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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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vous. »
    John Willet fut tellement confondu de
l'exaspération et de l'audace de son digne fils, qu'il resta sur sa
chaise comme un homme dont l'esprit est égaré. Il regarda fixement
avec un sérieux risible le chaudron de cuivre, et chercha, mais
sans pouvoir y parvenir, à rassembler ses pensées retardataires et
à trouver une réponse. Les assistants, presque aussi troublés que
lui, étaient dans un égal embarras. Enfin, avec diverses
expressions de condoléance marmottées à demi-voix, et des espèces
de conseils, ils se levèrent pour partir, d'autant plus qu'ils
avaient une pointe de liqueur.
    Seul, notre brave serrurier adressa quelques
mots suivis et des conseils sensés aux deux parties, en pressant
John Willet de se souvenir que Joe allait atteindre l'âge viril et
ne devait plus être mené comme un enfant ; en exhortant Joe,
de son côté, à supporter les caprices de son père et à tâcher de
les vaincre plutôt par des représentations modérées que par une
rébellion intempestive. Ces conseils furent reçus comme se
reçoivent habituellement de semblables conseils. Cela ne fit guère
plus d'impression sur John Willet que sur l'enseigne extérieure de
l'auberge ; tandis que Joe, qui prit la chose aussi bien que
possible, le remercia de tout son cœur, mais en déclarant poliment
son intention de n'en faire, toutefois, qu'à sa tête, sans se
laisser influencer par personne.
    « Vous avez toujours été un excellent ami
pour moi, monsieur Varden, dit-il comme ils étaient hors du porche,
et que le serrurier s'équipait pour retourner à la maison ; je
sais que c'est par pure bonté que vous me dites ça ; mais le
temps est quasi venu où, le Maypole et moi, il faudra nous
séparer.
    – Pierre qui roule n'amasse pas mousse,
Joe, dit Gabriel.
    – Les bornes de la route n'en amassent
pas beaucoup non plus, répliqua Joe, et, si je ne suis pas ici
comme une borne, je n'en vaux guère mieux, et je ne vois guère plus
de monde.
    – Alors, que voudriez-vous faire,
Joe ? poursuivit le serrurier, qui se frottait doucement le
menton d'un air réfléchi. Que pourriez-vous être ? où
pourriez-vous aller ? songez-y !
    – Je dois me fier à ma bonne étoile,
monsieur Varden.
    – Mauvaise chose. Ne vous y fiez pas. Je
n'aime point ça. Je dis toujours à ma fille, quand nous causons
d'un mari pour elle, de ne jamais se fier à sa bonne étoile, mais
de s'assurer d'avance un excellent homme, un fidèle époux, parce
que, une fois en ménage, ce ne sera pas son étoile qui la rendra
riche ni pauvre, heureuse ni malheureuse. Mais qu'avez-vous donc à
vous remuer comme ça, Joe ? Il ne manque rien au harnais,
j'espère ?
    – Non, non, dit Joe, trouvant néanmoins
quelques sangles de plus à serrer, quelques boucles de plus à
rattacher. Mamzelle Dolly [9] va tout à
fait bien ?
    – Très bien, merci. Elle a l'air de
devenir assez gentille et pas trop méchante.
    – Pour ce qui est de ça, c'est bien vrai,
monsieur Varden.
    – Oui, oui, Dieu merci.
    – J'espère, dit Joe après un peu
d'hésitation, que vous ne parlerez pas de ma sotte histoire, du
horion que j'ai reçu comme si j'étais un petit garçon, car c'est
comme ça qu'on me traite ici, du moins jusqu'à ce que j'aie pu
rattraper mon individu et régler mon compte avec lui. Alors, je
vous permettrai d'en parler.
    – En parler ! mais à qui en
parlerais-je ? On le sait ici, et je ne rencontrerai
probablement nulle autre personne ailleurs qui se soucie de le
savoir.
    – C'est bien vrai, dit le jeune homme en
soupirant. J'avais complètement oublié ça ; oui, c'est vrai,
bien vrai ! »
    En disant ces mots, il se redressa, la figure
toute rouge, sans doute à cause des efforts qu'il avait faits pour
sangler et boucler partout ; puis, donnant les rênes au
serrurier, qui avait pris place dans sa voiture, il soupira
derechef, et lui souhaita le bonsoir.
    « Bonsoir ! cria Gabriel.
Réfléchissez maintenant à ce que nous venons de dire ; ayez
des idées plus saines. Pas de coups de tête. Vous êtes un brave
garçon ; je m'intéresse à vous, et je serais désolé de vous
voir vous mettre vous-même sur le pavé. Bonsoir ! »
    Répondant par un souhait cordial à son adieu
encourageant, Joe musa jusqu'à ce que le bruit des roues eût cessé
de vibrer dans ses oreilles, et alors, secouant la tête avec
tristesse, il rentra.
    Gabriel se dirigeait vers Londres, pensant à
une foule de choses, et surtout au style

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