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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec un calme effrayant chez cet homme qui venait de signer la condamnation à mort de son père, êtes-vous de mon avis en ce qui concerne la santé de mon père ?…
    – J’ai approché de très près le Saint-Père, dit froidement Angelo, et je suis entièrement de votre avis, hélas !…
    –  Combien de jours lui donnez-vous à vivre ?…
    L’abbé Angelo calcula mentalement pendant une minute.
    –  Huit jours au plus.
    L’effroyable question du fils du pape et la sinistre réponse de l’abbé avaient été formulées à voix basse.
    Tout était réglé, entendu. César alla ouvrir une fenêtre et respira bruyamment. Puis, se tournant vers l’abbé :
    – Je vais retourner immédiatement au camp. De là, je me mettrai en marche sur Rome… Et vous, l’abbé, quand partez-vous ?
    – Demain matin.
    – Pourquoi pas tout de suite ?
    – Parce que, monseigneur, j’ai besoin de voir la personne qui va me remettre les remèdes indispensables et cette personne, je ne puis la voir que cette nuit.

LVI – RENCONTRE DANS LA NUIT
 
    Rosa Vanozzo, la Maga, avait quitté Raphaël Sanzio et Rosita au moment où ceux-ci avaient pris la route de Florence. Rosa était revenue directement à Tivoli et elle avait repris son poste d’observation dans la grotte du gouffre de l’Anio.
    Plusieurs jours se passèrent. Comment vécut pendant cette période la mère de César et de Lucrèce ? Quelles furent ses pensées et à quels préparatifs se livra-t-elle dans le mystère des nuits ?…
    Il est probable qu’elle passa ce temps à se procurer des intelligences dans la villa. La Maga, en fuyant Rome, avait emporté avec elle assez de pierreries et de pièces d’or pour constituer une fortune. Elle se servit de ces richesses pour gagner un ou plusieurs domestiques et se ménagea le moyen de pénétrer dans la villa quand le moment lui semblerait venu d’agir.
    Or, vers le temps, à peu près, où César Borgia se préparait à forcer le défilé d’Enfer, il arriva un soir que le pape sortit de la villa avec plusieurs personnes de sa suite, pour se promener dans les environs.
    Au moment où le pape revenait vers la villa, il faisait nuit noire. L’abbé Angelo avait accompagné son maître, comme il en avait l’habitude. À un moment, il resta en arrière du groupe formé par les personnes qui escortaient le pape : l’abbé Angelo était collectionneur ; il s’était donc arrêté pour ramasser dans l’herbe quelques vers luisants qui étincelaient d’un éclat particulier. Lorsqu’il se releva, sa besogne achevée, il aperçut tout à coup une ombre derrière un rocher…
    Il demeura immobile. Bientôt, ses yeux distinguèrent nettement l’ombre en question : c’était une femme.
    Lorsque le vieux Borgia eut disparu, cette femme demeura quelques minutes encore immobile… Puis, très distinctement, l’abbé entendit la femme qui disait :
    – Va, Rodrigue… va tranquille et calme, pendant que je souffre… l’heure approche où tu expieras tes crimes d’un seul coup.
    Angelo ne bougea pas et retint son souffle jusqu’au moment où la femme s’éloigna. Alors, il la suivit. L’abbé la vit entrer dans la caverne de l’Anio. Plusieurs jours de suite, il l’épia…
    Une nuit – peu de temps après cet événement sur lequel il garda le silence – l’abbé Angelo ne dormait pas.
    Tout à coup il tressaillit. À l’autre bout du couloir, il venait d’apercevoir quelque chose de vague et de noir qui se traînait silencieusement le long du mur.
    L’abbé Angelo demeura immobile, devant sa porte entrouverte. Dans sa chambre, il n’y avait pas de lumière. La « chose » approchait. Bientôt elle fut devant lui.
    Brusquement, Angelo allongea le bras : sa main rencontra et saisit avec violence une main, il l’attira à lui et rentra dans sa chambre dont il ferma la porte.
    – Silence ! Ou je crie et vous dénonce !…
    Alors, il alluma un flambeau. Et la Maga apparut dans la lumière. Elle regarda sans colère celui qui venait de se dresser entre elle et le pape.
    – Asseyez-vous, dit-il à voix basse, nous avons à causer… Je sais que vous venez pour tuer le Saint-Père… D’un mot je pourrais vous faire arrêter, ce serait votre mort. Ce mot, je ne le dis pas…
    – Alors, dit Rosa Vanozzo avec un calme étrange, c’est que vous aussi vous voulez tuer Rodrigue Borgia !
    – Non ! Je ne souhaite pas sa mort si sa mort doit m’être inutile. Mais il est certain

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