Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Thermidoriens.
    « Les grâces et les ris que la Terreur avait mis en
fuite sont de retour à Paris. Nos jolies femmes en perruques blondes sont
adorables, les concerts tant publics que de société sont délicieux, lit-on dans Le Messager du soir. Les hommes de sang, les Billaud, les Collot et la
bande enragée appellent ce revirement d’opinion “la contre-révolution”. »
    Toute une société nouvelle apparaît. Les Thermidoriens ont
des liaisons avec des ci-devant comtesses, des veuves, des épouses ou des
filles d’émigrés.
    Il y a les « épouseurs de femmes nobles » et ceux
qui préfèrent les actrices.
    « Les spectacles sont remplis de prostituées, concubines
de députés qui étalent effrontément les bijoux volés dans les hôtels des
émigrés », constate Mallet du Pan.
    Les Montagnards constatent que l’opinion leur échappe et
avec elle le pouvoir. Collot d’Herbois tente de résister. Il a averti les
Jacobins.
    « Des scélérats ont promis nos têtes à leurs concubines,
dit-il. Vous êtes dans une telle situation que c’est dans les lieux les plus
méprisables qu’on conspire contre vous. C’est dans les boudoirs impurs des
courtisanes, chez les veuves de l’état-major des émigrés et au milieu des
orgies les plus dégoûtantes qu’on balance les grandes destinées de la
République. »
    Et Gracchus Babeuf, l’ancien clerc chargé d’examiner les « terriers »
– les droits féodaux des seigneurs –, réclamant en 1790 l’abolition de la
plupart des taxes et impôts, emprisonné, hostile à Robespierre, mais toujours
fidèle à son rêve égalitaire, écrit dans son journal – sans doute financé par
Fouché –, Le Tribun du peuple :
    « Français, vous êtes revenus sous le règne des catins,
les Pompadour, les Du Barry, les Antoinette revivent et c’est elles qui vous
gouvernent. C’est à elles que vous devez en grande partie toutes les calamités
qui vous assiègent et la rétrogradation déplorable qui tue votre Révolution…
    « Pourquoi taire plus longtemps que Tallien, Fréron
décident du destin des humains couchés mollement dans l’édredon et les roses, à
côté des princesses. »
    Mais Le Tribun du peuple est un journal éphémère, Gracchus
Babeuf et ceux qui le suivent ou l’inspirent ont peu d’influence.
    Ainsi le ci-devant marquis Antonelle, ancien officier, ayant
embrassé la cause du tiers état. Il a été juré au Tribunal révolutionnaire ;
emprisonné, libéré par la chute de Robespierre, « épicurien, libertin, un
cerveau brûlé dans toute l’étendue du terme », il s’étonne du rôle que
Tallien, Fréron font jouer aux muscadins.
    Ils ne font pas seulement la chasse aux Jacobins, ils
occupent les tribunes de la Convention après en avoir interdit l’accès aux
sans-culottes. Et ils donnent de la voix, ils menacent. Ils sont l’armée
thermidorienne.
    Et Antonelle écrit :
    « N’est-ce pas une véritable frénésie que cette
jeunesse frivole qu’on fanatise comme pour une croisade… Curieux hommage à l’humanité,
à la vertu, à la justice, que les fureurs déchaînées des jeunes gens à collets
noirs ! »
     
    Ils sont maîtres de la rue. Ils agressent les passants isolés
qui leur semblent appartenir à l’« infernale société », le club des
Jacobins.
    « Il suffit d’avoir l’air jacobin pour être apostrophé,
insulté et même battu », confirme un rapport de police.
    Dans la soirée du 19 brumaire, des rassemblements de jeunes
gens armés de bâtons et de sabres se forment aux environs du Palais-Égalité, ci-devant
Palais-Royal, et de l’église Saint-Roch. On les harangue. Ils sont une centaine
– dont certains n’ont pas dix-sept ans.
    Ils attaquent le club des Jacobins, rue Saint-Honoré. Ils
jettent une grêle de pierres dans les croisées, ce qui provoque la panique dans
les tribunes.
    « On veut nous tuer, on veut nous assommer », crient
les femmes en s’enfuyant.
    « Ce sont des scélérats, des coquins, il faut les
égorger », répond la petite foule qui frappe à coups de sabre sur la tête
et les épaules ceux qui sortent du club.
    « Eh ma bougresse, toi je te connais », dit l’un
des jeunes gens en donnant des coups de pied à la citoyenne Caudry, originaire
de Nantes.
    Elle est cernée par deux cents hommes armés de bâtons qui « voulurent
lever sa jupe et la fouetter ».
    Le 20 brumaire (10 novembre 1794), une nouvelle escarmouche
oppose aux abords du club

Weitere Kostenlose Bücher