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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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moindre indice qui pût le mettre sur la piste de Lucrèce Borgia.
    Ces huit jours, il les vécut dans une fièvre et une angoisse grandissantes. Pendant ce temps, l’émeute des Romains suivait son cours normal ; le peuple assiégeait maintenant le château Saint-Ange. Le neuvième jour, Ragastens passait devant les ruines du Palais-Riant. En arrivant sur la place, il aperçut un petit homme vêtu de noir qui, levant machinalement les yeux, aperçut à son tour le chevalier.
    – Monsieur de Ragastens ! s’écria-t-il.
    Ragastens tressaillit et poussa vivement son cheval sur l’inconnu.
    – Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
    – Vous ne me reconnaissez pas ?… Je vais vous dire qui je suis, mais pas ici, monsieur le chevalier. Il faut que je vous parle ! Je ne suis venu à Rome que pour cela… J’arrive de Monteforte !
    – De Monteforte ! s’écria Ragastens. Venez, vite !…
    Il rentra à l’auberge du Beau-Janus dont l’inconnu franchit la porte en se cachant soigneusement le visage. Lorsqu’ils furent installés dans la petite chambre du bord du Tibre, le petit homme, après s’être assuré que nul ne les épiait, s’approcha de Ragastens :
    – C’est moi qui vous apportai ici même un sac d’argent… Je suis Giacomo…
    – L’intendant de Lucrèce Borgia !
    – Oui, monsieur ! fit Giacomo. Et je suis bien heureux de vous avoir rencontré…
    Mais Ragastens lui avait saisi le bras…
    – Où est votre maîtresse ? lui demanda-t-il d’une voix tremblante d’émotion. Parlez !… Ou, par tous les diables…
    – Inutile de menacer, monsieur. Je suis un ami et je courais après vous pour vous apprendre ce que vous auriez cherché sans doute inutilement.
    – Vous ? s’écria Ragastens. Vous, un serviteur de Lucrèce Borgia ?
    – Je suis son serviteur, c’est vrai ! Ou plutôt je l’ai été… Mais, je hais cette femme. J’ai vécu près d’elle, la haïssant comme je haïssais son odieux frère…
    – Parlez donc, dit-il.
    – Monsieur, dit alors Giacomo, j’ai été à Monteforte pour vous trouver. Là, j’ai su que vous étiez parti et j’ai supposé que vous iriez à Rome…
    – Mais, demanda Ragastens, d’où veniez-vous ? Pourquoi me cherchiez-vous ?
    – Je venais du camp de César où j’avais suivi la signora Lucrèce. Et je vous cherchais pour vous prévenir qu’elle méditait une terrible vengeance contre vous. J’ai surpris entre elle et son frère des entretiens qui m’ont fait dresser les cheveux sur la tête…
    – La vengeance est accomplie ! fit sourdement Ragastens. Je vous remercie, mais vous me prévenez un peu tard… Mais vous pouvez du moins m’aider à réparer le mal qu’elle a fait…
    – Je suis tout à votre service.
    – Eh bien, fit en hésitant Ragastens, pouvez-vous me dire où se trouve en ce moment Lucrèce ?
    – C’est facile, dit simplement Giacomo, la signora est à Caprera.
    – Vous en êtes sûr ?
    – Absolument, puisque je dois aller l’y rejoindre.
    – Nous irons ensemble !
    – Vous voulez aller à Caprera ?… s’écria Giacomo.
    – Dès ce soir je me mets en route !
    – Ah ! monsieur, vous ne savez donc pas ce que c’est que Caprera !… Vous ne savez donc pas que Lucrèce a entraîné là tous ceux dont elle voulait se défaire en secret et qu’elle n’osait faire poignarder à Rome !…
    Ragastens frémit en songeant à Primevère.
    – Mais vous ne savez donc pas, s’écria-t-il avec un sanglot qu’il ne put étouffer, que Lucrèce Borgia s’est emparée de la femme que j’aime !…
    Ragastens ne put en dire davantage. Il se jeta sur son lit, enfouit sa tête dans l’oreiller et se mit à sangloter comme un enfant. Spadacape entraîna Giacomo hors de la chambre.
    – Laissons-le pleurer, dit-il alors, le pauvre chevalier en a bien besoin…
    Puis Spadacape se mit à interroger l’intendant sur les moyens les plus rapides de se transporter à Caprera et prépara tout pour le départ, prévoyant que la crise du chevalier ne serait pas de longue durée et qu’il voudrait se mettre en route à l’instant même. En effet, une demi-heure ne s’était pas écoulée que Ragastens l’appelait et lui disait de préparer le départ.
    – Tout est prêt, monsieur, répondit Spadacape.

LX – LE PORT D’OSTIE
 
    Au moment où Ragastens montait à cheval, Giacomo lui fit ses adieux.
    – Tout ce que je pourrais vous dire pour vous détourner de ce voyage serait

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