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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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et la crainte se lisaient sur tous les visages.
    Chacun de nos curieux faisait à part soi ces
remarques peu rassurantes, sans les communiquer à ses camarades,
lorsqu'ils arrivèrent à une barrière qui se trouvait fermée. Ils
passaient par le Tourniquet sur la contre-allée, comme un cavalier,
venant de Londres au grand galop, appela d'un ton très ému le
garde-barrière : « Vite, vite, ouvrez-moi, au nom du
ciel ! »
    À cette prière si pressante et si véhémente,
l'homme accourut, une lanterne à la main, et se disposait à ouvrir,
lorsque, jetant par hasard les yeux derrière lui, il s'écria :
« Bonté divine ! qu'est-ce que c'est que ça ? encore
un feu ? »
    À ces mots, les trois amateurs de Chigwell
tournèrent la tête et virent à distance, juste dans la direction
d'où ils venaient, jaillir une nappe de feu qui jetait sur les
nuages une clarté menaçante, comme si l'incendie était en effet
derrière eux, semblable à un soleil couchant de sinistre
présage.
    « Si je ne me trompe, dit le cavalier, je
sais d'où partent ces flammes. Allons ! mon brave homme, ne
restez pas là pétrifié. Ouvrez-moi la porte.
    – Monsieur, lui cria le portier en
mettant la main sur la bride de son cheval, au moment où il lui
ouvrait un passage, je crois vous reconnaître, monsieur ;
croyez-moi, n'allez pas plus loin. Je les ai vus passer, je sais de
quoi ces gens-là sont capables. Ils vous assassineront.
    – Soit ! dit le cavalier, toujours
l'œil fixé sur le feu, et non sur son interlocuteur.
    – Mais, monsieur, monsieur, cria l'homme
en serrant encore davantage la bride, si vous voulez aller plus
loin, portez donc au moins le ruban bleu. Tenez ! monsieur,
ajoutât-il en détachant la cocarde de son chapeau. Si je la porte,
ce n'est pas par goût, c'est par nécessité ; c’est que j'ai
peur pour moi et pour ma maison. Prenez-la seulement pour cette
nuit… pour cette nuit seulement.
    – Faites, monsieur, faites ce qu'il vous
dit, crièrent les trois amis, se pressant autour de son cheval.
    – Monsieur Haredale, mon digne monsieur,
mon brave gentleman, je vous en prie, laissez-vous persuader.
    – Qu'est-ce que j'entends-là ?
répondit M. Haredale, se baissant pour mieux voir ;
n'est-ce pas la voix de Daisy ?
    – Oui, monsieur, répliqua le petit homme.
Laissez-vous persuader, monsieur. Ce brave homme dit vrai. Votre
vie peut en dépendre.
    – Dites-moi, reprit Haredale brusquement,
auriez-vous peur de venir avec moi ?
    – Moi, monsieur ? n-o-n.
    – Eh bien ! mettez cette cocarde à
votre chapeau. Si nous rencontrons ces gueux-là, vous leur jurerez
que je vous emmène prisonnier, parce que vous la portez. Je leur en
dirai autant moi-même : car, aussi vrai que j'espère le pardon
du bon Dieu dans l'autre monde, je ne veux pas qu'ils me fassent
grâce, pas plus que je ne leur ferai quartier, si nous en venons
aux mains ce soir. Allons ! sautez en croupe !… vite.
Tenez-moi bien par la taille, et n'ayez pas peur. »
    En un instant les voilà partis au grand galop,
dans un nuage de poussière épaisse, et toujours courant devant eux,
comme Robin des Bois.
    Par bonheur que l'excellent coursier de
Haredale connaissait bien la route : car pas une fois, pas une
seule fois, dans tout le voyage, M. Haredale n'abaissa les
yeux sur le sol, ni ne les détourna un moment de la clarté qui
serrait de but et de fanal à leur course furieuse. Une fois il dit
à demi-voix : « C'est ma maison. » Mais il ne
desserra pas les dents davantage. Quand ils arrivaient à des
endroits où le chemin était plus mauvais et plus sombre, il
n'oubliait jamais de poser sa main sur le petit homme pour bien
l'affermir en selle ; mais il n'en continuait pas moins de
garder la tête droite et les yeux fixés sur le feu, alors comme
toujours.
    La route n'était pas sans danger : car
ils avaient quitté la grand'route pour prendre le plus court,
toujours à bride abattue, par des ruelles et des sentiers
solitaires, où les roues des charrettes avaient fait des ornières
profondes, où le passage étroit était bordé de haies et de fossés,
où l'on avait sur la tête une arcade de grands arbres qui
épaississaient l'ombre et l'obscurité. Mais c'est égal, en avant,
en avant, en avant, sans s'arrêter et sans broncher, jusqu'à la
porte du Maypole, d'où ils purent voir que le feu commençait à
s'éteindre, apparemment faute d'aliment.
    « Descendons un moment, un seul moment,
Daisy, dit

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