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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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le
secrétaire.
    – Eh bien ! sur l'honneur, dit le
bourreau en riant de la gorge, et en montrant Hugh du bout de sa
pipe, vous le voyez assis là : voilà votre gaillard. Mille
pipes ! monsieur Gashford, ajouta-t-il tout bas, en approchant
de lui sa chaise et le poussant du coude, c'est une fine lame,
allez ! On a autant de peine à le retenir qu'un bouledogue à
la niche. Sans moi, il allait vous jeter à bas ce catholique
romain, et, en moins de rien, vous aviez une émeute.
    – Et pourquoi pas ? cria Hugh d'une
voix hargneuse, attrapant à la volée cette dernière observation.
Qu'est-ce qu'on gagne à remettre toujours les choses ? Il faut
battre le fer tandis qu'il est chaud ; je ne connais que
ça.
    – Ah ! reprit Dennis, secouant la
tête avec une espèce de pitié pour la candeur de son jeune
ami ; vous supposez donc que le fer est chaud, mon cher
frère ? Il faut échauffer le sang des gens avant de frapper le
premier coup ; il faut les mettre en humeur. Ce n'est pas le
tout, voyez-vous, que d'aller faire quelques provocations, comme
aujourd'hui. Si je vous avais laissé faire, vous alliez nous gâter
tout pour demain, et ruiner nos affaires.
    – Dennis a parfaitement raison, dit
Gashford d'un air doucereux. Parfaitement raison. Dennis a une
grande connaissance du monde.
    – Comment ne connaîtrais-je pas le monde,
moi qui aide tant de gens à en sortir ? » fit le bourreau
en riant avec une grimace, et prononçant sa plaisanterie à
demi-voix derrière sa main.
    Le secrétaire ne manqua pas de rire pour faire
plaisir à Dennis ; puis après, se tournant vers
Hugh :
    « Vous avez pu voir, dit-il, que la
politique de Dennis est aussi la mienne. Vous avez vu, par exemple,
comme je me suis laissé tomber dès la première attaque. Je n'ai
fait aucune résistance ; je n'ai rien fait pour provoquer une
échauffourée. Grand Dieu ! je m'en suis bien gardé.
    – Ma foi ! c'est vrai, cria Dennis
avec un rire bruyant ; vous êtes tombé tout tranquillement,
monsieur Gashford, et tout de votre long, qui plus est. Je me suis
dit sur le moment : « Voilà M. Gashford fini. »
Je n'ai jamais vu personne mieux étendu sur le dos, ni plus
tranquillement que vous, à moins que ça ne fût un cadavre. C'est
que c’est un rude jouteur, ce papiste-là ; ça, c’est
vrai. »
    La figure de secrétaire, pendant que Dennis
éclatait de rire en tournant ses yeux recoquillés du côté de Hugh,
qui en faisait autant de son côté, aurait pu servir de modèle pour
un portrait du diable. Il resta assis sans rien dire, jusqu'à ce
que les autres eussent repris leur sérieux. Alors jetant un regard
autour de lui :
    « On est très agréablement ici, dit-il,
si agréablement, Dennis, que, n'était le désir particulier que m'a
témoigné milord que j'allasse souper avec lui, et voilà le moment
d'y aller, je serais tenté de rester plus tard, au risque d'être
arrêté en sortant sur mon chemin. Je suis venu vous trouver pour
une petite affaire… oui… vous vous en doutez bien. Et vous ne
pouvez manquer d'être flatté que j'aie pensé à vous pour cela. Si
nous devions un jour être obligés… on ne peut pas répondre de ça,
vous savez… La vie du monde est quelque chose de si incertain…
    – Je crois bien, monsieur Gashford, dit
en l'interrompant le bourreau avec un signe de tête plein de
gravité ; en ai-je assez vu, moi, d'incertitudes en ce qui
regarde l'existence de la vie du monde ! en ai-je assez vu, de
ces chances inattendues comme il en arrive ! nom d'une
pipe ! »
    Et, trouvant le sujet trop vaste pour pouvoir
y suffire, il se remit à fumer sa pipe en regardant les autres.
    « Je disais donc, reprit le secrétaire
lentement et avec une intention marquée, que nous ne pouvons pas
répondre de ce qui arrivera ; et, si nous devions un jour être
obligés d'avoir recours à la violence, milord (qui a souffert
aujourd'hui toutes les impertinences qu'on peut souffrir) a fait
choix de vous deux, parce que je vous ai recommandés comme de
braves et solides garçons, sur lesquels on peut compter, pour vous
donner l'agréable commission de punir cet Haredale. Arrangez-vous
avec lui, ou ce qui lui appartient, comme vous l'entendrez, pourvu
que vous ne lui fassiez pas de quartier, et que vous ne laissiez
pas deux soliveaux de sa maison debout à la place où les a mis le
charpentier. Pillez, brûlez, faites ce que vous voudrez, mais que
tout ça dégringole ; rasez-moi la place.

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