin.
    Les cendres du mannequin furent recueillies dans un pot de
chambre et jetées à l’égout de Montmartre, garni d’un écriteau portant l’épitaphe :
    De Jacobin je pris le nom
    Mon urne fut un pot de chambre
    Et cet égout mon Panthéon.
    On peut lire dans Le Messager du lendemain :
    « Quelques drôleries qui se trouvaient au fond du vase
répandaient au loin une odeur infecte, mais chacun s’accordait à dire que c’était
le Jacobin qui avait empoisonné les matières fécales et que c’était l’odeur des
vertus jacobites qui s’exhalait dans les airs. »

18.
    En cet hiver et ce printemps de 1795, de janvier à avril, les
Thermidoriens ne se contentent pas de verser chaque jour des propos orduriers
sur tous ceux qu’on soupçonne d’être des Jacobins, des « buveurs de

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