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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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respectables. Je n'ai aucun commentaire à faire ! »
    L'impôt sur la fortune ? « Pour le moment, non. Plus tard, on verra. »
    Désarmement, Camp David, Afrique, Iran : il répond avec appétit à la litanie des questions usuelles.
    Quant aux institutions de la V e  République, il les défend : ce qu'il attaque, c'est l'usage qu'en fait Giscard.
    Pour résumer d'une phrase la conférence de presse de Chirac, je dirais : « Ah, que la V e  République serait belle sans Valéry Giscard d'Estaing ! »

    Je reviens, tard ce soir, sur la fin de ma conversation avec Pierre Mauroy, que je n'ai pas notée sur le moment. Il ne comprend rien – pas plus que tellement d'entre nous – au comportement des communistes : il impute leur dérive actuelle à la panique. Craignant de ne pas faire un bon score, ils s'affolent. Ils ont rompu avec les socialistes pour conserver leur rang ; ils s'aperçoivent que la rupture ne leur a rien rapporté. Mais ils ne referont pas si facilement dans l'autre sens le chemin qu'ils ont parcouru en cassant tout sur leur passage. Il est vrai que Mitterrand a besoin de leurs voix. Peut-être, après tout, est-il prêt, si les communistes le veulent, à faciliter leur retour ?
    Pierre Mauroy, lui, en partant de son analyse des forces communistes dans le Nord et le Pas-de-Calais, ne croit pas que les communistes s'effondreront, ni même qu'ils feront un score médiocre. Il parie avec moi, au contraire, qu'ils atteindront 19 à 20 % des voix. Il pense qu'en mettant les pauvres au cœur de sa campagne, le PC choisit une bonne stratégie, parce que, justement, la France s'appauvrit. Ce n'est pas un thème politicien, mais une réalité.
    « Je vois maintenant, dans le Nord, me dit-il, des gens sans aucune ressource. Des gens qui font la queue devant la mairie pour obtenir une aide d'urgence de 50, 100 francs par semaine ! Nous en avons tant, maintenant, aux portes des services sociaux, que j'ai été obligé de fragmenter l'aide sociale dans les différentes mairies pour que les files d'attente ne fassent pas trop mauvais effet ! »
    Après avoir fait acte de candidature, François Mitterrand a trouvé moyen de partir pour la Chine, ce qui en a choqué plus d'un. Il trouve, lui, au contraire, que c'est une assez bonne idée : d'abord parce qu'il montre une autre image de lui, internationale, ensuite parce qu'il a choisi d'attendre la candidature officielle de Giscard pour prendre le départ en même temps.

    12 février
    Après de longs mois, Roland Leroy, qui n'en avait pas franchi le seuil depuis plusieurs mois, et même, je crois, plusieurs années, accepte de venir chez moi. Je le trouve très libre vis-à-vis de Georges Marchais qu'il continue de dépeindre comme ignorant, excessif, outré. Il a l'air en grande forme, ayant repris du poil de la bête au sein du PC : mon impression est que cet homme n'est pas du tout (ou plus du tout ?) hors jeu dans le Parti. Il convient sans difficulté que la campagne de Marchais ne marche pas aussi bien qu'elle le devrait. Il a d'autant plus raison que les sondages actuels font état d'un recul : il ne serait plus aujourd'hui qu'à 15 % 6 .
    La dernière phrase de Leroy, avant de prendre congé, alors que je lui demande si, finalement, les communistes préféreront Giscard à Mitterrand, est : « Bien sûr que nous avons la volonté de faire battre Giscard ! Ne vous y fiez pas ! »
    Nous verrons.

    16 février
    Bu un verre avec Jean-Pierre Soisson, toujours dans le staff politique de Giscard. Il me parle spontanément de la candidature de Jacques Chirac. Il est convaincu que la seule façon de limiter les dégâts est de feindre de considérer qu'il a eu raison de se présenter, certes, mais aussi qu'il est dans la majorité, et destiné à y rester au deuxième tour. En quelque sorte il faut minimiser la portée du geste de Jacques Chirac en feignant presque de l'avoir organisé. Ce serait en somme la meilleure façon de le gommer. Telle est la position de Soisson, de Michel Pinton et de Jean-François Deniau : dédramatiser la candidature Chirac.
    Quant à l'entrée en campagne de Giscard, elle se fera progressivement : les formations giscardiennes ou proches de lui ouvriront la course présidentielle l'une après l'autre – le PR, le CDG, les radicaux de droite, les clubs Perspectives et Réalités. Et puis tous se transformeront en comité de soutien à Giscard d'Estaing.
    « Vous vous rappelez, me dit Soisson, la

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