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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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château. Au moment où ils arrivaient devant la porte du château, Lucrèce sortait entourée de gardes qui portaient des flambeaux.
    – Ah ! mon père, s’écria-t-elle, je sortais vous chercher… j’étais si inquiète !…
    – Bonne Lucrèce ! Je n’ai jamais mieux apprécié qu’en ce moment ton dévouement… Viens, nous avons à causer de choses graves.
    Le pape rentra dans ses appartements, suivi de Lucrèce. L’abbé Angelo se glissa derrière eux…

LXVII – DÉSESPOIR
 
    Rosa Vanozzo, en annonçant à Ragastens la probable venue de César Borgia, lui avait porté un coup terrible. Le chevalier demeura tout d’abord comme frappé de stupeur. Il devinait le genre de vengeance que s’était réservé Lucrèce.
    Il fut tiré de sa léthargie par le pêcheur qui, le touchant au bras, le pria de le suivre. Ragastens obéit machinalement.
    La cabane se composait de deux uniques pièces.
    La première – celle où Ragastens et Spadacape avaient fait leur entrée – servait à la fois de cuisine, de chambre à coucher et de salle à manger. La deuxième pièce servait de débarras et était encombrée de fagots pour faire du feu, de filets suspendus aux solives du plafond.
    Le pêcheur écarta les fagots entassés, et mit à nu une trappe que recouvraient des débris de toile à voile. La trappe ouverte, il descendit un escalier et se trouva alors dans une cave de médiocres proportions. Cette cave, eu égard à la pauvreté de la cabane, était meublée avec un luxe relatif. Il y avait là trois lits, une table, une armoire contenant des provisions. Il était évident que cette cave avait dû servir et devait encore servir de retraite. À qui ?… Ragastens ne se le demandait même pas. Il remercia son hôte qui se contenta de lui dire :
    – Ici, vous êtes en sûreté… N’en sortez que la nuit.
    Ragastens se jeta tout habillé sur l’un des trois lits pendant que Spadacape s’accommodait du lit voisin.
    Une heure plus tard, il sauta à bas de son lit et fit un mouvement comme pour appeler Spadacape. Mais le fidèle écuyer s’était endormi. Il n’était pas amoureux, lui !
    Ragastens le regarda d’un œil d’envie. Puis, sans le réveiller, il remonta au rez-de-chaussée de la cabane. Il y retrouva le pêcheur qui s’occupait de réparer le filet avec lequel il allait partir à la pêche au point du jour.
    Ragastens sortit et se dirigea rapidement vers le château. La nuit était noire. Il ne connaissait pas le pays, et pourtant, il marchait sans hésitation, guidé par l’instinct qui lui avait fait abandonner la route pour prendre par la grève.
    Ragastens escalada les rochers et examina avidement la demeure qui abritait à la fois Lucrèce et Primevère. Un fossé plein d’eau faisait le tour du château. Il suivit ce fossé…
    Il lui fallut une heure pour se retrouver au même point. Il avait contourné le mur, et passé devant la grande porte. De toutes parts, le château était inaccessible.
    Ragastens s’assit sur une pierre et laissa tomber sa tête dans ses mains. Il se sentit perdu. Peu à peu, la nuit se fit moins noire. Alors, Ragastens put mesurer le redoutable ennemi auquel il s’attaquait. Le malheureux s’enfuit vers la cabane où il arriva épuisé…
    Pendant cette journée, la Maga demeura invisible. Vers dix heures du soir, Ragastens reprit le chemin du château, accompagné cette fois de Spadacape. Ils rôdèrent toute la nuit autour du château. Lorsqu’ils regagnèrent, au soleil levant, la cabane du pêcheur, Ragastens était étrangement calme. Sa résolution était prise. Le plan de Ragastens était très simple, et il l’exposa à Spadacape. La physionomie de Ragastens l’épouvanta.
    – Monsieur, commença-t-il, tout n’est pas fini, que diable !… Vous vous êtes tiré de pas autrement dangereux… Croyez-moi, le désespoir ne vous vaut rien…
    – Où prends-tu que je sois désespéré ?…
    – Je le vois bien à votre figure, monsieur.
    – Tu te trompes, je réfléchissais à un plan d’attaque, et je viens d’en trouver un. Je vais te l’exposer… Voici ce que j’ai résolu : ce soir, nous nous présenterons à la porte du château, comme des cavaliers envoyés de Rome par César. Nous avons une commission très importante à remettre à Lucrèce… On nous ouvre… nous entrons…
    – Si on nous laisse entrer !…
    – Tais-toi ! Nous entrons, te dis-je !…
    – Bon ! Et une fois dedans ?…
    – De deux

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