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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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chercher à vous
consoler : ce ne serait pas moi, dans tous les cas, qui
pourrais le faire ; mais, avant de nous quitter, dites-moi une
chose, et tâchez de me le dire nettement, je vous en supplie.
Avez-vous vu Emma, ou avez-vous entendu parler d'elle ?
    – Non, dit M. Willet.
    – Vous n'avez donc vu que cette
canaille ?
    – Oui.
    – Elles se seront sauvées, j'espère,
avant le commencement de ces scènes affreuses, dit
M. Haredale, qui, au milieu de son agitation, de son désir
impatient de remonter à cheval, et de son peu d'habileté pour
débrouiller des cordes emmêlées, n'avait pas seulement défait
encore un nœud. Daisy un couteau !
    – Vous n'auriez pas, dit John regardant
autour de lui comme pour chercher son mouchoir de poche ou quelque
autre bagatelle qu'il aurait perdue, vous n'auriez pas, l'un ou
l'autre, trouvé quelque part par là… un cercueil ?
    – Willet ! » cria
M. Haredale.
    Salomon laissa tomber de ses mains le couteau,
et sentit une sueur froide lui courir tout le long du corps.
« Ciel ! s'écria-t-il.
    – C’est que, voyez-vous, continua John
sans les regarder, un moment avant de vous voir, j'ai reçu la
visite d'un mort qui allait là-bas. Et s'il avait apporté là sa
bière ou que vous l'eussiez rencontrée sur le chemin, j'aurais bien
pu vous dire le nom qu'il y avait sur la plaque. Enfin, s'il ne l'a
pas apportée, ça ne fait rien. »
    M. Haredale, qui venait d'écouter ces
paroles avec une attention palpitante, se releva à l'instant droit
sur ses pieds, et, sans dire un seul mot, emmena Salomon Daisy à la
porte, monta à cheval, le prit en croupe derrière lui, et vola
plutôt qu'il ne galopa vers cet amas de ruines, qui était encore un
château majestueux quand le soleil couchant l'avait éclairé la
veille de ses derniers feux. M. Willet les regarda, les
écouta, ramena ses yeux sur lui-même pour bien s'assurer qu'il
n'était plus garrotté, et, sans donner le moindre signe
d'impatience, de surprise ou de désappointement, retomba doucement
dans l'état léthargique dont il n'était sorti un moment que d'une
manière très imparfaite.
    M. Haredale attacha son cheval à un tronc
d'arbre, et, serrant le bras de son compagnon, se glissa doucement
le long du sentier, dans les lieux où était hier encore son jardin.
Il s'arrêta un instant à regarder ses murs fumants et les étoiles
qui envoyaient leur lumière, à travers les toits et les planchers
ouverts, jusque sur le tas de cendres et de poussière. Salomon jeta
de côté un coup d'œil timide sur sa figure, et vit que ses lèvres
étaient étroitement serrées l'une contre l'autre, que ses traits
respiraient une résolution sombre, sans qu'il lui échappât une
larme, un regard, un geste qui trahît sa douleur.
    Il tira son épée, tâta sa poitrine, comme s'il
portait sur lui d'autres armes cachées, saisit de nouveau Salomon
par le poignet, et fit, d'un pas discret, le tour de la maison. Il
regardait à chaque porte, à chaque ouverture, revenait sur ses pas,
quand il entendait seulement remuer une feuille, et cherchait à
tâtons, les mains étendues devant lui, dans chaque encoignure plus
obscure. C'est ainsi qu'ils firent tout le tour des bâtiments. Mais
ils revinrent au point de départ sans avoir rencontré aucune
créature humaine, ou sans trouver le moindre indice qu'il y eût là
quelque traînard caché.
    Après un moment de silence, M, Haredale se mit
à crier à deux ou trois reprises, puis enfin il dit tout
haut : « Y a-t-il quelqu'un de caché ici, qui connaisse
ma voix ! il n'y a plus rien à craindre : il peut se
montrer. S'il y a là quelqu'un de ma maison, je le prie de me
répondre. » Il les appela tous par leur nom, les uns après les
autres ; l'écho répéta sa voix lugubre sur bien des
tons ; ensuite tout redevint muet comme auparavant.
    Ils se tenaient au pied de la tourelle où
était suspendue la cloche d'alarme. Le feu ne l'avait pas épargnée,
et depuis, les planchers en avaient été sciés, coupés, enfoncés.
Elle était ouverte à tous les vents. Cependant il y restait un bout
d'escalier au bas duquel était accumulé un grand tas de cendres et
de poussière ; des fragments de marches ébréchées et rompues
offraient ça et là une place mal sûre et mal commode pour y poser
le pied, puis il disparaissait derrière les angles saillants du
mur, ou dans les ombres profondes que projetaient sur lui d'autres
portions de ruines : car, pendant ce

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