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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’instant sous les rideaux retombés.
    – Vous avez vu ? fit Ragastens.
    – Le pape !…
    – Eh bien ! voulez-vous savoir ce que vaut l’amitié d’Alexandre Borgia ?… Voulez-vous savoir ce que pèsent ses promesses ?… Voulez-vous savoir où va ce vieillard qui, ce matin, vous promettait de faire retrouver celle que vous aimez ?…
    – Dites ! murmura Sanzio en pâlissant, angoissé par l’air grave de Ragastens.
    – Je connais celui qui a fait enlever Rosita !…
    Raphaël jeta un cri étouffé et devint très pâle.
    – Parlez ! fit-il d’une voix tremblante.
    – Soyez ferme… Soyez courageux !… Car l’ennemi auquel vous allez vous mesurer est armé d’un pouvoir immense, et rien ne l’arrête dans l’assouvissement de ses passions. Le voleur de filles, c’est celui-là même que vous venez de voir passer, celui-là qui, ce matin, vous promettait de vous rendre celle que vous pleurez.
    – Le pape !…
    – Oui, Raphaël, le pape !
    – Oh ! C’est impossible !… Ce serait trop horrible !
    – Cela est !… Ce vieillard a jeté les yeux sur l’éclatante jeunesse de Rosita. Comme l’ogre de nos fabliaux, il aime la chair fraîche… Quant à la certitude du fait, elle n’est que trop vraie. J’ai entendu de mes propres oreilles ; j’ai vu de mes propres yeux…
    Sanzio était tombé, accablé, sur une chaise.
    – Oh ! fit-il, je me souviens !… Oui… vous devez avoir raison !… Lorsque je lui ai porté ma Vierge à la chaise, il m’interrogea sur le modèle… il me dit qu’il voulait la voir !… Je comprends tout !… C’est infâme !…
    – Oui, dit Machiavel, c’est digne d’un Borgia…
    – Maintenant, reprit Ragastens, il faut que vous connaissiez toute l’imminence du danger. Le pape se rend à Tivoli, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est à Tivoli qu’il a fait conduire Rosita… Holà ! Que faites-vous ? Où courez-vous ?…
    – Le misérable ! Je veux le rejoindre ! Sa dernière heure est venue.
    – Un peu de patience, que diable, ou tout est perdu ! Avant que vous ayez pu dire un mot, faire un geste, vous tomberez, comme tant d’autres… Ce n’est pas votre mort qui sauvera Rosita, morbleu !
    – C’est vrai ! murmura Raphaël en passant une main sur son front, mais que faire, alors ? Que faire ?
    – Tout d’abord, vous garder du désespoir. Borgia est fort. Le danger que court votre Rosita est imminent. Mais, si nous opposons l’intelligence à la force et la décision à la menace, nous triompherons. Gardez donc tout votre sang-froid. Je sais que la situation n’est pas gaie. Mais songez qu’il y a quelques heures j’étais enchaîné à un mur, derrière une porte de fer, à cinquante pieds sous terre, condamné à avoir le cou tranché, et me voilà libre, vivant, prêt à tout entreprendre pour vous tirer d’affaire. Vous voyez bien qu’il n’est pire situation dont on ne puisse sortir triomphant !…
    Ragastens parlait avec un tel feu, ses yeux brillaient d’une si mâle confiance que Machiavel, tout froid qu’il paraissait, lui saisit la main.
    – Quelle force vous êtes ! s’écria-t-il.
    Raphaël, de son côté, se sentit tout ranimé.
    – Cher ami, dit-il, je vous dois déjà la vie. Et vous me sauvez une fois encore du désespoir.
    – Bon ! Vous voilà un peu réconforté. Nous allons procéder à l’examen d’un plan de campagne.
    – Parlez ! Que faut-il faire ?
    – Dîner, d’abord ! Les idées que l’on a à jeun sont généralement médiocres et impraticables. Tandis que si, malgré la légende, on n’a jamais trouvé la vérité au fond des puits, il n’est pas rare de la découvrir en quelque bon vieux flacon. Holà, maître Spadacape !…
    Spadacape accourut. Ragastens dressa le menu d’un dîner qu’il qualifia dîner de bataille. Bientôt, les trois amis se mirent à table, Sanzio réconforté par la bonne humeur du chevalier, Machiavel pensif, et Ragastens nerveux, cachant ses inquiétudes sous un enthousiasme débordant.
    Il raconta comment, en arrivant dans la salle des audiences pontificales, le jour où il avait été arrêté, il avait entendu Garconio rendre compte à Lucrèce Borgia de l’enlèvement de Rosita.
    – Je connais ce moine, dit Machiavel. Je me suis mis dans ses bonnes grâces. Et, par lui, j’obtiens parfois des détails précieux que je lui paie d’un compliment. Car le drôle a des prétentions à la grande

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