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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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M. Haredale, en l'aidant à sauter de cheval et
suivant ses pas. Willet, Willet, où sont ma nièce et mes
domestiques ?… Willet ! »
    Tout en poussant ces cris de détresse, il se
précipite au comptoir. Qu'est-ce qu'il voit ? L'aubergiste lié
et garrotté sur sa chaise, la salle démantibulée, dévastée, toute
sens dessus dessous… Évidemment, personne n'avait pu venir chercher
là un refuge.
    M. Haredale était un caractère fort,
accoutumé à se contraindre et à réprimer ses plus vives
émotions ; mais cet augure sinistre des découvertes auxquelles
il devait s'attendre (car, en voyant l'incendie, il avait bien
deviné tout de suite que sa maison devait être rasée) vainquit son
courage. Il se couvrit la figure de ses mains pour un moment, et
détourna la tête.
    « Johnny, Johnny, dit Salomon, et le
brave homme criait de toute sa force en se tordant les mains… mon
cher Johnny, oh ! quel changement ! Je n'aurais jamais
cru voir le Maypole en cet état, de ma vie vivante. Et le vieux
château de la Garenne, donc ! Johnny ! Monsieur
Haredale !… Ah ! Johnny ! quel affreux
spectacle !
    En même temps le petit Salomon Daisy, montrant
M. Haredale, plantait ses coudes sur le dos de la chaise de
M. Willet, et pleurait comme un veau sur l'épaule de
l'aubergiste.
    Le vieux John, pendant ce temps-là, le
laissait dire. Il restait assis, muet comme un merlan, fixant sur
lui un regard qui n'était pas de ce monde, et donnant tous les
symptômes possibles d'entière et de parfaite insensibilité à tout
ce qui se passait autour de lui. Cependant, quand Salomon ne dit
plus rien, il suivit avec ses gros yeux ronds la direction des
regards du sacristain, et commença à montrer quelque idée vague
qu'il pouvait bien y avoir là quelqu'un qui était venu le voir.
    « Vous nous reconnaissez bien, n'est-ce
pas, Johnny ? dit Salomon en se donnant un coup sur la
poitrine : Daisy, vous savez bien… dans l'église de Chigwell…
celui qui sonne les cloches… Vous rappelez-vous le petit lutrin des
dimanches dans la chapelle… hein ! Johnny ? »
    M. Willet réfléchit quelques minutes,
puis il se mit à entonner tout bas, par un instinct mécanique, à
propos au lutrin :
Magnificat anima mea…
    « C'est cela, cria vivement le petit
homme ; justement, c'est bien moi qui chante les vêpres,
Johnny. Vous y êtes, n'est-ce pas ? Dites-moi que vous êtes
tout à fait remis.
    – Remis ? dit Willet en récriminant,
comme si c'était une question à vider entre lui et sa
conscience ; remis ? ah !
    – Ils ne vous ont pas maltraité à coups
de bâton, de tisonniers, ou de tout autre instrument contondant,
n'est-ce pas, Johnny ? demanda Salomon en jetant un coup d'œil
plein d'inquiétude sur la tête de Willet. ils ne vous ont pas
battu, n'est-ce pas ? »
    John fronça le sourcil, baissa les yeux comme
s'il était absorbé dans quelque calcul d'arithmétique
mentale ; puis les releva, comme s'il cherchait au plafond le
total de l'addition rebelle ; puis les promena sur Salomon
Daisy, depuis la pointe des cheveux jusqu'à la plante des
pieds ; puis les porta lentement tout autour de la salle. Et
alors une grosse larme, ronde, plombée, et point du tout
transparente, lui roula de chaque œil, lorsqu'en branlant la tête
il répondit :
    « S'ils avaient eu seulement la bonté de
m'assassiner, combien ils m'auraient obligé !
    – Non, non, ne dites pas ça, Johnny,
reprit Daisy, la larme à l'œil ; c’est bien triste, mais ça ne
va pas jusque-là. Non, non.
    – Voyez-moi ça, monsieur, cria John,
tournant ses yeux douloureux sur M, Haredale, qui avait mis un
genou en terre pour travailler lestement à délivrer l'aubergiste de
ses liens. Voyez-moi ça, monsieur. Il n'y a pas jusqu'au Mai
lui-même, le vieux Mai, tout de bois et tout insensible qu'il est,
qui regarde tout étonné à la fenêtre, comme s'il voulait me
dire : « John Willet, John Willet, allons-nous-en piquer
une tête dans la mare la plus voisine, qui sera assez profonde pour
nous noyer, car c’est fait de nous à tout jamais. »
    – Finissez, Johnny, finissez, lui cria
son ami, non moins touché de cet effort d'imagination douloureux de
la part de M. Willet, que du ton sépulcral dont il avait parlé
du Maypole. Je vous en prie, Johnny, finissez.
    – Votre perte est grande et votre malheur
est pénible, lui dit M. Haredale jetant un regard d'impatience
vers la porte, et ce n'est pas le moment de

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