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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Céline Minard
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ce revers. Nonobstant, icelui ne lui sortait de l’esprit, non plus la démone, non plus les Vergy et Chateauvillain. Il était ainsi faict, très susceptible, que la moindre injure, mesme vénielle, devait être lavée dans le sang de qui l’avoit dicte ou voysin. À son sens, le novice Oudinet laissé vif dans le cloître de Fontenay était un affront sur pied. Ce gaminot de demi-moynillon qui n’avait finalement point été morti lui pesait sur le cuer. Et le bastard préférait ne pas s’ensouvenir du sabreur qui l’avoit pris d’habileté, préférait reporter son ire frustrée sur cedit inoffensif novice. Ainsi son foie était-il plein de ces ennemys déportés et mauplacés et ainsi lors qu’il abattait sa dague sur la teste d’innocens, se trouvait-il justifié.

5
    En fin dudit mois d’août mil quatre cent trente-sept, très brûlant de chaleur, moult orages éclataient incontinent tant au matin qu’à la brune, et claquait la foudre à tout-va, cassant les arbres, dépouillant les bestes malabritées, desnudant par fois quelque vilain égaré aussi bien qu’escorcheurs en vadrouille, sans plus de pitié, aveuglément. Les chaumières brûlaient ci et là comme mesche de lampe gorgées d’huylle et les tombereaux de pluye qui les noyaient ne sauvaient rien, emportaient cendres et gravats.
    Sur la terre assoiffée, roulaient des torrents de boue qui défonçaient les villaiges en une matinée et le midi les retrouvait secs comme l’os. Les poissons crevaient de chaleur dans les rivières taries. La puanteur était dans l’air aux étangs, aux prairies, aux champs et partout dans les murs.
    En Chaumont, les relents étaient quasi ceulx d’une tannerie comme par en bas, une infection. Certains païs, y compris des prêtres, voyaient en cela la main de deus armée du soufflet pestilentiel destiné à chasser le bastard de Bassigny et purifier la Bourgogne tout entière. Mais d’aultres s’en riaient et appelaient de leurs vœux, à bout de nerfs, l’urine du diable en trombe de chaude pisse sur l’ensemble des terres émergées. Qu’on en finisse.
    Le bastard avait un sens pour tout orage. L’eau étant putride, nous fîmes à Gevrey et Chambertin provende de vin, nous prîmes charretées de blez et troupeaux blancs en charolais, puis, bien dans nos murs, nous demeurâmes. Attendant que passent les grondements et les foudres. Sans plus courir ni près ni loin.
    Et cette vie aurait pu être doulce. Mais tout enrageait le bastard. Les mousches, le sec quand le temps était sec, l’humide quand il pleuvait, le crépuscule, le point du jour, le poids du ciel et par en sus tout, l’oisiveté. Il pourpensait pendant des lustres sur le bréviaire des coquillards et sortait tout d’un coup du donjon, l’épée en main, hors de lui, dévé jusqu’à la moelle, feraillant les fantômes. Il voyait le spectre de son père, la nuit, sur les murailles et conchiait la noblesse. En songe, il piétinait les armes françoyses, d’Aragon et de Castille, de Sicile ; les Lancastre lui sortaient par les œilz item les anciens preux de Barcelone et Valence et toute cette engeance de nobles croisés et caetera. Il rêvait de saigner comme gourretz ses collatéraux reconnus, adoubés, ses aïeux déjà passés et sa descendance de forceur, plus bastarde encor que lui-mesme.
    Ses lieutenants, en vain, cherchaient à le distraire. Mais il dédaignait les paysannes et paysans pris, les gens d’église avaient à ses œilz perdu leur attrait, il s’enrou-pillait aux pires tortures.
    On parla de rattraper Boudricourt, il s’amusa un temps de l’idée puis retomba en ses nonchalances et accès de rage. Ce qui fut ainsi jusqu’à ce que son Grand Estrac lui porte une lettre qui fit mieux que l’éveiller : le convulsa tout à fait.
    Elle était signée, scellée, séparée par ABC . En tant que copiste, illustrateur et secretarius, je fus mandé pour y respondre. De mémoire, je la produis icy telle que je l’ai gardée, par amour du beau langaige et aussi par ce qu’elle fut dans cette hystoire très décisive.
    Aligot de Bourbon, second bastard du nom, bien que noble vous ne soyez que pour moitié et en mauvaise part, eu égard aux méchants forfaits et crimes par vous commis hors de tout honneur, eu égard à l’octroi déloyal que vous faites des terres et des gens bourguignons sans y avoir aulcun droit, à vos trahisons répétées envers chascun que soit seigneurs de Lorraine ou françoys ; eu

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