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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ne l’ait assassinée ? Rassurez-vous sur ce point.
    – Que voulez-vous dire ?… Sauriez-vous quelque chose ?
    – Je ne sais rien, dit lentement la Maga ; je suppose, voilà tout !… Mais, dites-moi, avez-vous jamais été en relations avec Lucrèce ?
    – Hélas, oui… pour mon malheur.
    – Lucrèce vous aimait ?
    – Peut-être, madame… fit Ragastens avec une sorte de réserve.
    – J’en suis certaine, à présent. Lucrèce a dû bâtir des projets pour lesquels elle s’est vue repoussée. De là sa vengeance.
    – Tout ce que vous dites là est la vérité même !…
    La Maga eut un pâle sourire.
    – C’est que je connais bien Lucrèce ! dit-elle.
    – Mais que disiez-vous, madame ? Que Lucrèce n’avait pas attenté à la vie de Béatrix ?… Qui vous le fait supposer ?…
    – Je vous dis que je connais Lucrèce. Non seulement elle a voulu vous faire souffrir, mais elle a cherché un supplice raffiné pour sa rivale…
    – Vous m’épouvantez, haleta Ragastens.
    – La mort, continua la vieille femme, n’est pas un supplice aux yeux de Lucrèce. Habituée au meurtre, elle a cessé de considérer la mort comme un châtiment redoutable. Elle ne tue que pour supprimer un obstacle. Mais dès qu’il s’agit d’une vengeance, Lucrèce redoute au contraire que la mort ne vienne lui ravir sa victime.
    Ragastens, saisissant le bras de la Maga :
    – Mais d’où vient que vous la connaissez ainsi ?…
    La Maga considéra un instant Ragastens, puis, avec calme, simplement, elle répondit :
    – C’est ma fille !…
    – Votre fille ?
    – Ma fille, oui !… Il a fallu que je fusse une mère monstrueuse pour jeter au monde ces deux fléaux qui s’appellent Lucrèce et César Borgia !…
    Ragastens, bouleversé de pitié, en oublia un moment sa propre désolation.
    – Vous êtes bon, lui dit la Maga en revenant à elle. Je vous avais bien jugé…
    Elle se leva, comme pour se retirer dans la chambre que le pêcheur avait mise à sa disposition.
    – Pour votre fiancée, dit-elle, ne redoutez pas la mort…
    – Que faut-il donc que je redoute ? dit-il sourdement.
    – Lucrèce a écrit à César… Et César, à l’heure qu’il est, est peut-être en route pour Caprera…
    La Maga se retira.

LXV – BORGIA RASSURÉ
 
    Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’arrivée de l’abbé Angelo au château de Caprera. Lucrèce attendait avec impatience l’arrivée de César auquel elle venait encore d’expédier un courrier. Dans son esprit, comme dans celui de son frère, le vieux Borgia était condamné. Cependant, elle attendait…
    Angelo lui avait exposé son plan. Il fallait introduire la vieille sorcière qu’il avait amenée dans le château. Une fois là, cette femme agirait.
    Elle se résolut à « laisser faire » l’abbé Angelo.
    Le premier soin de celui-ci fut d’inspirer au vieillard une confiance illimitée. Il y parvint. Et si le vieux Borgia continua à s’enfermer la nuit à triple verrou, s’il continua à changer de chambre tous les soirs, du moins ses terreurs s’évanouirent peu à peu, grâce aux efforts de l’abbé Angelo.
    Il en était arrivé à sortir même du château. Il se risquait parfois le soir sur la grève, où il se promenait à pas lents.
    Les nouvelles qu’il recevait de la Ville Éternelle devenaient d’ailleurs meilleures. L’insurrection qui avait pris naissance dans le peuple à la suite de la défaite de César semblait s’étouffer elle-même.
    Maintenant, le pape commençait à calculer le moment où il pourrait entrer à Rome. C’est ce qu’il expliquait à son confident, l’abbé Angelo, un soir que tous deux, quelques jours après l’arrivée de l’abbé, se promenaient sur la grève, au pied de la falaise rocheuse. Des gardes précédaient et suivaient le pape à distance.
    – Je n’ai jamais vu si bon air à Votre Sainteté…
    – C’est la mer, vois-tu… Quel calme !… Oui, Angelo, je me sens fortifié depuis quelques jours… Je le dois en grande partie à ma fille… Elle n’a pas failli un instant ! Elle m’a encouragé… Mais ce n’est pas tout, Angelo. Arrivé ici avec des pensées d’amertume et de colère, je ne me sens pas la force de méditer le châtiment des rebelles… Je veux que le pardon soit général. Si tu savais comme le pardon apaise…
    Et, comme pour lui-même, il ajouta :
    – Si je pardonne, peut-être me pardonnera-t-on aussi, à moi !…
    À

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