Bastard battle
trop solides et pierreux pour être détruicts. On se contentait de jeter les reliques en lieux prophanes, par préférence en lisiers puants. Item les corporaux et habillements d’église. Quand on ne les portait pas pour des messes espéciales, ribaudes et sabbatiques. Tout mobilier détruict et ars. Toute vaisselle fondue et refaicte. À Fontenay, la croix servit pour le prieur. Dans le cloître, lors que la troupe attachait ce qu’il fallait de corde aux chapiteaux pour les estirements coutumiers et que le bastard traînait le vieux par la peau, la communauté eut un mouvement de révolte. Il s’en tua par brassées. Et bienheureux iceulx qui furent occis premièrement car aux aultres, on arracha dents et langue. Puis au pied de leur prieur desnudé crucifié dont le sang coulait noir sur la croix, tous ces moynes aux bouches rouges furent percés de flèches. Au mitan du jour, le vieux rendit gorge à son tour, sans un cri. Suspendu trois toises au-dessus de ses brebis hérissées, lévitant, en gloire, délivré. Dégousté, le bastard abattit la croix à la hache et compissa tout du long le martyr. Il en était là, andouille en main, quand arriva emmi le cloître dévasté un novice chargé d’un boisseau de simples. Lequel chut à ses pieds une fois qu’il eut embrassé toute la scène. Le Petit Estrac, lieutenant des plus zélés, le chopa par la ceinture et le tira vers sa dague. Un instant plus tard, le novice était nu comme Adam, seul debout, seul vivant et dans la lumière blanche du jour, on vit aussi qu’il était plein de poux. Aligot de Bourbon en hurla de rire. Il s’approcha, toucha le jeune homme à la poitrine et lui proposa un marché. La vie sauve s’il parvenait à couper, en frappant de taille, un de ses poux sur son corps. Il lui tendit sa dague. L’aultre la prit. Non sans qu’un éclair lui passe dans l’œil une fois qu’il l’eut touchée. Mais les lieutenants veillaient. Il s’assit. Il regarda le bastard, regarda le cloître, son prieur démâté, ses frères mutilés et morts, puis il regarda ses cuisses où sautaient les poux. Lors levant la dague, il se frappa. Une fois puis deux puis trois. Sur les cuisses, puis sur le bras, sur le ventre. Les poux filaient en tous sens. Le sang qui coulait sur eulx en ruisseaux les affolait, affolait le novice qui se frappait de plus en plus vite et fortement avec des tressautements de douleur, en proie à une fureur contenue contre lui retournée. Il était parti pour se tuer quand apparut dans le cloître, par le chemin qu’il avait pris, une estrange figure de noire vestue. Un vieux homme frêle, silencieux, tonsuré fors une queue de cheveux tressés et portant à senestre un sabre courbe. Icelui ne jeta pas même un coup d’œil au cloître. Passant devant le bastard sans lui tourner le dos, se mit face au novice qui le regardait, béant, la dague levée, coulant de partout le sang et les pleurs. Le vieux homme fixa la joue glabre et se tint là devant le jeune homme, les pieds bien à platz, immobile un long temps, respirant à peine, puis d’un seul mouvement, il défeurra, porta le sabre sur son visage et l’ôta. Il fit encor un hochement brief et rengaina. Lors se tournant vers le bastard, lui fit signe d’aller voir. Et que vit il sinon comme nous aultres : la joue en rien n’était marquée mais sur la pommette, deux doigts en sous l’œil gauche, un pou par son milieu coupé net. Le Bourbon d’abord ne fit pas un geste. Puis tendit la main vers le novice qui lui remit sa dague. La ramena doucement vers lui, passant près de la maigre barbe du vieux homme. Il allait pour la mettre à sa ceinture mais sa main bégaya et partit comme un éclair vers la gorge du sabreur qui sortit en un éclair encor plus vif son arme courbe dont la pointe se posa sur le cuer du bastard avant même qu’il eut terminé son geste. Alors le bastard reculant, le vieux homme avançant, pas à pas, sans qu’aulcun des lieutenants ni compaignons se risquent à s’en mesler, Bourbon fut sorti de l’abbaye, nous aultres à sa suite, par la fine pression du sabre. Sur ordre, nous partîmes à cheval par devant. À dix lieues de Chaumont, le bastard nous atteignit, blanc comme un linge, déconfit. Son petit Estrac voulut tourner bride pour le venger. Il prit une fabuleuse talmouse par la gueule qui lui fit vider les arçons. Et le bâtard prévint :
— Que ja on m’en reparle. J’ay dit. Aulcun corps, nobody, never, ne lui recorda
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