Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
L’assassin… peut-être le connaissez-vous aussi bien que moi. J’avais, jusqu’ici, douté de ce que j’avais cru voir… douté même du témoignage de mes sens… Je m’aperçois que je ne m’étais pas trompé. Dites à monseigneur César qu’il fera bien, à son prochain coup de poignard, d’effacer soigneusement les traces de sang.
    – Vous essayez en vain d’en imposer à la justice par un abominable sacrilège, se hâta de reprendre le juge. Pouvez-vous, encore une fois, prouver que vous n’avez pas poignardé François, duc de Gandie ?
    Ragastens se mit à siffler un air de chasse.
    – Écrivez que l’accusé avoue ! s’écria le juge.
    – Écrivez aussi que le juge du tribunal suprême en a menti, répondit Ragastens.
    Sans répondre, le juge prit vivement une feuille de papier que lui tendait l’homme à l’écritoire et se mit à lire en toute hâte. Il conclut par ces mots :
    – Condamné, la sentence sera exécutée dans trois jours pour tout délai. Vous avez donc trois jours pour implorer la miséricorde divine…
    – Et vous, vous avez toute votre vie pour essayer de laver votre conscience du forfait que vous commettez.
    Ragastens, quelques secondes plus tard, se retrouva seul. Cette parodie de jugement s’était accomplie avec une rapidité telle qu’il se demandait s’il n’avait pas rêvé.
    Mais bientôt, il put se retracer avec netteté tous les épisodes de cette scène stupéfiante. Les termes mêmes de la sentence, par un effet de rétroaction, résonnaient maintenant à son oreille :
    – Condamné à être jeté dans la dernière cellule et à y séjourner deux fois douze heures pour que le repentir puisse pénétrer dans cette âme pervertie… Puis, de là, être tiré, vif ou mort et avoir les deux poignets tranchés en place publique… par le bourreau-juré avoir le col tranché sur le billot de justice par la hache ou par le glaive… condamné enfin à être exposé au pilori pendant les deux jours qui suivront l’exécution…
    Qu’était cette dernière cellule dont il était question ? Ragastens l’ignorait. Mais, en revanche, il comprenait parfaitement qu’il allait avoir le cou tranché par le bourreau. Sa pensée se reporta irrésistiblement sur César.
    – J’avais choisi là un joli maître ! murmura-t-il ; j’étais venu prendre des leçons de gloire… et c’est des leçons d’assassinat qu’il m’eût données. Je l’échappe belle !…

XIX – ROSA
 
    Raphaël Sanzio, après l’enlèvement de sa jeune femme, avait couru au Ghetto pour prévenir la Maga de ce qui se passait et il n’avait plus retrouvé la mère adoptive de Rosita. Celle-ci avait en effet disparu.
    … Lorsque Raphaël fut parti, emmenant pour toujours la Fornarina, la vieille Rosa, retirée dans la chambre de la jeune fille, avait eu une crise de désespoir.
    – Seule, maintenant !… seule au monde !… Seule avec ma vengeance…
    Ces mots sans suite lui échappaient avec des sanglots. Mais le cœur de Maga s’était endurci dans les souffrances. Car bientôt, elle parut avoir retrouvé le calme.
    Elle rentra dans le taudis où elle avait reçu la visite du pape. Puis, ouvrant le vieux bahut, elle en tira le coffret, entassa dans une ceinture l’or et les pierreries qui se trouvaient dans un tiroir.
    Quand ce fut fini, elle jeta autour d’elle un dernier regard de désolation.
    Puis elle sortit.
    La Maga, ayant franchi les chaînes qui formaient les rues du Ghetto, sembla peu à peu reprendre possession de son sang-froid. Dix minutes plus tard, elle se trouvait devant le Palais-Riant.
    Elle en fit le tour et, arrivée au point où la construction touchait presque les eaux du Tibre, s’arrêta devant une petite porte qu’elle ouvrit au moyen d’une clef.
    La vieille Rosa ne s’en servait pas pour la première fois ; déjà, à différentes reprises, elle avait dû pénétrer dans la maison de Lucrèce. En effet, ce fut sans hésitation qu’elle franchit une sorte de cour et s’engagea dans un couloir au bout duquel elle monta un escalier étroit.
    Parvenue au deuxième étage, la Maga s’orienta dans le dédale des couloirs avec une sûreté qui prouvait sa parfaite connaissance de leur topographie. Enfin, du bout de l’ongle, elle gratta à une porte.
    Ayant attendu quelques secondes, elle gratta encore, mais, cette fois, d’une manière spéciale, comme d’après un signal convenu. Une minute plus tard, la porte s’entrouvrit et,

Weitere Kostenlose Bücher