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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’une douzaine d’années tressait de l’osier. Les hommes étaient sans doute aux champs.
    – Paix et salut à vous, ma bonne vieille ! fit Ragastens selon la formule usitée.
    – Paix et santé ! répondit la vieille. Andréa, va chercher une cruche de piquette fraîche pour l’étranger que Dieu nous envoie…
    – Merci, bonne femme ! Je n’ai besoin de rien… de rien que de quelques renseignements.
    – Parlez, monsieur, dit la paysanne, et si cela est en mon pouvoir, je vous satisferai.
    – Avez-vous vu passer depuis cette nuit, près de minuit ou une heure du matin, une jeune dame probablement à cheval ?
    – Je n’ai rien vu ! dit-elle en faisant un signe de croix.
    Ragastens avait noté un tressaillement. Il avait encore mieux noté le signe de croix. Il n’ignorait pas que le signe de croix accompagne généralement le mensonge pour lequel il demande pardon à Dieu.
    Ragastens fut donc persuadé que la vieille avait vu quelque chose. Il reprit d’un ton plus sévère :
    – Ainsi, vous n’avez vu personne passer sur la route cette nuit, ou ce matin ? Et personne n’est entré dans votre ferme ?…
    – Bien certainement, personne, monsieur ! fit la vieille.
    Et là-dessus, nouveau signe de croix plus fervent que le premier.
    – Grand’mère ! s’écria à ce moment le gamin, et la belle dame qui est venue, tu l’oublies donc ?…
    – Tais-toi, Andréa !… Cet enfant ne sait pas ce qu’il dit, monsieur…
    Ragastens, se tourna vers la vieille fermière :
    – Pardonnez-moi, madame, dit-il. Malgré tout le respect que m’inspire votre grand âge, je serai forcé de me livrer à quelque violence, si vous ne me dites la vérité. Sachez qu’un grand crime a été commis. Vous êtes sur le territoire d’Alma et vous dépendez de la justice de Monteforte. Si vous ne me dites toute la vérité, il est probable que dès ce soir vous serez arrêtée ainsi que tous les habitants de cette ferme.
    – Seigneur Jésus, ayez pitié de nous !… Comment faire ?… Car elle nous a menacés de mort…
    – Et moi je vous jure qu’il ne vous arrivera rien de mal si vous dites la vérité. Songez que si le comte Alma est assez puissant pour vous protéger, sa colère aussi pourrait vous coûter cher…
    – Eh bien oui, monsieur, il est venu une dame, voici quelques jours…
    – Qui est cette dame ?
    – Je l’ignore… C’est la vérité même… Elle nous a demandé de loger ici une voiture et quatre soldats, en nous payant bien…
    – Continuez !… fit rudement Ragastens, voyant que la vieille hésitait.
    – Elle nous a demandé de lui laisser pour une nuit, la grande salle de notre ferme, en nous faisant jurer que nous ne chercherions pas à savoir ce qui s’y passerait… Et pour cela elle nous a aussi donné de l’argent.
    – Après ?… Elle est venue la nuit d’avant-hier ?
    – Oui, fit la fermière terrorisée.
    – Seule ?…
    – Non… Avec une autre dame.
    – Achevez ! dit-il en pâlissant… Que s’est-il passé ?…
    – Nous avons entendu comme un bruit de discussion… puis les soldats sont entrés, ils ont saisi la jeune dame… Ils l’ont mise dans la voiture… et tous sont partis…
    – Dans quelle direction ? haleta Ragastens.
    – Vers le bas de la montagne…
    Ragastens n’en entendit pas davantage ; il se précipita au dehors et sauta à cheval.
    – Lucrèce ! gronda-t-il en se lançant au galop dans la direction indiquée… Elle l’a enlevée !… Ah ! je lui ai pardonné par deux fois !… Mais malheur à elle, maintenant…

LIX – GIACOMO
 
    Ragastens put assez facilement suivre la trace de Lucrèce jusqu’au bas de la montagne. Il n’y avait qu’une route possible pour une voiture et il la suivit. De loin en loin, une auberge, une ferme. Il y entrait, obtenait le renseignement cherché, puis repartait.
    Mais, arrivé en plaine, toute indication disparut. Là, plusieurs routes se croisaient. Laquelle prendre ?… Accablé, Ragastens s’arrêta sous un bouquet de peupliers et s’assit à l’ombre.
    Par un besoin de parler de son malheur, et aussi dans l’espoir d’un bon conseil, il mit Spadacape au courant de la sinistre aventure. Spadacape écouta ce récit avec un intérêt qui se traduisit par de fréquentes exclamations.
    – Mais cette femme est donc enragée ! s’écria-t-il lorsque le chevalier eut fini. Elle a donc le diable au corps !…
    – Ce n’est que trop vrai ! Tu

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