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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de telle sorte que sa tête, peu à peu, se trouva placée sur le rebord de l’écoutille.
    D’abord, il ne vit rien. Puis, ses yeux s’étant accoutumés à l’obscurité du réduit, Spadacape finit par apercevoir dans l’angle le plus noir une vieille femme qu’il pensa n’avoir jamais vue. Près d’elle, un jeune homme qu’il reconnut aussitôt pour l’avoir aperçu de loin dans les cortèges du pape, les jours de cérémonie. C’était l’abbé Angelo qui passait à Rome pour l’un des grands favoris de Sa Sainteté.
    Pendant plus de deux heures, Spadacape guetta, écouta. Mais il ne vit rien, n’entendit pas un mot qui pût lui laisser entrevoir les intentions des deux voyageurs. Désormais rassuré, il se leva, revint auprès de Ragastens.
    – Eh bien ? demanda celui-ci.
    – Rien à craindre, monsieur le chevalier. J’ai reconnu l’homme : c’est un jeune abbé qui fait partie de la maison du pape, l’abbé Angelo. Quant à la femme, acheva Spadacape, je ne la connais pas ; mais j’ai tout lieu de supposer que c’est quelque gouvernante, ou quelque domestique de la signora Lucrèce.
    – Et ils ne se disent rien ?…
    – Rien.
    Vers six heures du soir, la tartane était en vue de Caprera. Ragastens monta sur le pont et se dissimula dans l’angle formé par la pointe du navire qu’encombraient des rouleaux de cordes. Il tenait à jeter un coup d’œil sur l’abbé et la vieille femme qui l’accompagnait.
    La côte de Caprera était visible, avec son hérissement de rochers à pic que dominait la masse blanchâtre du château de Lucrèce. Ragastens contempla avidement le vaste bâtiment, que protégeaient des murailles épaisses.
    Ragastens fut soudainement distrait de ses pensées par un mouvement que fit la tartane, sur un commandement du patron Giuseppo. Brusquement, le bâtiment vira de bord. Ragastens, étonné de ces mouvements qu’il ne comprenait pas appela Giuseppo. Celui-ci s’approcha.
    – Vous n’abordez donc pas ?…
    – Pas encore ; et, en attendant, je tire quelques bordées pour ne pas m’éloigner.
    – Quand aborderez-vous ?
    – À la nuit.
    – À la nuit ! pensa Ragastens. Les deux voyageurs ont donc intérêt à ne pas se montrer ?…
    Cependant le soleil s’était couché. Pendant deux heures encore, la tartane manœuvra devant Caprera. La nuit était venue, une nuit noire, sans lune. La tartane, tout à coup, se mit à filer droit sur les rochers ; près d’une heure plus tard, elle amena ses voiles, mais sans mouiller l’ancre. Le canot qui suivait à l’arrière fut amené bord à bord, contre une échelle de corde jetée au flanc du bâtiment.
    Alors Ragastens vit paraître les deux mystérieux voyageurs qui allaient être déposés à Caprera. Mais il n’eut pas le temps de les examiner. Déjà ils étaient dans le canot qui s’éloigna, conduit à force de rames par deux marins de la Stella.
    –  Vous voyez, dit Giuseppo à Ragastens que la chose n’aura pas été longue. Dans une demi-heure, le canot sera de retour et nous filons sur la Sardaigne.
    – Où est le château ? demanda Ragastens.
    – Oh ! nous l’avons laissé à une bonne lieue sur la droite.
    Ragastens ne dit plus rien et attendit le retour du canot. Au bout d’une demi-heure, comme l’avait dit Giuseppo, un bruit de rames se fit entendre.
    Giuseppo poussa un soupir de satisfaction. Car il n’était qu’à demi rassuré tant qu’il se trouvait dans les eaux de Caprera.
    – Nous allons pouvoir partir, dit-il. Sur quel point de la Sardaigne voulez-vous que je vous dépose ?
    – Je ne vais pas en Sardaigne ! dit Ragastens.
    – Ah bah !… Et où, alors ?
    – Vous allez me débarquer ici, à Caprera.
    Le patron de la Stella fut très probablement étonné de ce brusque changement, mais il n’en laissa rien paraître.
    – À votre aise, dit-il simplement. Voici le canot bord à bord, vous n’avez qu’à descendre.
    – Oui, mais avant de vous quitter, je voudrais vous dire quelques mots de façon que nul ne nous entende.
    – Suivez-moi ! dit Giuseppo avec la même tranquillité.
    Quelques instants plus tard, Giuseppo et Ragastens se trouvaient installés dans la petite chambre du patron.
    – Voulez-vous gagner une petite fortune d’un seul coup ?
    – Votre Seigneurie n’a qu’à parler… Que faut-il faire ?
    – Je descends à Caprera ; je vais y rester quelques jours ; deux ou peut-être dix ; je ne sais pas

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