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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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maintenant ce que je ne savais pas tout à l’heure… que je loge sous mon humble toit un allié… un ami… un parent peut-être des plus illustres et des plus redoutables seigneurs de Rome… Et je le sais, puisque le signor Giacomo qui sort d’ici est l’homme de confiance de Lucrèce Borgia… l’intendant du Palais-Riant.
    Sur ces mots, prononcés avec un frisson d’émoi, l’hôte sortit à reculons, en saluant plus bas que terre !…
    Ragastens demeura une minute rêveur.
    Puis, secouant la tête, il s’en alla à l’écurie, sella Capitan, sauta à cheval avec la légèreté d’un homme qui se sent en passe de faire bonne fortune. Au pas, il prit le chemin de la porte Florentine par laquelle, la veille, il était entré dans la Ville Éternelle.
    Il se donnait à lui-même pour prétexte qu’il fallait absolument prévenir Primevère de ce qui se tramait contre elle. En réalité, il voulait ardemment la revoir, pour le seul bonheur de la contempler encore.
    Et, des deux genoux, il pressa les flancs de Capitan comme s’il eût pensé la sauver en allant plus vite vers le lieu où il l’avait rencontrée. La brave bête comprit ce qu’on lui demandait, sans l’intermédiaire de l’éperon, et accentua son galop.
    Ce fut ainsi qu’il parvint à l’endroit précis où Primevère, poursuivie par le moine Garconio, s’était tout à coup approchée de lui pour implorer son aide.
    Il alla plus loin et se jeta à travers champs, sur la droite, à l’endroit exact où il avait vu tourner Primevère.
    Il ne tarda pas à se trouver à la lisière d’un bois d’oliviers et dut se mettre au pas, le sol étant hérissé de racines qui crevaient la terre, pour darder au ciel de nouvelles pousses. Le bois, clairsemé au début, se fit épais et serré. Il mit pied à terre.
    Ragastens parvint sur les bords d’un ruisselet qui courait sous le bois. Il s’arrêta donc, débrida Capitan et le fit boire. Alors, il songea à lui-même et tira de ses fontes un pain, un carré de viande froide et un fiasco de vin blanc, protégé par une enveloppe d’osier. Il mit le fiasco à rafraîchir dans le ruisseau et attaqua son morceau de viande froide.
    – Corbleu ! fit-il presque à haute voix, le joli bois ! Et le joli ruisseau que voilà ! Il n’y manque que la naïade ou la nymphe.
    – C’est que vous ne la voyez pas ! Car elle est là qui assiste à votre repas, répondit une voix pure avec un éclat de rire moqueur.
    Le chevalier se leva d’un bond, effaré… Et il demeura tout troublé en voyant, de l’autre côté du ruisseau, sortant d’un buisson de verdure, celle qu’il cherchait en vain, la jeune fille à la robe blanche… Primevère !
    Dans ce cadre, elle semblait plus que jamais mériter son surnom. Elle était vraiment l’incarnation radieuse du printemps.
    – Eh bien ! reprit-elle, il paraît que la nymphe du ruisselet vous fait peur, chevalier ?
    – Madame, répondit Ragastens, sans trop savoir ce qu’il disait, je n’ai peur que d’une chose… c’est que l’apparition s’évapore…
    – Que faisiez-vous donc en ces lieux écartés ? reprit-elle pour se donner une contenance.
    – Je vous cherchais ! Et vous, madame ?
    – Je vous attendais, répondit-elle.
    Ragastens jeta un léger cri de joie, franchit d’un bond le ruisseau qui les séparait et il allait tomber aux pieds de la jeune fille, lorsque, d’un geste plein d’une charmante dignité, celle-ci l’arrêta.
    – Je vous attendais, chevalier, continua-t-elle d’une voix altérée par une subite émotion, parce que j’ai vu en vous, un je ne sais quoi me disant que je pouvais me fier à vous… Ai-je eu tort ?…
    – Oh non, madame, dit le chevalier en se courbant avec un profond respect, non, vous n’avez pas eu tort d’avoir confiance en un homme qui, depuis qu’il vous a vue, ne songe plus qu’à se dévouer à votre défense…
    – En effet, chevalier, j’ai besoin d’être défendue, hélas !…
    – Je le sais, madame !
    – Vous le savez ?
    – Vos paroles suffiraient pour me l’apprendre… mais je sais aussi autre chose, et ceci m’amène à vous dire pourquoi je vous cherchais…
    – Qu’avez-vous donc appris ? s’écria la jeune fille avec une surprise mêlée de frayeur.
    – D’abord votre vrai nom !… Je sais que vous vous appelez Béatrix, que vous êtes la fille du comte Alma…
    À ces mots, elle pâlit et recula, en jetant autour d’elle un regard

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