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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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Strand,
trop fier pour s'exposer encore à un refus, et d'un esprit trop
généreux pour vouloir envelopper dans son chagrin ou sa ruine
quelque honnête commerçant qui aurait été assez faible pour lui
donner asile. Il errait donc dans une des rues parallèles à la
Tamise, marchant au hasard, d'un air soucieux, et pensant à des
choses bien anciennes dans son souvenir, quand il entendit un
domestique crier à un autre en face, par la fenêtre, que la
populace était en train de mettre le feu à Newgate.
    À Newgate ! où était son homme ! Sa
force défaillante lui revint, et son énergie, sur le moment, fut
dix fois plus puissante que jamais. Quoi ! se pourrait-il
faire… S'ils allaient délivrer l'Assassin… et que lui, Haredale,
après tout ce qu'il avait déjà souffert, finit par mourir sans
avoir pu se laver du soupçon d'avoir égorgé son frère !
    Sans savoir seulement qu'il se dirigeait vers
la prison, il ne s'arrêta que quand il fut en face d'elle. La foule
y était en effet, serrée et pressée en une masse épaisse, sombre,
mouvante ; et on voyait les flammes prendre leur essor dans
les airs. La tête lui tournait, mille lumières dansaient devant ses
yeux, et il se débattait contre deux hommes qui arrêtaient son
élan.
    « Non, non, disait l'un ;
possédez-vous, mon bon monsieur. Nous attirons ici l'attention.
Allons-nous-en. Qu'est-ce que vous voulez faire dans tout ce
monde-là ?
    – C'est égal, le gentleman est pour qu'on
fasse quelque chose, dit l'autre, l'entraînant tout en parlant. Je
lui sais toujours gré de ça ; je lui en sais bon
gré. »
    Pendant ce temps-là ils avaient gagné une cour
près de là, tout à fait à côté de la prison. Lui, il les regardait
tour à tour, et, en essayant de se remettre, il sentit qu'il
n'était pas bien ferme sur ses jambes. Le premier qui lui avait
parlé était le vieux gentleman qu'il avait vu chez le
lord-maire ; l'autre était John Grueby, qui l'avait si
bravement soutenu à Westminster.
    « Qu'est-ce que cela veut dire ?
demanda-t-il d'une voix défaillante. Où donc nous sommes-nous
rencontrés ?
    – Derrière la foule, répondit le
distillateur ; mais venez avec nous. Je vous en prie, venez
avec nous. Il me semble que vous connaissez mon ami que
voilà ?
    – Certainement, dit M. Haredale. le
regardant avec une sorte de stupeur.
    – Eh bien ! il vous dira, reprit le
vieux gentleman, que je suis un homme à qui vous pouvez vous fier.
Il me connaît, c'est mon domestique. Il était ci-devant (comme vous
savez, je crois) au service de lord Georges Gordon ; mais il
l'a quitté, et, par pur intérêt pour moi et quelques autres
victimes désignées de l'émeute, il est venu me donner les
renseignements qu'il a pu recueillir sur les desseins de ces
misérables.
    – C'est vrai, monsieur, dit John, mettant
la main à son chapeau ; mais vous savez, à une
condition : c'est que vous ne porterez pas témoignage contre
milord… Un homme égaré, monsieur ; mais au fond un bon homme.
Ce n'est pas milord qui a jamais conduit ces complots.
    – C'est une condition que j'observerai,
vous pouvez en être sûr, répliqua le vieux distillateur. Je vous le
garantis sur mon honneur. Mais venez avec nous, monsieur, je vous
en prie, venez avec nous. »
    John Grueby, sans joindre ses instances à
celles de son maître, adopta un autre moyen de persuasion plus
direct, en passant son bras dans celui de M. Haredale, pendant
que son maître en faisait autant de son côté, et en l'emmenant au
plus tôt.
    M. Haredale, à l'étrange égarement de sa
tête, et à la difficulté qu'il éprouvait à fixer ses idées,
tellement qu'il ne pouvait se rappeler ses nouveaux compagnons deux
minutes de suite sans les regarder tour à tour, sentit qu'il avait
le cerveau troublé par l'agitation et la souffrance qui l'avaient
assailli depuis quelque temps, et auxquelles il était encore en
proie : il se laissa donc emmener où ils voulaient. Tout le
long du chemin, il avait le sentiment qu'il ne savait plus ce qu'il
disait ni ce qu'il faisait, et qu'il avait peur de devenir fou.
    Le distillateur demeurait, comme il le lui
avait déjà dit lors de leur première rencontre, à Holborn-Hill, où
il avait de vastes magasins, et où il faisait son commerce sur une
grande échelle. Ils pénétrèrent chez lui par une porte de derrière,
pour ne pas attirer l'attention de la foule, et montèrent dans une
chambre sur le devant. Cependant les fenêtres

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