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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ornements, et de la
coupe la plus simple et la plus sobre. La gravité de son costume,
jointe à la maigreur de ses joues, et à la roideur de son maintien,
lui donnait bien dix ans de plus, mais c'était un homme qui n'avait
point passé la trentaine. Tandis qu'il rêvait debout à la rouge
lueur du feu, on était frappé de voir ses grands yeux brillants,
qui trahissaient une continuelle mobilité de pensées et de
desseins, singulièrement en désaccord avec le calme étudié et le
sérieux de sa mine, ainsi qu'avec son bizarre et triste costume. Sa
physionomie n'avait rien d'âpre ni de cruel dans son expression,
non plus que sa figure, qui était mince et douce et d'un caractère
mélancolique, mais l'une et l’autre annonçaient un indéfinissable
malaise, qu'on ne pouvait voir sans en prendre sa part et sans
éprouver une sorte de pitié pour ce personnage, quoiqu'on eût été
bien en peine de dire pourquoi.
    Gashford, le secrétaire, était plus grand, de
formes anguleuses, haut des épaules, décharné et disgracieux. Son
habillement, à l’imitation de son supérieur, était modeste et grave
à l'excès, il y avait dans ses manières quelque chose d'officiel et
de contraint. Il avait des sourcils proéminents, de grandes mains,
de grands pieds, de grandes oreilles, et une paire d'yeux qui
semblaient avoir battu en retraite au fond de sa tête, et s'y être
creusé une caverne pour se cacher. Ses manières étaient douces et
humbles, mais tortueuses et évasives. Il avait l'air d'un homme
toujours à l’affût sur le passage de quelque proie qui ne voulait
pas venir, mais il paraissait patient, très patient, comme un
épagneul en arrêt, qui remue la queue sans bouger. Même en ce
moment, tandis qu'il chauffait et frottait ses mains devant le feu,
il ne semblait pas avoir d'autre prétention que de jouir de cette
chaleur, pour sa part, comme un simple roturier ; et, bien
qu'il sût que son maître ne le regardait pas, il jetait de temps en
temps les yeux sur sa figure, et, d'un air soumis et plein de
déférence, il souriait comme pour ne pas en perdre l'habitude.
    Tels étaient les hôtes sur lesquels le vieux
John Willet fixait son œil de plomb, les examinant sans relâche. Il
s'avança vers eux alors, tenant un chandelier d'apparat de chaque
main, et les supplia de le suivre dans une pièce plus digne d'eux.
« Car, milord, dit John (c'est assez étrange, mais il y a des
gens qui semblent avoir autant de plaisir à prononcer des titres
que ceux qui les ont en éprouvent à les porter), cette salle,
milord, n'est pas du tout faite pour Votre Seigneurie, et je dois
demander pardon à Votre Seigneurie de vous avoir laissé ici,
milord, une seule minute. »
    Après cette allocution, John les conduisit en
haut dans l'appartement d'apparat, qui, semblable en cela à
beaucoup d'autres choses d'apparat, était froid et incommode. Le
bruit de leurs pas, se répercutant à travers la chambre spacieuse,
frappait leurs oreilles d'un son creux ; et l'atmosphère
humide et glaciale qui y régnait était rendue doublement fâcheuse
par son contraste avec la chaleur de la salle vulgaire qu'ils
venaient d'abandonner.
    Il aurait été inutile toutefois de proposer
d'y revenir, car les préparatifs se firent si prestement qu'on
n'aurait pas eu seulement le temps de les contremander. John,
tenant de chaque main les hauts chandeliers, précéda les gentlemen
vers la cheminée avec une profonde révérence ; Hugh, entrant à
grands pas, jeta un tison allumé et une pile de menu bois sur
l'âtre, qui fut bientôt en feu ; John Grueby, portant à son
chapeau une cocarde bleue pour laquelle il paraissait avoir un
souverain mépris, déposa sur le plancher le portemanteau dont il
avait déchargé son cheval ; et tous les trois s'occupèrent à
l'instant avec activité de développer le paravent, de mettre la
nappe, d'inspecter les lits, d'allumer du feu dans les chambres à
coucher, d'accélérer le souper, et de rendre toute chose aussi
commode et aussi confortable qu'il était possible de le faire à si
court délai. En moins d'une heure, le souper avait été servi,
mangé, desservi ; lord Georges et son secrétaire, tous deux en
pantoufles, les jambes étendues devant le feu, étaient assis auprès
d'un bol de vin chaud bien épicé.
    « Ainsi se termine, milord, dit Gashford
en remplissant son verre avec une grande aménité, l'œuvre bénie
d'un jour béni du ciel.
    – Et d'une veille également bénie, dit

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