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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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porte garant du chevalier de Ragastens… il est digne en tous points de la mission que vous voulez lui confier…
    Ragastens tressaillit. Il était donc question d’une mission à lui confier ! On allait donc lui demander un signalé service, puisque le Souverain Pontife en personne prenait la peine de l’en entretenir !
    La fortune lui souriait décidément ! Un concours de circonstances dues à un heureux hasard lui permettait de servir loyalement ce bon vieillard et de sauver en même temps celle qu’il adorait.
    Alexandre VI avait suivi sur le visage du chevalier, les pensées de dévouement qui germaient dans son cœur. Satisfait, certain d’obtenir tout ce qu’il voudrait, il se recueillit quelques minutes.
    – Chevalier, dit-il alors, j’ai des ennemis… et ce m’est une profonde douleur, si près de la mort, de savoir que mes pensées sont méconnues, mes intentions travesties… J’ai, toute ma vie, essayé de lutter contre les grands pour me rapprocher des petits… J’ai voulu réduire la force et l’insolence des princes pour faire plus belle la part des humbles, des déshérités, ou encore de ceux qui, comme vous, sont écartés de la haute noblesse, parce que leur escarcelle est vide. Et pourtant, c’est l’application de ces idées qui m’a valu tant d’ennemis puissants… Et encore, s’ils me combattaient loyalement… mais ils emploient contre moi les armes empoisonnées de la calomnie… ils répandent sur mes mœurs, ma vie et mes intentions, des bruits que je rougirais d’évoquer…
    Ragastens, pensif, se rappela alors de quelle nature étaient ces bruits… On accusait couramment le pape des plus abominables débauches… On disait qu’une invitation à dîner chez lui équivalait à une condamnation à mort… Frémissant, il songea à l’enlèvement de Rosita… L’entretien de Lucrèce et de Garconio lui traversa l’esprit comme un éclair. Il se perdait à vouloir sonder cet abîme de ténèbres… Comment croire que ce vieillard au visage auguste était réellement le monstre qu’il avait pu supposer ?
    Alexandre VI continua :
    – Dieu a permis, mon enfant, que je pusse triompher de la plupart des méchants… Mais ils sont forts encore… et mes derniers jours sont troublés par la pensée que mes ennemis finiront par l’emporter…
    – Mon père, s’écria César, nous mourrons pour vous, s’il le faut… J’ai mes défauts, parbleu ! Je suis violent, et même brutal… mais par tous les diables, j’ai un cœur qui bat dans ma poitrine !…
    Cette sortie de César fit sur Ragastens un effet prodigieux. Le pape avait jeté sur son fils un regard d’admiration. Et cette admiration était justifiée. Car l’exclamation de César avait plus fait encore pour convaincre le chevalier que la savante diplomatie du pape.
    – Monseigneur, reprit chaleureusement Ragastens, le jour où vous mourrez pour Sa Sainteté, nous serons deux !
    – Chevalier, poursuivit aussitôt Alexandre VI, ce que je vais vous demander est beaucoup plus facile… Voici : parmi mes ennemis, il en est un surtout qui ne veut désarmer à aucun prix…
    Ragastens tressaillit : il crut qu’il allait être question de Primevère. Mais il respira, soulagé, lorsqu’il entendit le pape continuer :
    – C’est un homme que mène l’esprit d’orgueil, ou plutôt de vanité… Si cet homme disparaissait, la paix de l’Italie serait assurée… Une guerre impie que mon fils César va être obligé d’entreprendre serait évitée… Une malheureuse enfant que j’aime comme un père et qui s’est laissée entraîner dans le camp de la révolte, reviendrait au bonheur paisible…
    Ces mots désignaient si clairement Primevère dans l’esprit du chevalier qu’il eut comme un éblouissement.
    Il y avait donc un homme dont le sort était lié au sort de Béatrix !… Ah ! il ne pouvait en douter !… Cet homme l’aimait… Et cet homme, il le haït d’instinct…
    – Oui, reprenait le pape, si cet ennemi venait à disparaître par un moyen ou par un autre, je suis sûr que tout rentrerait dans l’ordre…
    « Va-t-il me proposer de l’assassiner ? se demanda Ragastens. Tout plutôt que cela !… »
    Et, comme si le pape eût lu dans sa pensée, il continua :
    – Bien entendu, je ne désire pas la mort du pêcheur… Je ne veux pas que le sang soit répandu… Il s’agirait tout simplement de l’enlever… de l’amener ici…
    – L’enlever ? s’exclama

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