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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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bas de sa voiture. Qu'est-ce que c'est donc ?
quoi ! Barnabé ? »
    Celui qui tenait la torche rejeta en arrière
la longue chevelure éparse sur ses yeux ; et, faisant aussitôt
volte-face, il fixa sur le serrurier un regard où se lisait toute
son histoire.
    « Vous me reconnaissez,
Barnabé ? » dit Varden.
    Il fit un signe affirmatif, non pas une fois,
ni deux fois, mais une vingtaine de fois, d'une manière tellement
bizarre et exagérée qu'il aurait remué sa tête pendant une heure,
si le serrurier, le doigt levé en fixant sur lui un œil sévère, ne
l'eût fait cesser, puis, montrant le corps, ne l'eût interrogé du
regard.
    « Il y a du sang sur lui, dit Barnabé en
frissonnant. Ça me fait mal.
    – D'où vient ce sang ? demanda
Varden.
    – Du fer, du fer, du fer, répliqua
l'autre d'un ton farouche, en imitant avec sa main l'action de
donner un coup de poignard.
    – Quelque voleur. » dit le
serrurier.
    Barnabé le saisit par le bras et fit encore un
signe affirmatif ; puis il indiqua la direction de la
ville.
    « Ah ! dit le vieillard en se
penchant sur le corps et se retournant pour parler à Barnabé, dont
la pâle figure brillait d'une lueur étrange qui n'était point celle
de l'intelligence, le voleur s'est sauvé par là ? Bien, bien,
ne vous occupez pas de ça pour l’instant. Tenez, ainsi votre
torche, un peu plus loin, c'est ça. À présent, restez tranquille
pendant que je vais tâcher de voir quelle est sa
blessure. »
    Cela dit, il s'appliqua à examiner de plus
près le corps étendu à terre, tandis que Barnabé, tenant sa torche
comme on le lui avait recommandé, regarda en silence, fasciné par
l'intérêt ou la curiosité, mais repoussé néanmoins par quelque
puissante et secrète horreur qui imprimait à chacun de ses nerfs un
mouvement convulsif.
    Debout comme il était alors, reculant
d'effroi, et cependant à demi penché en avant pour mieux voir, sa
figure et toute sa personne étaient en plein dans la vive clarté de
la torche et se révélaient aussi distinctement que s'il eût fait
grand jour. Il avait environ vingt trois ans, et, quoique maigre,
il était d'une belle taille et solidement bâti. Sa chevelure rouge,
très abondante, pendait en désordre autour de sa figure et de ses
épaules, donnant à ses regards sans cesse en mouvement une
expression qui n’était pas du tout de ce monde, rehaussée par la
pâleur de son teint et l'éclat vitreux de ses grands yeux
saillants. Quoi qu’on ne pût le voir sans saisissement, sa
physionomie était bonne, et il y avait même quelque chose de
plaintif dans son visage blême et hagard. Mais l'absence de l'âme
est bien plus terrible chez un vivant que chez un mort, et chez cet
être infortuné les facultés les plus nobles faisaient défaut.
    Il portait un habillement vert, décoré çà et
là assez gauchement, et probablement par ses propres mains d’un
somptueux galon, plus éclatant à l’endroit où l'étoffe était plus
usée et plus sale. Une paire de manchettes d'un faux goût
pendillaient à ses poignets, tandis que sa gorge était presque nue.
Il avait orné son chapeau d'une touffe de plumes de paon, mais
flasques et cassées à présent, elles traînaient négligemment
derrière son dos. À sa ceinture brillait la garde d’acier d'une
vieille épée sans lame ni fourreau, quelques bouts de rubans
bicolores et de pauvres colifichets de verre complétaient la partie
ornementale de son ajustement. La disposition confuse et
voltigeante de tous les morceaux bigarrés qui formaient son
costume, trahissait, aussi bien que ses gestes vifs et capricieux,
le désordre de son esprit, et, par un grotesque contraste, mettait
en relief l'étrangeté plus frappante encore de sa figure.
    « Barnabé, dit le serrurier, après un
rapide mais soigneux examen, cet homme n'est pas mort ; il a
une blessure au flanc, mais il n'est qu'évanoui.
    – Je le connais, je le connais !
cria Barnabé en claquant des mains.
    – Vous le connaissez ? reprit le
serrurier.
    – Chut ! dit Barnabé en mettant ses
doigts sur ses lèvres. Il était sorti aujourd'hui pour aller faire
sa cour. Je ne voudrais pas, pour un beau louis d'or, qu'il
retournât encore faire sa cour ; car, s'il y retournait, je
sais des yeux qui perdraient bientôt leur éclat, quoi qu'ils
brillent comme… À propos d'yeux, voyez-vous là-haut les
étoiles ? De qui donc sont-elles les yeux ? Si ce sont
les yeux des anges, pourquoi

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