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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vous l’ordonne !
    – Eh bien, voici mon avis tout net : il n’y a plus qu’une autorité qui puisse s’imposer à nos rebelles, c’est l’autorité religieuse. Seul, la majesté pontificale peut encore courber les têtes. Il faudrait, monseigneur, il faudrait un pape rentrant à Rome en grande cérémonie, entouré de milliers de prêtres, de cardinaux et d’évêques… Mais pour oser une pareille cérémonie, ce n’est pas un vieillard qu’il faut !… C’est un pape jeune, fort, audacieux et qui sous sa simarre tienne le poignard tout prêt à frapper le premier insensé qui oserait murmurer !…
    En parlant ainsi, Rocasanta fixait César. Celui-ci était devenu pâle.
    – Oui, l’idée est grande et audacieuse…
    – Et si ce pape jeune dont je parle se trouvait être, en même temps, un glorieux capitaine dont la renommée est à peine atteinte par un incompréhensible revers, la rébellion s’évanouirait d’elle-même et le pouvoir pontifical serait consolidé pour longtemps peut-être, tout au moins pour le temps nécessaire à l’écrasement définitif de la révolte…
    César plongea ses yeux dans les yeux du marquis.
    – Vous voulez que je prenne la tiare ?…
    – Oui, monseigneur, dit nettement Rocasanta. C’est le seul moyen de sauver la situation.
    – Mais, fit César d’une voix sombre, pour que je sois élu pape, il faut que mon père soit déposé !… Jamais le conclave…
    – Ou qu’il meure ! interrompit Rocasanta fermement. Dieu m’est témoin que je donnerais ma vie pour prolonger les jours glorieux du Saint-Père… Mais enfin… il est vieux… la mer est bien mauvaise sur les côtes de Sardaigne, du côté de Caprera…
    César ne l’écoutait plus. Il n’entendait plus le démon tentateur qui venait de jeter dans sa tête la semence du parricide. Il s’était plongé en une sombre méditation.
    La méditation de César dura longtemps. Rocasanta, maintenant, gardait le silence et attendait. Enfin, César releva la tête et murmura.
    Le marquis comprit : Alexandre VI était condamné à mort !
    – Monseigneur, dit-il, d’une voix indifférente, si vous avez une commission… délicate à faire à Caprera, je puis vous indiquer un homme…
    – Qui est-ce ?…
    – Un jeune homme que mes fonctions m’ont permis de juger, d’étudier et d’apprécier : le lecteur de Sa Sainteté.
    – L’abbé Angelo ? s’exclama dédaigneusement César.
    – Lui-même, monseigneur ! N’en dites pas de mal ; il a une qualité précieuse ! Il est ambitieux ! Prenez un esprit médiocre et agitez devant cet esprit l’espoir d’un titre auquel il aspire en secret. Faites-lui entrevoir la possibilité de s’orner bientôt de ce titre. Nourrissez, en un mot, sa vanité. Cet homme est votre créature. Ah ! monseigneur, si vous avez quelque besogne à accomplir, ne choisissez ni un dévoué, ni un haineux, prenez un ambitieux, prenez l’abbé Angelo…
    – Je crois que vous avez raison, marquis, dit César rêveur. Mais l’abbé veut donc être évêque ?
    – En attendant mieux !
    – Je n’y vois aucun inconvénient, pour ma part.
    – En ce cas, hâtez-vous, monseigneur. Je vous l’ai dit : le temps presse. Rome s’agite. Il faut frapper un grand coup et vous imposer à l’admiration comme à l’épouvante des foules.
    – Où est l’abbé ? demanda brusquement César.
    – Il est resté à Tivoli. Voulez-vous que je le voie ?
    – Non : je vais moi-même aller à Tivoli. Retournez directement à Rome… Combien de temps pouvez-vous tenir ?
    – Quelques jours… Mais si je sais que l’événement dont nous parlons va se produire, cela me donnera des forces. Quelques bruits habilement répandus dans une ville désemparée peuvent changer la face des choses.
    – Allez donc, mon cher marquis. Et songez que votre fortune est attachée à la mienne.
    – Serais-je ici, monseigneur, si je n’en étais convaincu ?

LV – L’ABBÉ ANGELO
 
    César Borgia, ayant confié le commandement de ses troupes à un vieux reître, partit pour Tivoli avec une faible escorte. Ayant fait diligence, il y arriva le lendemain dans la soirée.
    À peine arrivé dans l’appartement qu’avait occupé son père, César fit venir l’abbé Angelo.
    L’abbé Angelo était âgé de vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Mais il en paraissait une vingtaine. C’était, en apparence du moins, le type achevé de l’abbé de cour : galant, empressé,

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