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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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Non, non. Je… je n'ai pas
eu cette idée, répliqua l'autre en lui donnant une poignée de main,
se levant de son siège, et se promenant autour de la chambre avec
agitation. Savez-vous qu'on se sent fier de mener le peuple,
Gashford ? ajouta-t-il en faisant une halte soudaine.
    – Et par la force de la raison, répondit
son flatteur.
    – Oui, bien sûr. Ils peuvent tousser, se
moquer et grogner dans le parlement ; ils peuvent me traiter
de fou et d'insensé : mais quel est celui d'entre eux qui peut
soulever cet océan humain et le faire enfler et rugir à son
gré ? Pas un.
    – Pas un, répéta Gashford.
    – Quel est celui d'entre eux qui peut se
vanter comme moi, à l'honneur de son caractère, d'avoir refusé du
ministre un présent corrupteur de mille livres sterling par an pour
résigner son siège en faveur d'un autre ? Pas un.
    – Pas un, répéta de nouveau Gashford en
prélevant, dans l'intervalle, la part du lion sur le bol de vin
chaud aux épices.
    – Et comme nous sommes d'honnêtes gens,
des gens sincères, les défenseurs fidèles d'une cause sacrée,
Gashford, dit, en mettant sa main fiévreuse sur l'épaule de son
secrétaire, lord Georges, dont le teint s'animait et dont la voix
s'élevait à mesure qu'il parlait, comme nous sommes les seuls qui
prenions souci de la masse du peuple, et dont elle prenne souci à
son tour, nous la soutiendrons jusqu'à la fin ; nous
pousserons, contre ces Anglais renégats qui se sont faits papistes,
un cri qui retentira au travers du pays, et y roulera avec un
fracas comparable au tonnerre. Je serai digne de la devise de ma
cotte d'armes :
Appelé, élu et fidèle.
 »
    – Appelé, dit le secrétaire, par le
ciel.
    – Je le suis.
    – Élu par le peuple.
    – Oui.
    – Fidèle à tous deux.
    – Jusqu'au billot ! »
    Il serait difficile de donner une idée
complète de l'excitation avec laquelle il fit ces réponses à chaque
appel de son secrétaire, de la rapidité de son débit, ou de la
violence de son accent et de ses gestes. Quelque chose de farouche
et d'ingouvernable, luttant contre sa tenue puritaine, forçait
toute contrainte. Pendant plusieurs minutes il marcha de long en
large dans la pièce à pas précipités ; puis, s'arrêtant
soudain, il s'écria :
    « Gashford, vous aussi, vous les avez
émus. Oh ! oui, et bien émus.
    – Un reflet de l'auréole de milord,
répliqua l'humble secrétaire en plaçant sa main sur son cœur. J'ai
fait de mon mieux.
    – Vous avez bien parlé, dit son maître,
et vous êtes un grand et digne instrument. Si vous voulez sonner
John Grueby pour qu'il apporte la valise dans ma chambre, et
attendre ici que je sois déshabillé, nous réglerons les affaires
comme de coutume, si toutefois vous n'êtes pas trop fatigué.
    – Trop fatigué, milord !… mais je
reconnais bien là votre charité ! Chrétien de la tête aux
pieds. »
    En s'adressant ce soliloque, le secrétaire
inclina le bol et regarda très sérieusement au fond ce qu'il y
restait de vin chaud.
    John Willet et John Grueby parurent ensemble.
L'un se chargeant des hauts chandeliers, et l'autre du
portemanteau, ils conduisirent à sa chambre le lord dupé ; ils
laissèrent le secrétaire seul bâiller et se secouer, puis
s'endormir enfin devant le feu.
    « Maintenant, monsieur Gashford,
monsieur, lui dit John Grueby à l'oreille, lorsqu'il reconnut que
le secrétaire avait perdu un moment connaissance, milord est
couché.
    – Ah ! très bien John, répondit-il
doucement : merci, John. Personne n'a besoin de veiller. Je
sais quelle est ma chambre.
    – J'espère que vous n'allez pas troubler
davantage votre tête, ni celle de milord, avec Marie la Sanglante,
à cette heure de la nuit, dit John. Plût à Dieu que cette
malheureuse vieille créature n'eût jamais existé !
    – J'ai dit que vous pouviez vous coucher,
John, répliqua le secrétaire. Vous ne m'avez pas entendu, je
pense ?
    – Avec toutes ces Maries sanglantes, ces
cocardes bleues, ces glorieuses reines Besses [26] ,
ces Pas de Papistes, ces Associations protestantes, et cette fureur
de faire des speechs, poursuivit John Grueby, regardant, comme
d'habitude, fort loin devant lui, et sans tenir compte de
l'avertissement de Gashford, milord a perdu la tête ou peu s'en
faut. Quand nous sortons, un tel ramas de bélîtres vient crier
après nous : « Vive Gordon ! » que j'en suis
honteux et ne sais où regarder. Quand nous sommes au logis,

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