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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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fameuse phrase de Paul Valéry : “Il faut passer de l'ordre au désordre.” Eh bien, le démarrage de la campagne de VGE, ce sera exactement le contraire : Nous, nous devrons passer de la désorganisation à l'organisation ! »

    17 février
    Incroyable Parti communiste ! Impayable, aussi ! Le maire communiste de Cormeilles a envoyé dans la nuit un bull-dozer détruire un foyer d'immigrés ! En accusant de surcroît une des familles hébergées de se livrer au trafic de drogue ! L'argument du Parti est que le regroupement de la plupart des immigrés dans les banlieues hérisse les habitants qui y vivaient depuis longtemps. « Vous ne vous rendez pas compte – sous-entendu : vous, les bourgeois des beaux quartiers –, vous exilez les ouvriers hors des murs de Paris et vous croyez que le problème de l'immigration est résolu. Nous avons simplement voulu montrer qu'il est urgent de trouver d'autres solutions. »
    Tel est le langage officiel de la hiérarchie communiste qui justifie cette opération « coup de poing » en voulant apparaître ainsi seule contre tous les partis, mais avec le peuple pauvre de la périphérie de Paris.
    À l'Assemblée, les socialistes joignent leurs voix à ceux qui trouvent ahurissante l'initiative du PC. J'avoue que je suis stupéfaite, même si je trouve qu'effectivement tout le monde est assez content – sans le dire – de voir les immigrés parqués ailleurs qu'à Neuilly ou devant le Palais-Bourbon...

    Émission de Jacques Chirac. Assez bonne, franchement. Il me paraît mieux préparé, plus à l'aise. Le temps a fait son œuvre : il a gommé les arêtes du visage, l'acuité du menton, les brusqueries du geste, transformant son impatience en énergie.
    Le premier, il donne le ton de la campagne. Comme prévu, il accentue, pour exister, ses attaques contre Valéry Giscard d'Estaing. Il me paraît même, après avoir entendu les réflexions de Jean-Pierre Soisson, que c'était inévitable.

    Vu, le lendemain, d'Ornano, puis, le surlendemain, Poniatowski, devenu entomologiste de la politique, et enfin Jean-Marie Poirier. Ce qui me frappe, c'est leur inquiétude. Jean-Marie surtout me confie qu'aujourd'hui, chez les giscardiens, tout le monde « patine dans la choucroute » (sic) . « S'il n'y a pas d'idées supplémentaires, dans l'état actuel des choses il lui manquera 500 000 voix ! »
    Giscard annoncera sa candidature le 1 er ou le 2 mars. Les locaux de campagne sont déjà installés. Une émission est prévue le 10, et un premier sondage, me dit Ponia, le 15. Pour le reste, que d'indécision ! Sur le rôle de Lecat, sur celui de Jean-François Deniau, brillant et fragile. Bref, tous s'interrogent : un Valéry Giscard d'Estaing désorganisé, pour eux, c'est proprement inimaginable ! Surtout, je les trouve tous – y compris Ponia, dont je connais les talents d'organisateur et qui en a fait la preuve en 1974 – paralysés par Giscard, et surtout par l'ignorance dans laquelle celui-ci les tient.

    Le même jour, Jacques Toubon m'affirme que Jacques Chirac n'a voulu aucun « communicant » pour définir les deux mesures les plus importantes de son programme : un septennat non renouvelable et un référendum sur la peine de mort. Il les a rendues publiques sans dire un mot à personne, pas même à lui. Il n'en revient pas. Que Chirac décide quelque chose tout seul, cela semble surprenant même à ses inconditionnels : c'est le comble !
    Il me raconte aussi, de façon plus légère, que c'est André Chambraud, directeur politique du Point , qui a fait changer, sans le vouloir, une phrase de la publicité de Jacques Chirac. Ce qui avait été envisagé, c'était « La France au pas » ou « La France en marche ». Chambraud a trouvé l'expression « La France au pas » trop droitière. « La France au pas » a été abandonnée illico.

    22 février
    Thierry de Beaucé 7 me raconte chez Jacques Rigaud cette extravagante histoire :
    À l'occasion du dernier sommet avec Schmidt, Carter et Margaret Thatcher, les « Grands » s'en vont dîner dans un restaurant japonais. Margaret Thatcher, incapable de tenir des baguettes, réclame des fourchettes. Carter s'ennuie à périr. Giscard commence une conversation avec une geisha.
    « C'est joli, ici ! commence-t-il, mondain.
    – Vous avez raison, dit la “chef” des geishas, qui montre le superbe kakémono sorti pour honorer ses hôtes.
    – Effectivement ! convient VGE avec

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