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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’entrevois aucune piste ?…
    – Aucune, monsieur le chevalier. Mais si nous devons apprendre du nouveau, ce ne peut être qu’à Rome.
    – À Rome ! fit sourdement Ragastens.
    – Ah ! Je sais que c’est dangereux. Pas pour moi… et puis, au fond, ça me ferait assez de plaisir de risquer ma tête pour vous… Mais vous, monsieur, vous qui êtes condamné… Il y a à Rome, un certain marquis de Rocasanta avec qui j’ai eu assez souvent maille à partir. Je puis vous assurer que c’est un policier de premier ordre.
    – Allons à Rome ! s’écria Ragastens. Le conseil est bon.
    – Un instant, monsieur. Votre tête est mise à prix… Laissez-moi vous conduire en certaine maison des environs, où vous serez en sûreté comme vous l’étiez à l’auberge de la Fourche. Pendant ce temps, j’entrerai dans la ville et je me charge d’y apprendre tout ce qui sera nécessaire.
    Ragastens secoua la tête et, sans répondre, il se mit à trotter rapidement dans la direction de la Ville Éternelle. Spadacape le suivait tout contristé. Il voyait son maître dans un véritable état de désespoir.
    Grâce à la solidité de leurs montures, ils arrivèrent aux portes de Rome dès le soir du quatrième jour. À mesure qu’il approchait de la grande ville, Ragastens remarquait un mouvement extraordinaire. La campagne de Rome habituellement solitaire et morne était animée d’un va-et-vient de gens d’apparence belliqueuse. Il entra enfin dans Rome et ce ne fut pas sans un battement de cœur.
    Il passa en frémissant devant le Palais-Riant, silencieux et sombre. Et un spectacle extraordinaire le frappa alors : les vitraux des fenêtres étaient cassés ; les statues qui ornaient le vestibule étaient renversées… le palais paraissait avoir été mis à sac. D’ailleurs, la ville entière présentait un étrange aspect.
    Des groupes de bourgeois parcouraient les rues ; ils étaient armés de hallebardes ou d’épées, quelques-uns portaient des arquebuses.
    Ragastens traversa, sans être inquiété, ces groupes qui devenaient plus nombreux et plus bruyants à mesure qu’il avançait vers le centre de la ville.
    – Que dis-tu de tout cela ? demanda-t-il à Spadacape.
    – Je dis, monsieur le chevalier, que les braves Romains ont tout l’air d’en avoir assez de leur esclavage. La servitude a du bon, je ne dis pas non. Cela dispense un peuple de penser et d’agir. Mais on se lasse de tout, même du bonheur d’être écorché vif par les princes.
    Par un détour, Ragastens arriva à son ancienne hôtellerie, l’auberge du Beau-Janus. Il entra dans la cour et mit pied à terre. Bartholomeo, le digne aubergiste, en voyant entrer un cavalier, s’était précipité vers lui. Mais il s’arrêta béant de surprise :
    – Monsieur le chevalier de Ragastens ! murmura-t-il.
    – Moi-même, cher monsieur Bartholomeo… En quoi ma présence vous surprend-elle ?…
    – En rien, monsieur… c’est-à-dire, si fait !… Quand je pense que ces coquins de Borgia ont osé vous condamner !… Mais au fait… Quel honneur pour mon auberge !… Vive M. de Ragastens, l’ennemi de César Borgia !…
    L’aubergiste eût continué à exprimer bruyamment son enthousiasme si Ragastens ne l’eût saisi par l’oreille.
    – Maître Bartholomeo, lui dit-il, écoutez bien ceci, dans votre intérêt : si vous continuez à crier mon nom, je vous coupe l’oreille que je tiens.
    L’aubergiste se tut instantanément.
    – De plus, acheva Ragastens, si j’apprends que vous ayez révélé à qui que ce soit ma présence dans votre auberge, c’est les deux oreilles que je vous couperai.
    – Je ne dirai rien, affirma Bartholomeo.
    – En ce cas, nous resterons bons amis. Conduisez-moi donc à cette petite chambre qui donne sur le Tibre…
    – Du tout ! Je veux donner à monsieur le chevalier la plus belle chambre de l’hôtellerie, la chambre des princes.
    Mais Ragastens persista à vouloir reprendre modestement la chambre qu’il avait occupée en arrivant à Rome. Elle était pleine de ses souvenirs… En outre, Ragastens était un nageur de première force ; le Tibre avait déjà été une fois son chemin de liberté ; il comptait reprendre ce même chemin en cas d’alerte trop pressante.
    Dès le même soir, Ragastens, guidé par Spadacape, commença ses recherches. Mais tout fut inutile. Au bout du huitième jour, après avoir battu Rome et les environs, il n’avait pas trouvé le

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