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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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notamment lors des violences qui ont conduit à la
fermeture du club des Jacobins.
    « Mais ce soir, disent-elles, les cravates des
muscadins seront à bon marché. Nous aurons de belles chemises. Nous verrons
comme ils ont le corps fait. Leurs têtes feront un bel objet au bout des piques ! »
    Dés groupes d’hommes les rejoignent devant les Tuileries.
    « C’est la lutte entre les mains noires et les mains blanches,
crient-ils, il faut que ces coquins-là pètent. »
    Les portes de la Convention sont forcées, la foule fait
irruption dans la salle :
    « Les voilà, les gredins ! » dit l’une des
femmes en désignant les députés.
    Elle est marchande de tabac dans le couloir qui conduit à la
salle des séances.
    « Je les connais, crie-t-elle. Ce sont des scélérats
qui nous font mourir de faim. Ils vont chez les restaurateurs. Nous allons les
arranger. »
    Des gendarmes, des militaires tentent de résister au flot, de
le refouler. En vain.
    On crie : « Du pain ! Du pain ! »
    On bouscule les soldats, on les insulte.
    « À bas les épaulettes, il n’y a plus d’autorité, le
peuple est en insurrection. Il n’y a plus besoin d’ordre, le peuple commande. »
    Un autre sans-culotte crie :
    « Égorgeons tous ces coquins-là ! Il faut battre
le fer pendant qu’il est chaud. C’est aujourd’hui le grand coup de chien, il ne
faut pas les manquer. »
     
    Les heures passent, la tension monte. Des muscadins tentent
de repousser les manifestants, y parviennent, puis sont à leur tour submergés.
    Boissy d’Anglas occupe le fauteuil de la présidence.
    Des coups de feu au pied de la tribune.
    Un député, Féraud, s’élance, fait face, tente d’empêcher une
nouvelle bande d’entrer dans la salle. Il est assommé à coups de sabots, traîné
hors de l’enceinte, achevé par un marchand de vin qui lui « coupe la tête
comme une rave », la prend par les cheveux, la jette à la foule qui la
porte au bout d’une pique dans l’Assemblée, la présente à Boissy d’Anglas qui, le
visage blanc, la salue.
    On aurait confondu Féraud avec Fréron.
    On promène sa tête place du Carrousel.
    Il est onze heures et demie du soir, on crie :
    « Voilà les muscadins foutus ! Voilà Fréron tué !
On porte sa tête ! Quel triomphe pour les patriotes ! »
     
    Dans la salle de la Convention, la « crête » de la
Montagne, ces quelques députés – Romme, Duquesnoy, Goujon – se décident à agir,
à présenter des décrets qui sont adoptés.
    Bref succès. Une petite troupe armée de baïonnettes et de
sabres conduite par Legendre et composée de « bons citoyens »
disperse les « crétois », et la foule qui n’oppose aucune résistance
quitte l’Assemblée.
    « Je ne puis concevoir comment ils purent disparaître d’une
manière si instantanée », dit La Révellière-Lépeaux.
    La peur serrant encore leurs ventres dorés, les
Thermidoriens, Fréron, Tallien, Barras, Legendre hurlent :
    « À bas les assassins ! », « Vengeance
prompte ! »
    On décrète l’arrestation des députés de la crête de la
Montagne qui se sont placés du côté des émeutiers.
    On rassemble la Jeunesse dorée.
    Il est deux heures du matin, ce 2 prairial an III (21 mai
1795).
     
    Rien n’est encore joué alors que commence cette deuxième
journée insurrectionnelle.
    On entend, dit un témoin, les « féroces hurlements »
des insurgés. Ils ont occupé l’Hôtel de Ville, fraternisé avec les canonniers
qui le défendaient.
    Ils crient « Du pain et la Constitution de 93 ! »,
mais sans agir, incertains, envoyant à la Convention des pétitionnaires, imaginant
qu’ils ont gagné la partie, alors qu’au contraire, Barras, Tallien, Fréron rassemblent
des troupes, sous le commandement de plusieurs généraux, Dubois, Montchoisi, Menou.
    Et les insurgés sont surpris quand tombent sur les faubourgs
les premiers obus.
    Mais le 3 prairial, troisième journée insurrectionnelle, les
sans-culottes réussissent à étriller, à chasser des faubourgs une troupe de
muscadins qui s’y est aventurée, imaginant vaincre facilement.
    Et la panique est grande dans leurs rangs.
    « Mes amis, crie un député, tout est perdu ! Les
factieux ont le dessus. La Convention n’existe plus. Songez donc à votre sûreté.
Partez donc si vous ne voulez pas tomber sous les coups des scélérats. »
    Il a vu, dit-il, la Convention menacée par les canons
commandés par un Noir de

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