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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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chaleureuse reconnaissance et d'une exquise courtoisie.
    — Je vous dois, Madame, plus que la vie puisque vous avez offert refuge et protection à celle qui, pour moi, a plus de prix que le monde présent et celui qui nous est promis dans l'au-delà. Merci d'avoir été si bonne et si accueillante à ma douce Catherine ! lui dit-il en conclusion.
    Il n'y eut pas jusqu'à la vieille Mahaut qui ne reçût sa part de gratitude et ne quittât la chambre conquise par le charme de celui qu'elle avait soigné lorsqu'il était en si triste état. Seul, Gauthier manqua dans ce défilé. Nul ne savait ce qu'il était devenu. Mais un pressentiment conduisit Catherine tout droit au galetas où logeait le Normand, au fond de la cour et au-dessus des écuries.
    Elle le trouva assis sur sa paillasse, le dos rond et les mains au creux des genoux. Un petit baluchon attendrissant et soigneusement noué était posé auprès de lui. Et ce qui frappa le plus la jeune femme, ce fut l'air désarmé, abandonné du géant. Il était là, immobile et triste comme un grand enfant grondé par sa mère et qui ne sait quelle contenance tenir.
    Lorsque Catherine entra, il leva sur elle un visage marqué de chagrin et elle aurait volontiers juré qu'il avait pleuré. Était-elle destinée à voir pleurer le même jour les deux hommes qu'elle pouvait croire les plus invulnérables ? Mais elle refusa de se laisser attendrir.
    — Pourquoi ne réponds-tu pas lorsque l'on t'appelle ? demanda-t-elle assez rudement. Depuis ce matin l'on te cherche.
    Tu te caches ?
    Il secoua lentement sa grosse tête et serra très fort ses mains l'une contre l'autre. Ce geste qui était sien, car, dans les instants de détresse ou de violente émotion, elle serrait ainsi ses mains jusqu'à ce que les jointures blanchissent, éveilla brusquement en Catherine une compréhension bien proche de la tendresse. Elle s'assit auprès du géant au bord de la paillasse, désigna du doigt le baluchon.
    — Tu allais partir, n'est-ce pas ? Es-tu donc déjà las de me servir ?
    — Non, dame Catherine, mais vous n'avez plus besoin de moi, maintenant que vous avez retrouvé votre protecteur naturel. Il est le père de votre enfant, n'est-ce pas ?
    Naturellement ! Mais je ne vois pas en quoi cela te délivre de ton service auprès de moi. Souviens-toi de tes paroles, à Louviers : « Même une dame a toujours besoin d'un chien fidèle », disais-tu ? Je ne t'ai jamais, que je sache, traité comme un chien, mais bien plutôt comme un ami. Ton dévouement d'ailleurs méritait ce titre.
    Gauthier baissa la tête. Les jointures de ses mains devinrent blanches.
    — Je me souviens de tout cela et j'étais sincère alors. Je le suis toujours et mon plus ardent désir était de continuer à vous servir, de toutes mes forces... Seulement, maintenant j'ai peur...
    Un léger dédain arqua les lèvres pleines de la jeune femme.
    — Peur ? Quel étrange mot dans ta bouche !... Je croyais que les descendants des rois de la mer n'avaient peur de rien en ce bas monde ?
    — Je le croyais aussi, dame Catherine, et je continue à penser qu'il n'est pas un ennemi que je n'affronterais le cœur léger. Mais... c'est de vous que j'ai peur. Laissez-moi partir, dame Catherine, je vous en supplie...
    Quelque chose trembla dans le cœur de Catherine. Elle eut peur, elle aussi, tout à coup, peur de perdre ce rempart qu'était Gauthier et à l'abri duquel elle s'était accoutumée à vivre. S'il s'éloignait, les choses ne seraient plus comme auparavant. Il fallait qu'il restât et elle tendit sa volonté pour ce combat qu'il lui fallait gagner à tout prix.
    Non, dit-elle doucement mais nettement. Je ne te permettrai jamais de me quitter. Libre à toi de fuir, je n'ai pas la force de te retenir. Mais je ne te donnerai jamais mon consentement. J'ai besoin de toi, quoi que tu en penses, et quelque chose me dit que tu me seras toujours indispensable car, au cours de mon existence bousculée, j'ai appris ce que valait un dévouement comme le tien. J'ai retrouvé mon protecteur naturel, dis-tu ? C'est vrai, dans un sens. Mais il s'agit d'un homme amoindri, pour le moment, incapable même de soulever cette épée qu'il maniait si fermement naguère. Nous sommes proscrits, traqués, menacés de toutes parts et il ne nous serait pas possible de faire trois pas dans l'une de ces rues sans être reconnus et emprisonnés. J'attends un enfant, Dieu seul sait dans quelles conditions il pourra voir le jour !... et c'est

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