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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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comprendrez que nous ne puissions garder près de nous quelqu’un d’aussi dévoué aux intérêts de nos ennemis, surtout quand ce quelqu’un est un homme de votre valeur, chevalier… Je vous prierai donc simplement de quitter Rome dès que vous le pourrez… oh ! je ne vous presse pas… je vous laisse un mois… dans l’espoir que la réflexion vous ramènera à nous…
    – Je remercie Sa Sainteté, fit Ragastens avec empressement. Je profiterai de l’autorisation qu’elle me donne.
    Et, en lui-même, il ajouta :
    « Ce soir, j’aurai quitté Rome ! »
    – Je ne vous dis donc pas adieu, continua le pape avec plus de douceur encore… J’espère de tout mon cœur que nous nous reverrons… Allez, mon fils… allez en paix…
    Le chevalier salua César Borgia, s’inclina profondément devant le pape, et franchit une porte dont Alexandre VI soulevait la portière pour le laisser passer.
    – Qu’avez-vous fait, mon père ? s’écria César. Cet homme est, dès ce moment, mon plus mortel ennemi…
    – Il y a mieux que le poignard… Il y a le bourreau !
    – Le bourreau ?…
    – Oui ! Tu n’as pas encore trouvé l’assassin du duc de Gandie, n’est-ce pas ?… Eh bien, je l’ai trouvé, moi !… Dès demain, son procès sera commencé… Dans huit jours, sa tête roulera !… Et cet assassin, mon fils… c’est l’homme qui sort d’ici… Tiens, écoute… En ce moment, on l’arrête !
    En effet, on entendit pendant une minute un bruit de lutte violente… Puis tout s’apaisa. Un homme se montra alors dans l’encadrement de la portière. C’était dom Garconio…
    – Eh bien ? demanda le pape.
    – C’est fini, Saint-Père. L’homme est au cachot, avec une bonne chaîne à chacun de ses poignets et à chacune de ses chevilles… Mais la chose a été dure… il y a cinq morts et trois blessés…
    – Qu’on enlève les cadavres et qu’on distribue cinquante ducats d’or entre les survivants, dit froidement le pape.
    – Eh bien, monseigneur, dit alors Garconio dont la figure rayonnait d’une joie affreuse, avais-je assez raison de vous dire de vous méfier…
    – Tu avais raison, mon bon Garconio, répondit César. À propos, mon père, je lui ai promis le bénéfice de Sainte-Marie-Mineure…
    – Il l’a ! fit le pape.
    Garconio se courba jusqu’à terre et disparut.
    – Eh bien, mon fils ? demanda Alexandre VI, crois-tu que ton poignard nous eût rendu le service de nous faire retrouver l’assassin de François et de prouver au bon peuple de Rome que les Borgia savent faire prompte et bonne justice ?…
    – Mon père, je vous admire. Votre sagesse est infinie…
    – Je le sais… En attendant, il nous faut absolument quelqu’un qui puisse nous amener Alma…
    – Mon père, nous prendrons Astorre… ce bon Astorre à qui j’en voulais un peu depuis l’arrivée de ce maudit Ragastens…
    – Soit ! Va pour Astorre !… Et maintenant, laisse-moi, César, j’ai à causer avec ta sœur Lucrèce – de politique… et d’autres choses qui ne t’intéresseraient pas.

XVIII – LE CINQUIÈME CERCLE
 
    Ragastens marchait d’un pas hâtif, comme s’il eût éprouvé un soulagement à s’éloigner de ce César Borgia que, la veille encore, il considérait comme un grand capitaine au service duquel il était fier d’entrer en campagne.
    Soudain il se sentit vigoureusement saisi par les deux bras. En même temps, sa tête se trouva enveloppée dans un épais capuchon qu’une cordelette fixa aussitôt autour de son cou.
    Ragastens, pris au piège, à demi étouffé par l’étoffe du capuchon, Ragastens ne dit pas un mot, ne proféra pas un cri. Il se ramassa dans un suprême effort, tendit ses muscles et, d’une secousse imprévue, puissante, se délivra de la double étreinte qui paralysait ses bras.
    – Liez-le !… Nous le tenons ! s’écria une voix – celle de Garconio.
    – Pas encore ! répondit Ragastens.
    D’un bond, les deux mains étendues, il s’était précipité en avant, avait trouvé une encoignure et s’y était accolé. Alors, il voulut dégainer, mais, au moment où il allait saisir la poignée de sa rapière, le moine s’en empara en éclatant de rire.
    – La dent du sanglier est arrachée ! ricana-t-il.
    – Et celle-ci ! riposta Ragastens, en tirant de sa ceinture un court poignard à lame solide.
    Violemment, il frappa devant lui, au jugé… Le coup porta dans le vide. Et Ragastens, haletant,

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