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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Monteforte !
    Ce fut un cri, ou plutôt une exclamation brève et forte qui jaillit de toutes les bouches.
    – Nous allons nous séparer, reprit alors Béatrix ; mais je veux d’abord remplir un devoir envers vous tous en vous présentant le nouveau compagnon qui est parmi nous.
    Les regards se portèrent, avec une curieuse sympathie, sur Ragastens. Primevère saisit la main du chevalier.
    – Seigneurs, dit-elle, voici le chevalier de Ragastens, une fière épée, un noble cœur… Vous comprendrez toute la confiance qu’il m’a inspirée, puisqu’il n’a pas hésité, pour me sauver, à risquer la haine de Borgia !…
    Un murmure de sympathie se fit entendre. Le prince Manfredi tendit sa main à Ragastens.
    – Chevalier, dit-il, soyez le bienvenu parmi nous…
    Mais, à la stupéfaction générale, Ragastens ne prit pas la main qui lui était offerte. Il avait baissé la tête. Une expression de tristesse bouleversait son visage si insoucieux d’habitude.
    Un silence plein de menace et de méfiance se fit dans la crypte. Primevère recula de deux pas. Elle pâlit et ses yeux anxieux interrogèrent le chevalier.
    Celui-ci releva la tête. Son regard fit le tour de l’assemblée et se posa enfin sur Primevère.
    – Madame, dit-il, et vous, messieurs, un terrible malentendu s’élève entre nous… Il ne me convient pas de dissimuler la vérité… Quelles que soient les suites de ma franchise, je dois vous dire que j’appartiens à Monseigneur César Borgia depuis mon arrivée à Rome…
    – Trahison ! s’exclama le prince Manfredi, tandis que plusieurs poignards jetaient dans l’ombre de sinistres lueurs.
    – Non, pas trahison, monsieur ! répondit Ragastens avec une souveraine hauteur… Malentendu dont je ne suis même pas responsable !… En d’autres circonstances, monsieur, vous paieriez de votre vie le mot que vous venez de prononcer… Mais pour votre vieillesse, pour vos inquiétudes, et surtout pour des pensées que je n’ai pas à vous expliquer… je vous pardonne !
    – Vous me pardonnez ! se récria le vieillard. Mort Dieu ! C’est la première fois qu’on parle ainsi à un prince Manfredi !
    – Oui, monsieur… et j’ai le droit de parler ainsi parce que vous m’avez outragé par une fausse accusation. Fussiez-vous roi, fussiez-vous empereur, fussiez-vous souverain pontife, moi chétif, je suis plus grand que vous, puisque je m’interdis d’user de représailles…
    Ragastens avait prononcé ces mots avec une singulière douceur. Et il y avait dans son attitude une telle noblesse et dans la tristesse de son accent une si réelle grandeur que tous ces hommes, connaisseurs en intrépidité, ne purent s’empêcher de l’admirer.
    Primevère, à l’écart, assistait à cette scène pénible sans qu’il fût possible de deviner les sentiments qui agitaient son cœur.
    – Expliquez-vous, reprit Manfredi d’un ton bref.
    Le chevalier se tourna vers Primevère.
    – Madame, dit-il, lorsque j’ai eu le bonheur de vous rencontrer et que j’ai pu m’interposer entre vous et ce moine, j’ignorais quelles étaient vos amitiés et vos haines !… Si, en accomplissant un devoir que tout homme eût accompli à ma place, je m’exposais à la vengeance du prince Borgia, du moins je ne le savais pas… L’eussé-je su, madame, j’eusse considéré comme un grand honneur de m’exposer pour vous…
    – Eh bien, monsieur, fit vivement le prince Manfredi, si vous n’êtes pas engagé…
    – Je le suis ! interrompit Ragastens. J’ai vu le prince Borgia. L’accueil qu’il m’a fait a dépassé mes espérances…
    – En sorte qu’en venant ici ?
    – En venant ici, je jure que j’ignorais que je dusse rencontrer des ennemis de Borgia…
    Primevère, alors, s’avança :
    – Seigneurs, dit-elle non sans fermeté, M. le chevalier de Ragastens a raison, il est ici par suite d’un malentendu dont, seule, je suis responsable… Monsieur, vous êtes libre de vous retirer… Votre parole de ne pas révéler ce que vous avez vu ou entendu nous suffira…
    Ragastens pâlit. Il eut la sensation atroce qu’un fossé venait de se creuser entre lui et celle qu’il adorait. Il répondit d’une voix altérée :
    – À vous aussi, madame, je vous pardonne… Vous demandez ma parole de ne rien révéler des secrets que le hasard m’a livrés… Et cela seul suppose que vous me croyez capable d’une trahison, si je ne suis enchaîné par un serment… Mais

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