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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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politique est hostile à ma politique vis-à-vis d’Israël. »
    Paul-Marie ajoute qu’il y a quelque chose d’encore plus sérieux derrière tout cela : c’est la candidature gaulliste à la présidence de la République. Pompidou maintient toutes ses réserves vis-à-vis de Chaban, et le problème de Chaban est de mettre Pompidou dans l’impossibilité de désigner son successeur.

    26 décembre
    Conversation avec Jacques Delors, toujours proche de Chaban-Delmas. Il me parle de la dégradation progressive du régime. C’est ce que traduisent le mauvais fonctionnement des institutions, l’existence d’un président qui use avec excès de pouvoirs excessifs, l’effacement du premier ministre, qui met le président en première ligne. Dans tout cela, dit-il, la sensibilité du président n’est pas la bonne. Il est proche d’une France provinciale, de la majorité dite silencieuse. Il y avait un certain équilibre avec Chaban, plus moderne, qu’avec Messmer. Le gouvernement ne se soucie pas de l’opinion publique.

    « Depuis 1972, l’UDR, me dit-il, est entrée dans un processus de division que l’on n’arrêtera pas. »
    C’est ainsi que, sur une toile de fond pas mauvaise, avec une croissance exceptionnelle de l’économie et une bonne politique internationale (il ne me parle pas de la crise du pétrole), la crise politique menace pour 1974. D’autant plus que, selon lui, François Mitterrand n’a pas commis une erreur depuis deux ans.

    27 décembre
    La campagne électorale, selon Edgar Faure avec qui il vient d’en parler, a déjà commencé, me dit Paul Granet. Pompidou affiche l’intention de se représenter, mais personne n’y croit plus. Tout se délite : jusque dans son cabinet il a des ennuis. La situation empire. Pierre Juillet ne cesse de partir et de revenir. Il revient par fidélité, mais croit-il encore en Pompidou ?
    En outre, l’usure du pouvoir se traduit par la fatigue, la lassitude et l’agressivité du président et par celles de l’UDR.
    Dans une démocratie politique normale, il n’y aurait pas d’autre recours que l’alternance. Mais le Programme commun ralentit la progression de Mitterrand.
    Conclusion : comment la France pourrait-elle attendre deux ans, l’échéance présidentielle normale, pour trouver une nouvelle majorité ? Les Français de tous bords ressentent le besoin d’être gouvernés.
    1 - François Mitterrand, en réponse une question, avait affirmé que, si l’opposition de gauche gagnait les élections législatives de 1974, il « garderait Pompidou » (à l’Élysée). Déjà le problème de la cohabitation !
    2 - Le Parti radical, dont Jean-Jacques Servan-Schreiber est désormais président, et le Centre démocrate de Lecanuet se rassemblent dans le Mouvement des réformateurs. De son côté, la majorité au pouvoir, qui a pris conscience de la crédibilité retrouvée de l’opposition de gauche, décide d’aborder unie les élections de mars sous le sigle URP (Union des républicains de progrès pour le soutien au président de la République).
    3 - 18 e  arrondissement de Paris.
    4 - Philippe Grumbach est directeur de L’Express après le départ de Claude Imbert.
    5 - Il fait allusion à son dernier discours de Versailles, où, c’est vrai, il n’a pas maintenu la balance égale entre la gauche et la majorité, et a beaucoup trop attaqué Mitterrand et les communistes.
    6 - Jean-Philippe Lecat, sorti major de l’ENA en 1963, est entré au cabinet de Georges Pompidou comme chargé de mission entre 1966 et 1968. Élu de la Côte-d’Or en 1967, il est successivement nommé porte-parole du gouvernement (1972-1973), secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances (1973) puis ministre de la Communication sous l’intérim d’Alain Poher en 1974. Il sera ministre de la Culture de 1978 à 1981.
    7 - Trente députés sont nécessaires pour constituer un groupe parlementaire.
    8 - Allusion à la feuille d’impôt et à l’avoir fiscal de Jacques Chaban-Delmas.
    9 - Le gouvernement constitué après les élections (deuxième gouvernement Messmer) est marqué par l’arrivée de Michel Poniatowski, principal lieutenant de Giscard, et de Jean Royer, maire de Tours, député d’Indre-et-Loire depuis 1958. Il voit le départ de René Pleven, de Maurice Schumann et de Michel Debré. Un seul baron gaulliste est titulaire d’un ministère : Olivier Guichard.
    10 - « Il a annoncé, à la surprise générale, le retrait

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