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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mains :
    – Courage ! répéta-t-il. Votre aventure est triste, cela est sûr… mais il n’y a rien de désespéré… Voyons : vous n’avez aucune idée de ces ennemis ?
    – Aucune, hélas !…
    – Un rival, peut-être ?…
    Raphaël fut secoué d’un frémissement.
    – C’est cela qui me désespère ! s’écria-t-il. C’est cette pensée qui me brûle la poitrine et fait éclater ma tête… Ah ! vous avez vu juste… Il n’en faut pas douter. Il y avait quelqu’un qui aimait Rosita… La Maga l’a su… Elle m’a prévenu… trop tard !…
    – Croyez-moi, reprit Ragastens ému, vous n’arriverez à triompher qu’à force de calme et de sang-froid…
    Raphaël fit un geste d’accablement.
    – Oui… avec du sang-froid seulement, vous verrez clair dans cette situation… Mettons les choses au pis. Supposons que votre Rosita a été enlevée par un rival… Elle vous aime, n’est-ce pas ?…
    – Oh ! cela, du moins, j’en suis sûr !…
    – Une femme qui aime est forte ! Les ressources de son esprit se décuplent… Car vous n’imaginez pas que Rosita va accepter tranquillement la situation qui lui est faite… Sans doute elle sera surveillée… mais vous pouvez tenir pour certain que, dès maintenant, elle travaille à vous prévenir…
    – Oh ! vous me rendez la vie !… Je n’avais songé à rien de cela !…
    – D’autre part, comme je vous le disais, je puis disposer de quelque influence… Un grand seigneur de Rome me veut du bien… Il est vrai que je vais le quitter… Mais je ne doute pas qu’il consente à provoquer des recherches sérieuses.
    Raphaël se leva et se jeta dans les bras de Ragastens.
    – Vous me sauvez ! s’écria-t-il. Vous me sauvez doublement… Et quand je songe qu’il y a une heure, vous m’étiez inconnu, que vous pouviez passer près de moi sans me voir, quand j’examine le concours de circonstances qui fait de vous l’ami le plus inattendu, le plus précieux, je me sens renaître.
    Ragastens sourit. Cette joie débordante qui était son œuvre, calmait un peu son propre tourment.
    – Allez, reprit-il, et tenez-vous tranquille jusqu’à ce que je vous aie revu…
    – Quand vous reverrai-je ? demanda ardemment Raphaël.
    – Dans deux heures au plus tard… Dites-moi où je vous trouverai…
    – Chez l’ami dont je vous ai parlé. Il s’appelle Machiavel et demeure dans la rue des Quatre-Fontaines, juste en face le monument qui porte ce nom.
    – Bien… Attendez-moi donc chez votre ami Machiavel… Et ayez bon espoir…
    Les deux nouveaux amis se serrèrent la main et Ragastens, partit réconforté, plein d’espoir et de courage. Quant à Ragastens, il poussa un profond soupir et murmura :
    – Il est bien heureux, lui… puisqu’il est aimé !

XVI – LA PAPESSE
 
    Ragastens venait de passer une nuit blanche. Cependant, il n’éprouvait aucun besoin de repos. Surexcité par les événements de la nuit et les pensées qui tourbillonnaient dans sa cervelle enfiévrée, il n’eût pu fermer l’œil.
    Il recommanda Capitan aux bons soins de maître Bartholomeo, et se dirigea à pied vers le château Saint-Ange. L’heure était matinale encore. Mais Ragastens savait que le prince Borgia se levait tôt.
    Lorsque le chevalier arriva dans les antichambres qui précédaient les appartements de César, il les trouva vides : ni courtisans, ni officiers… Un intendant s’avança au-devant de Ragastens.
    – Monseigneur se trouve en ce moment au Vatican, lui dit-il ; je suis chargé d’en prévenir M. le chevalier.
    – Au Vatican ?…
    – Oui : il y a ce matin solennelle audience de Sa Sainteté.
    – Et vous dites que le prince vous a chargé de me prévenir ?
    – Monseigneur m’a même chargé d’ajouter qu’il attend M. le chevalier dans la salle des audiences pontificales…
    Ragastens sortit. Quelques minutes plus tard, il entrait au Vatican et gagnait les salons officiels.
    Là, une foule sur laquelle planait le bruissement des murmures attendait, attentive, les yeux tournés vers une porte monumentale.
    De temps à autre, cette porte s’ouvrait. Un introducteur, encadré de deux hérauts, tout raide dans un costume de lourd satin blanc, s’avançait de quelques pas. L’introducteur prononçait un nom et l’un des hérauts le répétait à haute voix.
    Aussitôt, un cardinal, ou un officier, ou un groupe de députés s’avançait et passait la porte, précédé par

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