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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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temps-là, la lune s'était
levée à l'horizon et brillait d'un grand éclat.
    Pendant qu'ils étaient là debout à écouter les
échos lointains et à espérer en vain d'entendre quelque voix
connue, des grains de poussière glissèrent du haut de cette
tourelle en bas. Ému par le moindre bruit dans ce lieu sinistre,
Salomon leva les yeux sur son compagnon, et vit qu'il venait de se
retourner vers le même endroit, qu'il observait avec une grande
attention : il était tout yeux et tout oreilles.
    M. Haredale couvrit de sa main la bouche
du petit homme, et se remit en observation. L'œil en feu, il lui
recommanda expressément, sur sa vie, de se tenir tranquille, sans
parler et sans bouger. Puis, retenant son haleine, et marchant
courbé en deux, il se glissa furtivement dans la tourelle, l'épée
nue à la main, et disparut.
    Effrayé de se voir laisser là tout seul, au
milieu de cette scène de destruction, après tout ce qu'il avait vu,
tout ce qu'il avait entendu ce soir même, Salomon l'aurait suivi,
si l'air et les manières de M. Haredale n'avaient pas eu, en
lui défendant d'avancer, quelque chose dont le souvenir le tenait,
pour ainsi dire, enchanté. Il resta donc comme enraciné à la place
où il était, osant à peine respirer, montrant dans tous ses traits
un mélange de surprise et de crainte.
    Encore des cendres qui glissent et roulent en
bas… très, très doucement… puis encore… puis encore, comme si elles
s'écrasaient sous un pied furtif. Et puis voici une figure qui se
dessine dans l'ombre, grimpant très doucement aussi et s'arrêtant
souvent pour regarder en bas ; la voilà qui poursuit son
ascension difficile, et qui disparaît aux yeux encore une
fois !
    La voici qui reparaît dans un jour obscur et
douteux ! elle est un peu plus haut, pas beaucoup, parce que
le chemin est escarpé et pénible ; elle ne peut avancer que
lentement. Quel est donc le fantôme imaginaire qu'elle poursuit
là-haut, et pourquoi donc est-elle toujours à regarder en
bas ? Cet homme ne sait-il pas qu'il est seul ? Est-ce
que par hasard il aurait perdu l'esprit dans les pertes cruelles
qu'il a pu faire cette nuit ? S'il allait se jeter la tête en
bas du haut de ce mur chancelant ! Salomon, dans sa frayeur,
se sentait défaillir et joignait les mains. Ses jambes tremblaient
sous lui ; une sueur froide inondait son pâle visage.
    S'il en avait eu la force, il aurait désobéi
aux ordres de M. Haredale, mais il était incapable de
prononcer un mot ou de faire un mouvement. Tout ce qu'il pouvait
faire, c'était de tenir sa vue fixe sur un petit coin de clair de
lune où il allait voir sans doute apparaître la figure, si elle
continuait de monter ; et, quand il la verrait arriver là, il
essayerait de l'appeler.
    Encore des cendres qui glissent et tombent,
des pierres qui roulent en bas avec un bruit, lourd et sourd.
Salomon tenait sans cesse ses yeux tendus sur le coin de clair de
lune. La figure avançait toujours, car on voyait déjà son ombre sur
la muraille. Ah ! la voilà qui reparaît… la voilà qui se
retourne… la voilà…
    Le sacristain, frappé d'horreur, avait poussé
un cri qui avait percé l'air : « Le revenant ! le
revenant ! » L'écho n'avait pas encore achevé de répéter
ce cri, qu'une autre figure à son tour passait au clair de la lune,
se jetait sur la première, la terrassait, lui mettait un genou sur
la poitrine, et lui serrait la gorge avec ses deux mains.
    « Scélérat ! cria M. Haredale
d'une voix terrible, car c'était lui, c'est donc toi qui, par une
ruse infernale, te fais passer aux yeux des hommes pour mort et
enterré, mais que le ciel avait réservé pour ce jour de vengeance.
Enfin… enfin, je te tiens, toi dont les mains sont teintes du sang
de mon frère et de celui de son fidèle serviteur que tu as répandu
après, pour cacher ton premier crime ! Toi, Rudge, double
assassin, double monstre ; je t'arrête au nom de Dieu, qui
vient de te remettre entre mes mains. Non, non. Tu aurais la force
de vingt hommes comme toi, ajouta-t-il en voyant que le meurtrier
luttait contre ses étreintes, non, tu ne m'échapperas pas, tu
resteras cette nuit dans mes serres. »

Chapitre 15
     
    Barnabé, armé comme nous l'avons vu,
continuait de se promener de long en large devant la porte de
l'écurie, enchanté de se retrouver seul, et savourant avec plaisir
le silence et la tranquillité dont il avait perdu l'habitude. Après
le tourbillon de bruit et de

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