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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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échos la doublaient et la répétaient,
les hiboux la saisissaient au passage dans le vent pour y
répondre ; le rossignol, de désespoir, en perdait la voix et
allait cacher son effroi au plus épais des bois. Elle avait l'air
de presser et de stimuler la colère de la flamme en délire ;
tout était abreuvé d'une teinte écarlate ; le feu brillait
partout. La nature semblait noyée dans le sang ; et toujours
le cri impitoyable de cette voix effrayante ; la
cloche !… la cloche !
    Elle cesse, mais pour les autres, non pas pour
lui, qui en emporte le glas dans son cœur. Jamais tocsin sorti de
la main des hommes n'a eu une voix pour vous vibrer ainsi dans
l'âme, et vous répéter, à chaque son, qu'elle ne cessera pas
d'appeler le ciel à son aide. Car cette cloche-là sait bien se
faire comprendre. Il n'y a pas moyen de ne pas savoir ce qu'elle
dit :
Assassin ! assassin !
à chaque
note : cruel, barbare, sauvage assassin ! Assassin d'un
brave homme qui, dans sa confiance, avait mis sa main dans la main
de son bourreau. Rien que de l'entendre, les fantômes sortaient de
leurs tombes. Tenez ! en voilà un, dont la figure animée d'un
sourire amical se change tout à coup en une expression
d'incrédulité et d'horreur ; puis le moment d'après vous y
voyez la torture de la douleur ; il jette au ciel un regard
suppliant et tombe roide sur le sol, les yeux retournés dans leur
orbite, comme la biche aux abois qu'il avait quelquefois vue
mourir, quand il était petit enfant, qu'il tressaillait et
frissonnait… (quel triste souvenir en ce moment !) se
cramponnant au tablier de sa mère, curieux et effrayé à cette vue.
L'autre, l'étranger, tombe aussi la face sur la terre, qu'il gratte
de ses mains comme pour s'y creuser un refuge, pour y cacher, au
moins pour y couvrir son visage et ses oreilles. Mais non, non,
non. Une triple enceinte de murs, un triple toit d'airain, ne le
défendraient pas contre cette voix. L'univers, le vaste univers,
n'a point de refuge à lui donner contre elle.
    Pendant qu'il se précipitait de tous côtés,
sans savoir par où aller ; pendant qu'il restait rampant sur
la terre. sans pouvoir s'y cacher, la besogne marchait lestement
là-bas. En quittant le Maypole, les émeutiers s'étaient formés en
un corps compact, et s'étaient avancés d'un pas rapide vers la
Garenne. Devancés néanmoins par le bruit de leur approche, ils
trouvèrent les portes du jardin bien fermées, les fenêtres
barricadées, la maison ensevelie dans une obscurité profonde. Après
avoir inutilement tiré les sonnettes et frappé à la grille, ils se
retirèrent à quelques pas de là, pour se concerter et prendre
conseil sur ce qu'il y avait à faire.
    La conférence ne fut pas longue ; ils ne
soupiraient tous qu'après un même but, sous la double influence
d'une ivresse furieuse et de leurs premiers succès, qui ne les
enivraient pas moins. L'ordre étant donné de bloquer le château,
les uns grimpèrent sur la porte, ou descendirent dans le fossé pour
en escalader le revers ; d'autres franchirent le mur de
clôture, d'autres renversèrent les barreaux de défense, dont ils se
firent à chaque brèche nouvelle des armes meurtrières. Quand le
château fut complètement cerné, on envoya un petit nombre d'hommes
enfoncer dans le jardin un atelier d'outils, et en attendant leur
retour les autres se contentèrent de frapper avec violence aux
portes, en appelant les gens qui pouvaient être dans la maison, et
les sommant de venir leur ouvrir s'ils voulaient avoir la vie
sauve.
    Voyant qu'ils ne recevaient aucune réponse à
ces sommations, et que le détachement envoyé à la découverte des
outils revenait avec un supplément utile de pioches, de bêches, de
boyaux, ils leur ouvrirent un passage, ainsi qu'à ceux qui étaient
déjà armés, ou pourvus d'avance de haches, de barres de fer, de
pinces ; quand ils eurent percé à travers la foule, ils
formèrent le premier rang des assaillants, tout prêts à faire le
siège en règle des portes et des fenêtres. Il n'y avait pour le
moment parmi eux pas plus d'une douzaine de torches allumées ;
mais après tous ces préparatifs on distribua des flambeaux qui
passèrent de main en main avec tant de rapidité, qu'en moins d'une
minute les deux tiers au moins de toute cette masse tumultueuse
portaient des brandons incendiaires. Ils leur firent faire la roue
au-dessus de leurs têtes, en poussant de grands cris, et se mirent
à travailler les

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